Une nouvelle étude vient de démontrer les dangers du bisphénol. Cette substance chimique controversée est encore très utilisée dans les plastiques et des conteneurs alimentaires. Elle modifierait pourtant la quantité de neurones dans le cerveau au stade embryonnaire et provoquerait de l'hyperactivité.

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    Depuis quelques années, de nombreuses études démontrent la toxicité du bisphénol A et ses effets nocifs sur la santé. Pour éviter le risque d'ingestion, la France a prévu de retirer cette substance de tout contenant alimentaire. © Dimitrios Rizopoulos, shutterstock.com

    Depuis quelques années, de nombreuses études démontrent la toxicité du bisphénol A et ses effets nocifs sur la santé. Pour éviter le risque d'ingestion, la France a prévu de retirer cette substance de tout contenant alimentaire. © Dimitrios Rizopoulos, shutterstock.com

    « J'ai été vraiment surprise car les doses étaient très faibles et je ne pensais pas qu'il pourrait y avoir des effets », explique Deborah Kurrasch, scientifique de l'université de Calgary (Province d'Alberta, au Canada) et principale auteure de travaux parus dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

    Deborah Kurrasch a utilisé des embryons de poissons zèbrespoissons zèbres, un modèle de recherche très utilisé car ces animaux partagent 70 % de leurs gènes avec les humains. Elle les a exposé aux concentrations de bisphénol A et S trouvés dans les rivières canadienne Oldman et Bow, dans l'Alberta. Ces niveaux de bisphénol ont modifié le moment de la formation et la quantité de neurones dans le cerveau des poissons zèbres. Ces modifications ont entraîné une hyperactivité plus tard dans leur évolution.

    « La période embryonnaire est une étape cruciale dans la formation du cerveau. Ces résultats révèlent des pistes de recherche jusqu'alors inexplorées sur les effets possibles d'une exposition à ces substances chimiques, même très faibles, sur le développement cérébral », estime Cassandra Kinch, chercheuse à l'université de Calgary et l'une des co-auteurs de cette étude.

    L'exposition au bisphénol A pendant la grossesse fait peser plusieurs risques sur les futurs enfants.
    L'exposition au bisphénol A pendant la grossesse fait peser plusieurs risques sur les futurs enfants. Cette substance a été interdite dans plusieurs États comme la France. © DR

    Les BPA, des perturbateurs endocriniens

    Ces chercheurs ont aussi été surpris de constater que le BPABPA et le BPS ciblaient des récepteurs d'hormones mâles impliqués très tôt dans la naissance des neurones dans le cerveau des poissons zèbres. « Découvrir le mécanisme liantliant de faibles doses de BPA à des anomaliesanomalies dans la formation du cerveau et l'hyperactivité revient quasiment à trouver une preuve irréfutable de la nocivité de cette substance chimique », selon Hamid Habibiu, professeur de toxicologietoxicologie à l'université de Calgary.

    Bien que davantage de recherches soient nécessaires, les scientifiques estiment que cette étude vient conforter les résultats d'autres travaux qui suggèrent que les femmes enceintes devraient limiter leur exposition aux produits contenant des bisphénols. Les BPA, déjà considérés comme des perturbateurs endocriniens, pourraient également accroître le nombre de cancers dit hormono-dépendants, surtout des cancers du sein et de la prostateprostate.

    Le Canada, l'Union européenne et au moins onze États américains ont banni l'utilisation du BPA dans les biberons et autres produits destinés aux enfants. La France interdit le BPA dans les contenants alimentaires depuis le 1er janvier 2015. L'Agence américaine des médicament (FDAFDA) persiste en revanche à rejeter un appel de groupes environnementaux pour prohiber cette substance. Selon elle, il n'existe pas encore suffisamment de preuves scientifiques.