La prise de petites doses de psychédéliques est courante chez des adultes souffrant de TDAH afin de diminuer les symptômes. Une étude préliminaire montre une amélioration de leur « pleine conscience » après quatre semaines de microdosage à domicile. De futures recherches contrôlées en laboratoire pourront venir appuyer ces résultats.


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    Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se caractérise par des symptômes d'inattention, d'hyperactivité et/ou d'impulsivité. Des enquêtes ont montré que certains adultes diagnostiqués avec un TDAH déclarent s'autoadministrer régulièrement de faibles doses de substances psychédéliques (que l'on appelle « microdosage »), pour soulager leurs symptômes et améliorer ainsi leur vie quotidienne.

    Par rapport à la population générale, les personnes atteintes par un TDAH ont une personnalité et un profil de « pleine conscience » différents. « Ces personnes présentent généralement des niveaux inférieurs de pleine conscience, caractérisés par des difficultés à maintenir l'attention sur le moment présent et une difficulté à ne pas réagir aux pensées et aux émotions émergentes. En outre, la structure de leur personnalité diffère de celle des personnes ne souffrant pas de TDAH, marquée par un neuroticismeneuroticisme accru (c'est-à-dire un affectaffect négatif et une instabilité émotionnelle) et des difficultés à s'organiser », a expliqué Eline Haijen du département de neuropsychologie et de psychopharmacologie de l'université de Maastricht et coauteure d'une nouvelle étude publiée dans Frontiers in Psychiatry.

    Une recherche basée sur l’automédication

    Quel est l'impact du microdosage sur la pleine conscience et les traits de personnalité d'adultes diagnostiqués avec un TDAH ? L'utilisation en parallèle d'un médicament conventionnel contre le TDAH influence-t-elle les résultats ? L'étude préliminaire a recruté des adultes souffrant de TDAH - ou de symptômes sévères typiques du TDAH - et ayant l'intention de microdoser volontairement des psychédéliques. Ce qui signifie que contrairement à une étude contrôlée en laboratoire, nécessitant l'uniformité des médicaments et des doses, cette recherche a inclus tous types de substances et de doses utilisées par les participants.

    La majorité des participants ont déclaré avoir consommé des champignons contenant de la psilocybine. © Deep Roots, Abode Stock
    La majorité des participants ont déclaré avoir consommé des champignons contenant de la psilocybine. © Deep Roots, Abode Stock

    Un score moyen de pleine conscience équivalent à la population générale

    Les chercheurs ont recueilli des données à trois moments différents : au départ, deux semaines, puis quatre semaines après le début du microdosage. Il y avait 233 participants au départ, 66 au bout de deux semaines et 44 au bout de quatre semaines. Après deux et quatre semaines de microdosage, les participants ont signalé des niveaux supérieurs de pleine conscience par rapport au départ, et en particulier la faculté de description et l'absence de jugement de l'expérience intérieure. « Leur score moyen de pleine conscience au bout de quatre semaines était comparable aux scores moyens de pleine conscience d'échantillons de population générale », a déclaré Eline Haijen. Au niveau de la personnalité, seul le neuroticisme a diminué après quatre semaines de microdosage. Cependant, ce score moyen de neuroticisme était encore plus élevé que les niveaux moyens de neuroticisme des échantillons de la population générale.

    Les auteurs précisent que le fait d'utiliser des médicaments conventionnels n'a pas modifié les effets induits par les psychédéliques sur la pleine conscience et les traits de personnalité après quatre semaines.

    De futures études contrôlées en laboratoire permettront de valider ou non ces résultats. En outre, les recherches pourraient examiner si ces effets induits par le microdosage sur la pleine conscience et les traits de personnalité sont durables en effectuant des mesures de suivi plusieurs mois après.