Les résultats d'une étude sur le bisphénol A tendraient à montrer que l'exposition in utero à ce perturbateur endocrinien engendrerait des troubles comportementaux chez les fillettes de 3 ans, comme la dépression ou l'hyperactivité.

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    La période in utero serait la plus critique pour l'exposition au bisphénol A. © Hannes Eichinger/shutterstock.com

    La période in utero serait la plus critique pour l'exposition au bisphénol A. © Hannes Eichinger/shutterstock.com

    Les fillettes exposées au bisphénol A lorsqu'elles étaient in utero montrent davantage de troubles comportementaux à l'âge de 3 ans que celles dont la mère avait absorbé un plus faible niveau de ce composant chimique très répandu, selon une étude publiée lundi.

    L'anxiété, la dépression et l'hyperactivité se rencontrent plus chez les petites filles dont les mères avaient d'importants taux de bisphénol A dans les urines pendant leur grossesse, indique cette étude dirigée par l'école de santé publique de l'université Harvard. « Cette tendance est plus prononcée pour les filles, ce qui suggère qu'elles sont plus vulnérables que les garçons à l'exposition au bisphénol Abisphénol A in utero », souligne l'étude publiée dans le journal Pediatrics daté de lundi.

    Le bisphénol A, composant chimique très répandu dans les objets de la vie quotidienne, est présent dans la plupart des bouteilles en plastiqueplastique rigide, des boîtes de conserve ou des cannettes.

    In utero, les filles sont plus sensibles au bisphénol A

    Cette étude s'appuie sur les données de 244 mères et de leurs enfants jusqu'à l'âge de 3 ans dans la région de Cincinnati, Ohio (Nord des États-Unis). Les échantillons d'urine ont été analysés à 16, 26 semaines de grossesse et à la naissance. Les urines des enfants ont été testées à l'âge de 1, 2 et 3 ans. Le bisphénol A a été détecté dans 85 % des échantillons des urines des mères et 96 % de celles des enfants. Plus les taux de ce composant chimique étaient forts pendant la grossesse, plus les risques de troubles comportementaux des petites filles sont élevés à l'âge de 3 ans, conclut l'étude, sur la base de questionnaires remplis par les parents sur la conduite de leurs enfants.

    In utero, les filles seraient plus vulnérables à l'exposition au bisphénol A, qui provoquerait chez elles une tendance aux troubles comportementaux comme l'hyperactivité. © Sfar, Flickr, CC by nc-nd 2.0

    In utero, les filles seraient plus vulnérables à l'exposition au bisphénol A, qui provoquerait chez elles une tendance aux troubles comportementaux comme l'hyperactivité. © Sfar, Flickr, CC by nc-nd 2.0

    Cette corrélation n'a pas été démontrée s'agissant des garçons ; l'étude n'a pas mis en lumièrelumière non plus un quelconque lien entre la présence de bisphénol A dans les urines des enfants et leur futur comportement. « Aucun des enfants n'avait de comportement cliniquement anormal, mais certains d'entre eux avaient plus de troubles comportementaux que d'autres », a indiqué le principal auteur de l'étude, Joe Braun, chercheur en santé environnementale à Harvard. L'étude rapporte que « les concentrations plus importantes de bisphénol A pendant la gestation étaient associées à une conduite plus agressive, anxieuse, hyperactive et dépressive, à une inhibition et à contrôle émotionnel plus faible chez les filles ».

    La période in utero, critique pour l'exposition au bisphénol A

    Cette étude semble confirmer des enquêtes antérieures suggérant un lien entre l'exposition au bisphénol A pendant la grossesse et le comportement de l'enfant, mais elle est la première à démontrer que la période in utero est le moment critique au cours duquel le bisphénol A peut produire des effets altérants.

    En raison du faible échantillon, les chercheurs, parmi lesquels figurent aussi des scientifiques de l'hôpital pour enfants de Cincinatti et de l'université Simon Fraser de Vancouver au Canada, appellent à poursuivre les recherches. « Il y a un débat important sur la toxicité de l'exposition à faibles taux au bisphénol A et les résultats présentés ici méritent de nouvelles recherches », souligne l'étude.

    Après l'interdiction en Europe et au Canada des biberons contenant du bisphénol A, ce composant chimique, considéré comme un perturbateur du système hormonal ou perturbateur endocrinienperturbateur endocrinien, sera interdit en France à compter de 2014 dans tous les contenants alimentaires mais dès 2013 s'agissant des produits destinés aux enfants de moins de 3 ans.