À la veille de la Journée mondiale contre le cancer, l'information est encourageante : une fibre optique portable dotée d’un scanner pourrait détecter en quelques minutes des cellules cancéreuses noyées au milieu du tissu sain. Grâce à cette technique, les chirurgiens espèrent disposer de moyens suffisants pour s'assurer lors de l’excision d’une tumeur que tout le tissu cancéreux a bien été retiré et ainsi éviter les récidives.

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    Ce 4 février, c'est la Journée mondiale contre le cancer. L'occasion de faire le point sur la maladie qui reste la première cause de mortalité en France et la deuxième dans le monde. Les thérapies progressent, et désormais on propose d'utiliser un scanner pour éviter les risques de récidive. © DR

    Ce 4 février, c'est la Journée mondiale contre le cancer. L'occasion de faire le point sur la maladie qui reste la première cause de mortalité en France et la deuxième dans le monde. Les thérapies progressent, et désormais on propose d'utiliser un scanner pour éviter les risques de récidive. © DR

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    Lorsque le cancer est déclaré, les médecins peuvent préconiser l'excision du tissu malade. Cette opération chirurgicale consiste à retirer physiquement la tumeur. Une solution radicale mais pas toujours fiable à 100 % car des petits foyers cancéreux peuvent avoir été oubliés, entraînant alors une récidive. Par exemple, dans un cancer du sein sur deux, une seconde opération est nécessaire.

    Pour améliorer la précision diagnostique préopératoire, les chercheurs travaillent sur la mise au point d'une fibre optiquefibre optique munie d'un scanner pour obtenir les infos en temps réel. Si nous n'y sommes pas encore, des scientifiques américains du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publient dans Plos One des résultats très prometteurs. Leur matériel a été suffisamment précis pour détecter des foyers cancéreux noyés au milieu de tissus sains.

    Leur scanner combine de la spectroscopie en réflexion diffuse (DRS) et de la spectroscopie de fluorescence intrinsèque (IFSIFS). Ces deux techniques utilisées en imagerie médicale ont déjà fait leurs preuves et les images qu'elles fournissent ne dépendent que des propriétés inhérentes aux tissus. Ensemble, elles permettent de visualiser l'état métabolique, biochimique et morphologique d'un tissu ; des données suffisantes pour établir un diagnostic.

    Quelques minutes suffisent pour détecter le cancer

    Pour éprouver leur scanner, un tissu factice créé de toutes pièces par leur soin, à base de poudre d'hémoglobinehémoglobine à différentes concentrations, a fait l'objet de mètre étalon. Le test réussi avec une grande précision, les chercheurs ont alors voulu le confronter à des tissus mammaires sains et tumoraux, extraits d'une même patiente atteinte d'un cancer du sein.

    Les cellules malades et les cellules en bonne santé diffèrent selon plusieurs paramètres. GénétiquesGénétiques d'une part, des mutations étant toujours responsables des cancers. Moléculaires d'autre part, les concentrations de certaines enzymesenzymes ou autres protéinesprotéines n'étant pas systématiquement identiques. En cumulant leurs deux techniques d'imagerie, les auteurs ont relevé les taux intracellulaires de différentes moléculesmolécules, parmi lesquelles l'hémoglobine, le bêtacarotène, le collagènecollagène ou le NADH.

    En A, on peut voir une représentation schématique de la disposition des tissus. L'image C correspond à une vision histopathologique laissant apparaître des différences entre les tissus sain et cancéreux. Enfin, le D correspond à la carte obtenue grâce au scanner, avec la partie rouge signalant les régions tumorales tandis que la partie verte correspond au tissu sain. On y détecte tout de même des petits foyers cancéreux. © Yue <em>et al.</em>, <em>Plos One</em>

    En A, on peut voir une représentation schématique de la disposition des tissus. L'image C correspond à une vision histopathologique laissant apparaître des différences entre les tissus sain et cancéreux. Enfin, le D correspond à la carte obtenue grâce au scanner, avec la partie rouge signalant les régions tumorales tandis que la partie verte correspond au tissu sain. On y détecte tout de même des petits foyers cancéreux. © Yue et al., Plos One

    En 18 minutes, la surface tissulaire a été scannée. Grâce à un algorithme mis au point par les chercheurs à partir des concentrations en collagène et en bêtacarotène, une carte en deux dimensions de l'état des tissus a été établie. Le scanner a détecté des régions cancéreuses de moins d'un millimètre de diamètre isolées au milieu du tissu considéré comme sain.

    Un scanner bientôt utilisé dans les cliniques ?

    L'objet paraît donc assez fiable pour être utilisé à l'avenir. Les auteurs pensent même pouvoir réduire les délais nécessaires en améliorant les logicielslogiciels. Pour un jour peut-être obtenir les résultats en temps réel en insérant la fibre optique dans le corps du patient au cours de l'opération chirurgicale. Les médecins seraient alors en mesure de constater en direct si l'intégralité de la tumeurtumeur a été retirée ou s'il reste quelques régions cancéreuses, pour terminer proprement le travail.

    La recherche sur le cancer explore aujourd'hui de très nombreuses pistes pour mettre au point des thérapies capables de terrasser la maladie. Les taux de mortalité ont été divisés par deux ces dernières années et des nouveaux traitements prometteurs voient le jour. Si ce rêve n'est pas encore à portée de main, l'espoir d'en venir à bout relève de moins en moins de l'utopie.