Des chercheurs de l’Inserm ont réalisé une cartographie des arrêts cardiaques ayant eu lieu sur la voie publique entre 2000 et 2010 à Paris. Verdict : les arrêts cardiaques sont particulièrement fréquents dans les gares.

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    Les gares parisiennes concentrent près de 20 % du nombre total d’arrêts cardiaques dans la capitale. © Lucien Manshanden, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Les gares parisiennes concentrent près de 20 % du nombre total d’arrêts cardiaques dans la capitale. © Lucien Manshanden, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Davantage de défibrillateurs dans les gares : voilà ce que proposent des chercheurs suite à leurs travaux sur les lieux où surviennent des arrêts cardiaques dans les rues de Paris. Depuis 2007, de plus en plus de défibrillateurs sont en effet mis à la disposition de tous un peu partout dans la capitale mais ils sont placés de façon aléatoire dans des lieux publics. Pour tenter d'améliorer leur distribution, le centre d'expertise Mort subite (Inserm, AP-HPHP, université Paris Descartes), aidé par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et l'Atelier parisien de l'urbanisme (Apur), a géolocalisé tous les arrêts cardiaques survenus entre 2000 et 2010. Les chercheurs ont ensuite étudié les facteurs influençant la distribution de ces accidentsaccidents. Les résultats paraissent en ligne dans Circulation.

    Au total, 1.255 arrêts cardiaques survenus sur la voie publique, c'est-à-dire en dehors de l'hôpital et du domicile, ont été recensés au cours de cette période. Les chercheurs les ont situés individuellement sur une carte de la capitale découpée en 2.020 cases qui regroupent des renseignements sur la densité de population, le flux de population et les équipements urbains présents (gare, école, centre commercial, musée...).

    Selon les chercheurs, il faudrait plus de défibrillateurs dans les gares. © Edhral, Flickr, CC by-sa 2.0

    Selon les chercheurs, il faudrait plus de défibrillateurs dans les gares. © Edhral, Flickr, CC by-sa 2.0

    Les gares, plus risquées que les lieux touristiques très fréquentés

    L'analyse de ces données montre qu'il n'y a pas d'association entre la fréquence des arrêts cardiaques et la densité d'habitation dans une zone donnée. En revanche, il existe une forte association entre la fréquence des arrêts et la fréquentation d'un lieu, à savoir le nombre de personnes qui y passent au cours d'une journée. Cinq lieux ressortent particulièrement : les cinq principales gares parisiennes. C'est ainsi que moins de 1 % de la surface de la ville concentre près de 20 % du nombre total d'arrêts cardiaques.

    Curieusement, les sites touristiques, les musées et autres monuments de Paris aussi fréquentés que les gares (la cathédrale Notre-Dame, le Louvre ou encore le parc des expositions de la porteporte de Versailles) ne sont pas associés à une surreprésentation d'arrêts cardiaques. Celle-ci est spécifique des gares où la survenue de ces accidents est globalement cinq fois plus importante que dans ces lieux touristiques.

    Les auteurs ignorent les raisons de ce phénomène mais ils suspectent le rôle du stress physiquephysique et psychologique généré par les déplacements et les transports. En attendant de clarifier ce point, « les gares parisiennes représentent des zones à risque d'arrêt cardiaque », selon Eloi Marijon (unité 970 Inserm/université Paris Descartes, Paris-Centre de recherche Cardiovasculaire (PARCC), hôpital européen Georges-Pompidou), responsable de ces travaux. « Il faudrait donc renforcer la présence des défibrillateurs dans ces lieux plutôt que chercher à l'homogénéiser dans tous les quartiers de la capitale. Et, bien sûr, il faut continuer à sensibiliser le grand public à l'utilisation de ces appareils encore trop rarement utilisés en cas de problème », rappelle-t-il.