Ces dernières années, la médiatisation de difficultés d’ordre psychique vécues par certains athlètes a amorcé une libération de la parole autour de ce sujet dans le sport de haut niveau. La prise de conscience globale de cette problématique permet la mise en place de dispositifs d’accompagnement des athlètes dans leur préparation, mais aussi en vue du bon déroulement des JO de Paris 2024. Serait-ce la fin de la guerre aux médailles ?


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    Les Jeux olympiques de Tokyo 2021 ont mis en lumièrelumière les problèmes du bien-être psychologique des athlètes, avec le retrait de plusieurs épreuves de la gymnaste Simone Biles, exprimant son déphasage physiquephysique et mental. Ce cas a souligné une réalité plus large parmi les athlètes de haut niveau, car bien que la grande majorité des sportifs témoignent du stress ressenti au cours de leur carrière après cette dernière, quelques-uns en activité prennent désormais la parole. 

    Un tiers des athlètes est anxieux ou dépressif

    Une étude de 2019 publiée dans le British journal of sports and medicine et dévoilée par le Comité international olympique (CIO)) montre qu'au niveau international, 33,6 % des sportifs actifs et 26,4 % des retraités ont souffert d'anxiété ou de dépression, et près de la moitié a déjà eu des troubles du sommeil. Au niveau français, une enquête menée par la fondation FondaMental en partenariat avec Harris Interactive auprès de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) a montré que 15 % des sportifs interrogés ont déjà montré dans leur parcours des signes élevés d'anxiété ou de dépression.

    Ces premières difficultés psychologiques arrivent en moyenne dès l'âge de 17 ans, et peuvent être dus à de multiples causes : éloignement familial précoce, pressionpression de l'entourage et des supporters, attentes des sponsors et des parieurs, charge de l'effort et du résultat escompté... Autant de risques accentués par les réseaux sociauxréseaux sociaux

    Au niveau mondial, plus d’un tiers des athlètes de haut niveau avoue avoir souffert d’anxiété ou de dépression durant leur carrière. © A.S.peopleimages, Adobe Stock
    Au niveau mondial, plus d’un tiers des athlètes de haut niveau avoue avoir souffert d’anxiété ou de dépression durant leur carrière. © A.S.peopleimages, Adobe Stock

    La prise de conscience gouvernementale

    Le 18 avril dernier, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudea-Castera, ainsi que la secrétaire d'État chargée du NumériqueNumérique, Marina Ferrari, ont organisé une rencontre dédiée à la santé mentale des athlètes : « L'équilibre psychologique des athlètes mérite toute notre attention : leur contexte de vie les expose à des risques accrus, ils doivent être accompagnés à la mesure de ces risques », tels furent les mots de la ministre.

    L’équilibre psychologique des athlètes mérite toute notre attention : leur contexte de vie les expose à des risques accrus, ils doivent être accompagnés à la mesure de ces risques 

    Dans ce contexte de prise de conscience gouvernementale, plusieurs mesures sont instaurées, où vont l'être dans les prochains mois. Depuis début juin, les sportifs disposent d'une rubrique en ligne dédiée à l'accompagnement psychologique, reliée au dispositif « mon soutien psy ». Durant les jeux, trois psychologues, les « welfare officers », seront présents dans la maison de la performance dédiée à l'équipe de France, aux côtés d'un « safeguarding officer ». De plus, une attention particulière sera apportée aux questions de cyber-harcèlement, et au bien-être numérique des athlètes en général. Mais qu'en est-il de leur gestion de la pression liée aux résultats ?

    Le gouvernement a mis en place des outils d’accompagnement psychologique et de sensibilisation contre le cyber-harcèlement dont sont victimes certains athlètes, notamment <em>via</em> les réseaux sociaux. © zinkevych, Adobe Stock
    Le gouvernement a mis en place des outils d’accompagnement psychologique et de sensibilisation contre le cyber-harcèlement dont sont victimes certains athlètes, notamment via les réseaux sociaux. © zinkevych, Adobe Stock

    Les médailles ne sont-elles plus l’objectif des JO ?

    La quête de médailles reste une priorité pour de nombreuses nations qui investissent massivement dans la préparation olympique de leurs athlètes, les infrastructures et l'équipement. Seulement, l'obsession des résultats, en ne considérant que les médailles, diminue la valeur des Jeux olympiques -- et du sport en général -- en plus d'occasionner un stress important chez les athlètes. Cette année, certains pays ont donc choisi de ne pas fixer d'objectifs de médailles pour les Jeux olympiques de Paris afin de réduire la pression sur les athlètes.

    Alors que le Japon et l'Australie soulignent l'importance de valoriser les défis personnels plutôt que les résultats en médailles, d'autres pays comme le Royaume-Uni, la France, et les Pays-Bas continuent de viser des objectifs de médailles -- Emmanuel Macron espère obtenir une cinquantaine de médailles et se classer parmi les cinq premières nations aux Jeux olympiques, et les huit premières aux Jeux paralympiques. 

    En considérant la santé mentale des athlètes à égalité avec la célébration de leurs records, les JO de Paris 2024 marqueront-ils un changement de mentalité par rapport à la culture traditionnelle de la performance dans le sport ?