Le très attendu second volet de la saga Dune vient enfin de sortir en salles, et c'est déjà un succès. On continue d'y explorer la richesse de l'univers développé par Franz Herbert, qui a imaginé le concept de « distille » : un système destiné à recycler jusqu'aux eaux usées sécrétées par le corps humain, et que la Nasa a concrétisé à sa façon...


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    Dans le désertdésert, sur la planète Arrakis qu'eux préfèrent nommer Dune, les Fremens luttent pour leur survie. Le sablesable, la chaleur et les vers géants rythment une vie rude, où l’eau est le plus précieux des trésors, devant même l'épice que s'arrachent les autres planètes. Pour survivre, le peuple dépend du « distille », une combinaison qui recueille chaque goutte de fluide corporel et permet de ne pas perdre « plus d'un dé à coudre d'eau par jour »... quand un humain en perd environ 2,6 quotidiennement dans une zone tempérée.

    Les sabres laser pourraient-ils exister dans la vie réelle ? La réponse avec Melissa Lepoureau dans Science ou Fiction ! © Futura

    De même que le « communicator » de Star Trek a inspiré la création du téléphone portable, Frank Herbert a-t-il, quant à lui, devancé la science avec sa création ? La Nasa nous a prouvé que oui en annonçant, pas plus tard qu'en juin 2023, avoir amélioré son système de contrôle de l'environnement et de maintien de la vie de la Station spatialeStation spatiale (ECLSS) de façon à ce qu'il puisse recyclerrecycler en eau potable non plus 93 à 94 %, mais 98 % des fluides corporels de ses astronautes ! L'exploit est possible grâce à un dispositif baptisé BPABPA (Brine Processor System), testé avec succès sur la Station spatiale internationale (ISS), et qui permet de recycler la saumuresaumure d'urine.

    Recycler la saumure d'urine des astronautes

    La saumure d'urine est une solution concentrée obtenue après le traitement de l'urine. Chez les humains, celle-ci est principalement composée d'eau, d'urée, de créatininecréatinine, d'ammoniac et de divers sels dissous. Lorsqu'elle est traitée pour récupérer l'eau, les composés solubles dans l'eau sont extraits, laissant derrière eux une solution plus concentrée, souvent appelée saumure. Le BPA intervient pour transformer cette saumure en eau potable en évaporant l'eau de la solution à travers une membrane conçue pour permettre le passage de l'eau, tout en retenant les autres composants de la saumure. Cette vapeur d’eau est ensuite refroidie pour être recondensée, un peu comme l'eau de mer que l'on a dessalée.

    « Le traitement est fondamentalement similaire à celui de certains systèmes terrestres de distribution d'eau, mais il est effectué en microgravité, détaille le responsable des sous-systèmes d'eau de l'ECLSS Jill Williamson dans un communiqué. L'équipage ne boit pas de l'urine, mais de l'eau récupérée, filtrée et nettoyée de manière à ce qu'elle soit plus propre que celle que nous buvons sur Terre. Nous avons mis en place de nombreux processus et effectué de nombreux tests au sol pour nous assurer que nous produisons de l'eau propre et potable. »

    Image du site Futura Sciences

    Schéma du système de traitement des urines et de l'ECLSS. © NASA and NIH

    La partie émergée d'un système de survie sophistiqué

    De fait, l'ECLSS est bien loin de la simple combinaison des Fremens. Voyez plutôt :

    Les eaux usées générées par l'équipage (urine et sueur) sont récupérées, puis acheminées vers le Water Processor Assembly (WPAWPA), une unité qui permet de purifier l'eau. Une partie du système est spécifiquement dédiée au traitement de l'urine : l'Urine Processor Assembly (UPA) utilise la distillationdistillation sous vide pour récupérer l'eau de l'urine et la purifier. La saumure d'urine restante est ensuite acheminée vers le fameux BPA. L'eau récupérée passe par une série de filtres spécialisés et un réacteur catalytique pour éliminer les traces de contaminants restants. Des capteurscapteurs vérifient la pureté de l'eau. Si nécessaire, celle-ci peut être traitée une nouvelle fois.

    Avant d'être stockée, l'eau purifiée est enrichie en iode afin de prévenir la croissance microbienne. Une fois propre et potable, elle stockée et est prête à être utilisée par l'équipage pour la consommation, la préparation des aliments, l'hygiène, etc.

    Une prouesse technologique qui n'a pas vocation à survivre à la chaleur du désert, mais est devenue indispensable à l’exploration spatiale : « Moins il y a d'eau et d'oxygèneoxygène à embarquer, plus il y a de données scientifiques à ajouter au véhicule de lancement. Grâce à des systèmes de régénération fiables et robustes, l'équipage n'a pas à s'en préoccuper et peut se concentrer sur l'objectif réel de sa mission », conclut Jill Williamson.