Rouge, jaune et noir… Les couleurs du drapeau allemand ? Non, les teintes que présente l'eau aux environs de Wuli, un village de 1500 âmes situé dans l'est de la Chine…

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    De l'eau potable pour tous, ça coule de source ? <br />(Courtesy of Justin Ellis)

    De l'eau potable pour tous, ça coule de source ?
    (Courtesy of Justin Ellis)

    L'eau qui s'écoule dans les canaux et aqueducsaqueducs entourant le village arbore des teintes chatoyantes, et les feuilles qui les tapissent miroitent de rouge, de marron, et de jaune. Pourtant, les 1 500 habitants de Wuli broient du noir, et leur quotidien est loin d'être aussi coloré que les flots qui les ceignent : « Ici, l'eau est censée être potable... Maintenant regardez ces bouteilles ! ». Difficile de résister à l'invitation de Wei Dongying, et difficile de ne pas remarquer les teintes pour le moins singulières du contenu des bouteilles que cette femme de pêcheur nous présente.

    Ici, dans ce village situé dans l'est de la Chine, la question de la propreté de l'eau n'est plus à poser. Et Wei le prouve en mettant au goût du jour un vieil adage : Une couleurcouleur vaut mieux qu'un long discours. Et le tableau s'assombrit davantage lorsqu'elle nous explique que cette eau, à la robe des plus étranges, est très probablement responsable de ses problèmes de santé. Il y a trois ans de cela, deux excroissances rigides se sont développées sur ses ganglions. « Je les ai fait retirer, et les médecins m'ont dit qu'il y avait 90 chances sur 100 que mon problème soit lié à l'environnement », explique Wei.

    Wei n'est pas la seule victime des coulées polychromes. Son frère est mort d'un cancer avant même d'avoir soufflé ses cinquante bougies, et 60 habitants de Wuli sont rongés par la maladie. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que les medias chinois parlent de Wuli comme d'un « village-cancer ».

    Wei n'est pas la seule femme malade de Wuli, mais Wuli n'est pas le seul village malade de la Chine. Plus de 70 % des rivières chinoises sont polluées et la ceinture industrielle qui court sur l'est du pays est bordée de « villages-cancer ».

    Alors, pourquoi le gouvernement ne sévit-il pas, et ne réprimande-t-il pas les usines qui déversent leurs déchetsdéchets dans les cours d'eau ? De l'avis de certains, la centralisation du pays éloigne les regards citadins des provinces et des dangers qui les guettent. Pour d'autres, les industries et le gouvernement marchent coude à coude.

    Les experts, les gouvernements, les chercheurs et les ONG sont actuellement réunis autour d'une sujet, « l'eau pour tous », à l'occasion du Forum mondial de l'eau. Nul doute que les habitants de Wuli aimeraient voir leur eau se purifier, et les flots de leurs viaducs se décolorer...