Il y a de moins en moins de bébés. C’est ce que confirme une étude publiée aujourd’hui. Et le phénomène est presque mondial. Seuls quelques pays tirent leur épingle du jeu. Mais pour eux aussi, les enjeux sont grands.


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    Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron évoquait un plan de « réarmement démographique » pour la France. Parce qu'en 2023, le pays affichait un indicateur conjoncturel de féconditéindicateur conjoncturel de fécondité de seulement 1,68 enfant par femme. Tout à fait insuffisant au renouvellement des générations. Et un article publié aujourd'hui dans The Lancet nous apprend que le problème est plus général que cela.

    Le saviez-vous ?

    Dans les années 1950, l’indicateur conjoncturel de fécondité mondial était de l’ordre de 5 naissances par femme. En 2021, il était descendu à 2,2. Pour que les générations puissent se renouveler, il doit rester au-dessus de… 2,1 !

    Déjà, plus de la moitié des pays se situent en dessous du niveau de fécondité nécessaire au remplacement de la population. Les chercheurs estiment que d'ici 2050, plus des trois quarts des pays - soit 155 sur 204 - seront concernés. Le chiffre devrait même passer à 97 % des pays - soit 198 sur 204 - d'ici 2100. Tous ceux-là verront donc leur population diminuer. Sauf si l'immigration permet de limiter la baisse.

    C’est l’Asie du Sud qui connaîtra le plus grand déclin de la fertilité. Sa part des naissances devrait passer de 25% en 2021 à 17% en 2050 et même à 7% en 2100. © EmmaStock, Adobe Stock
    C’est l’Asie du Sud qui connaîtra le plus grand déclin de la fertilité. Sa part des naissances devrait passer de 25% en 2021 à 17% en 2050 et même à 7% en 2100. © EmmaStock, Adobe Stock

    Seulement six pays capables de renouveler leurs populations

    Car certains pays, tout de même, doivent s'attendre à voir leur part des naissances augmenter. Pour les pays à faibles revenus, elle passerait de 18 % en 2021 à pas moins de 35 % en 2100. Un bébé sur deux naîtra alors en Afrique subsaharienne.

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    « Au XXIe siècle, nous serons confrontés à des changements sociaux stupéfiants, assure Stein Emil Vollset, auteur principal de l'étude. Le monde sera mis simultanément face à un "baby-boom" dans certains pays et à un "baby-bust" dans d'autres. Alors que la plupart des pays du monde seront confrontés à de graves défis liés au maintien d'un croissance économique avec une main-d'œuvre en diminution et à la manière de prendre soin de leur population vieillissante, bon nombre des pays d'Afrique subsaharienne aux ressources les plus limitées seront aux prises avec la question de savoir comment soutenir la population la plus jeune et à la croissance la plus rapide de la planète dans un système de santé parmi les plus instables politiquement et économiquement et soumis au stress thermique ».

    Le risque d’une catastrophe humanitaire

    « À bien des égards, la chute des taux de fécondité est une réussite, reflétant non seulement une contraception meilleure et plus facilement disponible, mais aussi le fait que de nombreuses femmes peuvent choisir d'attendre ou d'avoir moins d'enfants, ainsi que de bénéficier de davantage d'opportunités d'éducation et d'emploi », rappelle le chercheur. Toutefois, les pays d'Afrique subsaharienne vont se trouver confronté à un défi majeur. Ils devront « apprendre à gérer les risques associés à une croissance démographique croissante ou ils risqueront une catastrophe humanitaire ».

    Les chercheurs soulignent ainsi la nécessité de donner la priorité à cette région dans les efforts visant à atténuer les effets du changement climatique, à améliorer les infrastructures de soins et à continuer de réduire les taux de mortalité infantile, parallèlement aux actions visant à éliminer l'extrême pauvreté et à garantir le respect des droits reproductifs des femmes et l'éducation des filles.

    Ils confirment aussi qu'atteindre les objectifs de développement durabledéveloppement durable des Nations unies en matièrematière d'éducation des femmes dès 2030 demeure le meilleur moyen d'obtenir des résultats. Cela pourrait permettre de faire passer le taux de fécondité du Niger, par exemple, de 5,1 à 2,7 naissances par femme en 2050. De l'autre côté de la balance, l'étude montre que des politiques de soutien aux familles - comme l'augmentation du congé parental, la gratuité des gardes d'enfants, etc. - aideront surtout à éviter que les niveaux de fécondité tombent trop bas. L'immigration devra faire le reste.