Paru en 1985 en anglais sous le titre The Handmaid’s Tale, puis en version française chez Robert Laffont, La Servante écarlate de Margaret Atwood est un récit souvent qualifié de dystopie féministe. Dans la république de Gilead, une théocratie totalitaire fondée sur des castes, les femmes tout en bas de l’échelle sociale sont soumises à un seul rôle : la reproduction humaine. Dans ce chef-d’œuvre vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde, l’auteur décrit un quotidien glaçant qui fait réfléchir à la condition féminine et nos libertés.


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    résumé du livre

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    À la fin du XXe siècle, la natalité est dangereusement en déclin. La République de Gilead, une théocratie puritaine totalitaire fondée par des fanatiques religieux, s'est mise en place pour lutter contre ce problème après l'assassinat du président lors d'un coup d'État. Les femmes de Gilead sont divisées en plusieurs classes : les Servantes, les Épouses, les Marthas, les Tantes ou encore les Écofemmes. De plus, les femmes n'ont plus le droit de lire, d'écrire, ni de travailler. Officiellement, un homme ne peut pas être stérile. Et selon la nouvelle loi, les femmes sont soit fertiles soit improductives. Les Servantes sont recrutées de force et contraintes à assurer la fonction de reproduction. Chacune d'entre elles est affectée à un Commandant, c'est-à-dire un homme appartenant à l'élite de la société ayant besoin de ses services. Si ces femmes refusent, elles sont déportées aux Colonies. Au bout de deux ans ou quelques mois après la naissance d'un enfant, elles sont réaffectées à un nouveau Commandant.

    Defred est l'une d'entre elles. Alors qu'elle essayait de fuir avec son mari Luke et sa fille de 5 ans munis de faux passeport, elle s'est fait arrêter avant de réussir à passer la frontière de Gilead. Puis, elle a été envoyée au Centre de rééducation Rachel et Léa surnommé le Centre Rouge où Tante Sarah et Tante Elizabeth endoctrinent les Servantes. Son amie Moira est arrivée à son tour trois semaines plus tard, mais a réussi à s'échapper.

    La jeune femme commence à enregistrer son histoire sur des cassettes au moment où elle est transférée dans la maison d'une ancienne chanteuse qui apparaissait autrefois à la télévision sous le nom de Serena Joy. Son vrai nom est Pam, mais Defred préfère continuer à l'appeler Serena dans sa narration. Après avoir arrêté de chanter, cette dernière discourait sur le caractère sacré du foyerfoyer et sur le fait que les femmes devraient rester à la maison.

    Defred ne sait pas ce qu'est devenu son mari et ne peut plus voir sa fille qui a été placée dans une autre famille. Il est désormais interdit d'utiliser son véritable nom. En effet, on attribue aux Servantes un patronyme composé de l'article possessif « De » et du prénom du commandant au service duquel elles sont tel que « Fred ».

    Defred ne peut faire les courses et sa promenade quotidienne qu'en compagnie d'une autre servante, Deglen, membre du réseau clandestin Mayday. Lors de ces sorties, elles peuvent voir suspendus à des crochets fixés dans le MurMur des corps pendus par le cou, la tête fourrée dans un sac blanc. Ces corps sont ceux des personnes considérées comme les ennemis du régime et tuées lors de cérémonies du nom de Rédemptions. Un placardplacard suspendu autour du cou indique la raison pour laquelle chacun d'entre eux a été exécuté : prêtre, médecin pratiquant l'avortementavortement, homosexuelhomosexuel, etc.

    La procréation se fait en présence des Épouses lors de la Cérémonie. Pour éviter tout sentiment, il est interdit aux Commandants et aux Servantes de se retrouver en tête à tête. Malgré tout, le commandant de Defred la convoque deux à trois soirs par semaine pour faire une partie de scrabble. Et lors de ces visites, il lui demande de l'embrasser.

     

    Comprendre la

    mythologie

    Voici une petite sélection des nombreux termes à connaître employés dans le roman de Margaret AtwoodMargaret Atwood. Dans la version française parue en 2021, quelques termes de La Servante écarlate ont été modifiés par la nouvelle traductrice Michèle Albaret-Maatsch, tels que Gilead qui est remplacé par Galaad ou les Yeux par l'ŒilŒil.

    • Colonies : lieu où sont déportées les femmes qui n'obéissent pas au régime de Gilead. Les populations des Colonies doivent ramasser des produits toxiques ou avec un peu de chance sont affectées à des tâches moins dangereuses telles que la cueillette du coton et des fruits.
    • Servantes : femmes fertiles habillées de rouge dont la fonction est de procréer un enfant du Commandant de la famille dans laquelle elles sont placées.
    • Épouses : femmes des commandants qui appartiennent à l'élite de la société.
    • Marthas : habillées de vert, les Marthas s'occupent des tâches domestiques et de faire la cuisine.
    • Tantes : femmes chargées de former et de contrôler les Servantes.
    • Écofemmes : épouses des hommes pauvres. Vêtues de robes à rayures rouges, bleues et vertes, elles regroupent les fonctions d'Épouse et de Martha.
    • Les Yeux : espions de Gilead chargés de rapporter tout signe de rébellion.
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    Les espions de Gilead sont à l'affût de tout signe de rébellion... © OFC Pictures, Adobe Stock

    analyse

    La servante écarlate, une dystopie féministe ?

    Passionnée par la littérature dystopique, Margaret AtwoodMargaret Atwood a créé une théocratie totalitaire qui se justifie en employant des passages de la Bible. Ce roman a été jugé invraisemblable par plusieurs critiques. Pourtant, l'auteur s'est imposé comme règle que tout ce qui est inclus dans le roman se soit déjà passé quelque part dans le monde et que la technologie décrite existe déjà. Ainsi, le MurMur de La Servante écarlate a été inspiré par le mur de Berlin qui était tout autour de Margaret Atwood lorsqu'elle a commencé l'écriture de cette histoire à Berlin-Ouest en 1984.

    La Servante écarlate a souvent été qualifiée de dystopie féministe. Mais, en postface, Margaret Atwood explique que ce terme n'est pas totalement approprié. Selon elle, Gilead est une dictature de type classique dans le sens où les puissants des deux sexes sont au sommet de la société, même si les hommes ont en général l'ascendant sur les femmes.