Le tabagisme a un impact à long terme sur le génome, à cause de méthylations de l’ADN. Sept mille gènes seraient ainsi modifiés chez les fumeurs, soit un tiers des gènes humains, et certaines méthylations persistent même après l’arrêt de la cigarette.

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    Même après avoir arrêté de fumer, d'anciens fumeurs sont toujours à risque pour des maladies comme le cancer, la broncho-pneumopathie chronique obstructivebroncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l'AVCAVC. Comment l'expliquer ?

    La méthylation de l'ADN est un mécanisme épigénétique qui contrôle l'expression des gènes et peut modifier la façon dont des gènes sont activés. Pour savoir si ce mécanisme peut expliquer le développement de maladies liées au tabagisme même après l'arrêt de la cigarette, des chercheurs ont étudié les effets du tabac sur l'ADN. Pour cela, ils ont analysé les échantillons sanguins de 15.907 personnes provenant de 16 groupes d'étude, dont la Framingham Heart Study. Ils ont comparé les sites de méthylation chez 2.433 fumeurs, 6.518 anciens fumeurs et 6.956 personnes qui n'avaient jamais fumé.

    D'après leurs résultats parus dans la revue Circulation : Cardiovascular Genetics, un journal de l'American Heart Association, il y avait des sites méthylés dans plus de 7.000 gènes chez les fumeurs et anciens fumeurs. Les sites de méthylation les plus significatifs étaient liés à des gènes associés à des pathologiespathologies comme les maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires et certains cancers.

    Chez les personnes qui avaient arrêté de fumer, la majorité des sites de méthylation revenaient à une situation comparable à celle de personnes n'ayant jamais fumé. Mais certains sites de méthylation persistaient même 30 ans après l'arrêt de la cigarette, ce qui permet à Roby Joehanes, principal auteur de l'article, d'affirmer : « Notre étude a trouvé des preuves convaincantes que le tabagisme a un impact durable sur notre machinerie moléculaire, un impact qui peut durer plus de 30 ans ». Cette découverte ouvre la possibilité de développer des biomarqueurs pour connaître l'histoire tabagique d'un patient et de nouveaux traitements tenant compte des sites de méthylation.