Il existe un lien avéré entre les grands conflits et le changement climatique : c'est justement l'un des thèmes abordés lors de la COP28 qui se tient aux Emirats arabes unis. Ce lien, entre la guerre et le changement climatique, peut se produire dans les deux sens : les conséquences du réchauffement climatique sont à l'origine de guerres, et les répercussions de la guerre ont un impact direct sur l'environnement et le climat.


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    Pour la première fois de l'histoire de la COP, une journée entière est consacrée à ce problème lors de la 28e conférence sur le changement climatique actuellement en cours. Le réchauffement climatique met clairement en danger la paix dans le monde. Selon la Banque mondiale, 70 % des pays les plus touchés par le changement climatique sont aussi les plus instables politiquement et économiquement.

    Quand le réchauffement provoque ou aggrave des conflits

    La COP28 a justement été l'occasion de pointer du doigt le fait que les pays actuellement en guerre sont souvent les plus concernés par les problèmes liés au réchauffement climatique. Les conséquences de la hausse des températures (sécheresse et manque d'eau, pluies diluviennes et inondations...) déstabilisent encore plus un pays déjà fragilisé. Les catastrophes climatiques provoquent des migrations à l'intérieur d'un pays, ou à l'extérieur, et la crise de l'eau entraîne des tensions entre ceux qui en disposent et ceux qui en manquent.

    Selon l'université Yale, la sécheresse historique qui a touché la Syrie entre 2007 et 2010 a contribué de manière significative à la guerre qui a débuté en 2011. Cette sécheresse, la pire enregistrée dans le pays depuis le début des relevés météométéo, a anéanti les cultures et mené à une migration massive des habitants des campagnes vers les grandes villes. Les villes concernées n'ont pas pu absorber ce flux de plus d'un million de personnes, en détresse et révoltées, et la tension a grandi au sein de la population. De multiples guerres urbaines ont éclaté, fortement réprimandées par le gouvernement, et le conflit n'a pas tardé à se généraliser au sein du pays.      

    La sécheresse historique en Syrie a contribué à la guerre civile du pays suite aux tensions liées aux migrations des habitants. © Djomas, Adobe Stock
    La sécheresse historique en Syrie a contribué à la guerre civile du pays suite aux tensions liées aux migrations des habitants. © Djomas, Adobe Stock

    La guerre est aussi une menace pour l'environnement et le climat

    Selon l'organisation Fight Climate Change, les actions militaires du monde comptent pour 6 % des émissionsémissions globales de gaz à effet de serre. Précisons tout de même que les émissions de gaz à effet de serre issues de l'armée des grandes puissances comme la Russie, la Chine, l'Arabie saoudite et Israël sont gardées secrètes par leurs gouvernements. Du côté des États-Unis, si l'armée américaine était un pays, celui-ci se classerait à la 47e place des nations les plus polluantes du monde. Les bombardements dispersent évidemment des matièresmatières hautement polluantes, qui envahissent l'airair et se déversent ensuite dans l'eau et le sol de manière durable.

    Pour la première fois depuis le début des COP, soit 28 ans, un pavillon palestinien est présent. Celui-ci a tenu à rappeler les conséquences de la guerre entre Israël et le Hamas, avec une série d'affiches témoignant des dommages environnementaux subis : au niveau des terresterres agricoles, comme au niveau des installations liées au traitement de l'eau.

    De son côté, le pavillon de l'Ukraine présent lors de la COP28 a également affiché un panneau qui a suscité beaucoup de réactions : « Ecocide » illustré par des images montrant les conséquences sur l'environnement de la guerre avec la Russie. La guerre ne provoque pas seulement la mort de nombreux civils, elle entraîne aussi une pollution massive qui ne s'arrête pas aux frontières ukrainiennes. Le conflit aurait déjà généré au moins 150 millions de tonnes de CO2, principalement à cause des bombardements, des incendies, et du carburant nécessaire. Près de 30 % des forêts ukrainiennes et un cinquième de ses zones naturelles protégées ont été endommagées, selon Ruslan Strilets, le ministre de l'Environnement.

    Au Yémen, un pays fortement touché par la sécheresse, les ressources en eau ont été encore plus fragilisées par huit ans de guerre civile. Autre pays éprouvé par les difficultés d'approvisionnement en eau, le Soudan : un territoire sur lequel des conflits armés éclatent régulièrement à cause du manque d'eau, selon les propres mots de son président lors de la COP28.