Des souris atteintes d’une démence apparentée à la maladie d’Alzheimer montreraient des pertes de mémoire plus importantes si elles souffrent en plus d’obésité. Le surpoids semble donc être un facteur aggravant des maladies neurodégénératives liées à la protéine Tau.

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    La maladie d'Alzheimer est la principale cause de démence dans le monde. Avec l'augmentation de l'espérance de vie, on suppose que le nombre de patients devrait encore exploser dans les prochaines décennies. Si l'obésité ne recule pas, la neurodégénérescence pourrait aussi se montrer plus agressive. © Heidi Cartwright, Flickr, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    La maladie d'Alzheimer est la principale cause de démence dans le monde. Avec l'augmentation de l'espérance de vie, on suppose que le nombre de patients devrait encore exploser dans les prochaines décennies. Si l'obésité ne recule pas, la neurodégénérescence pourrait aussi se montrer plus agressive. © Heidi Cartwright, Flickr, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Des chercheurs de l'Inserm viennent de fournir la preuve expérimentale de la relation entre l'obésité et les pathologies liées à la protéine Tau, dans un modèle de neurodégénérescence de la maladie d'Alzheimer. Ces travaux, réalisés chez la souris et publiés dans la revue Diabetes, renforcent l'idée d'une contribution majeure des anomalies métaboliques dans le développement de démences.

    Avec plus de 860.000 personnes atteintes en France, la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées représentent la première cause de perte des fonctions intellectuelles liée à l'âge. Les altérations cognitives observées dans la maladie d'Alzheimer sont notamment le résultat de l'accumulation de protéines Tauprotéines Tau anormales dans les cellules nerveuses en dégénérescence.

    Des tauopathies accentuées par l’obésité, dont Alzheimer

    On sait que l'obésité, facteur de risquefacteur de risque majeur du développement d'une résistancerésistance à l'insuline et du diabète de type 2, accroît le risque de démences lors du vieillissement. Cependant, les effets de l'obésité sur les pathologies liées à la protéine Tau (autrement appelées tauopathies), et dont fait partie la maladie d'Alzheimer, n'étaient pas clairement élucidés. Les chercheurs supposaient notamment que la résistance à l'insulinerésistance à l'insuline jouait un rôle majeur dans ces effets de l’obésité.

    La protéine Tau sert en temps normal à stabiliser les microtubules des composants du cytosquelette. Dans le cas d'une tauopathie, comme la maladie d'Alzheimer, la protéine mal formée s'accumule et ne joue plus sa fonction. © zwarck, Wikipédia, cc by sa 2.5

    La protéine Tau sert en temps normal à stabiliser les microtubules des composants du cytosquelette. Dans le cas d'une tauopathie, comme la maladie d'Alzheimer, la protéine mal formée s'accumule et ne joue plus sa fonction. © zwarck, Wikipédia, cc by sa 2.5

    L'équipe Alzheimer et Tauopathies de l'université Lille 2, dirigée par Luc Buée, vient de montrer, chez la souris, que les sujets obèses développent une pathologie aggravée. Pour parvenir à ce résultat, de jeunes souris transgéniquestransgéniques, qui développent avec l'âge une neurodégénérescence liée à la protéine Tau, ont reçu durant cinq mois un régime riche en graisse, induisant une obésité progressive. 

    Des souris obèses avec de gros trous de mémoire

    « À l'issue du régime, les souris obèses ont développé une pathologie aggravée tant du point de vue de la mémoire que des modifications de la protéine Tau », explique David Blum, chargé de recherche à l'Inserm. 

    Cette étude fournit la preuve expérimentale de la relation entre l'obésité et les pathologies liées à la protéine Tau, dans un modèle de neurodégénérescence de la maladie d'Alzheimer. Elle indique par ailleurs que la résistance à l'insuline ne serait pas le facteur aggravant, contrairement à ce qui était suggéré dans les précédentes études. 

    « Nos travaux renforcent l'idée d'une contribution majeure des facteurs environnementaux dans le développement de cette pathologie neurodégénérative, souligne David Blum. Nous travaillons désormais sur l'identification des facteurs responsables de cette aggravation. »