La construction du démonstrateur de rentrée atmosphérique IXV se poursuit sous la maîtrise d’œuvre de Thales Alenia Space. L’avenir de ce programme, qui préfigure la construction de systèmes de transport et de rentrée en réponse aux besoins futurs de l’Esa, est incertain. Or, le financement du module de service d'Orion et des lanceurs Ariane 6 et Ariane 5 ME pourrait reporter de plusieurs années un programme dérivé de ce démonstrateur.

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    Après le test positif de largage et d'amerrissage d'une maquette de l'IXV (Intermediate eXperimental Vehicle), Thales Alenia Space, responsable de la conception, du  développement et de l'intégration, poursuit la constructionconstruction du modèle de vol qui devrait être lancé en 2014 par le lanceur Vega. Les équipes au sol tiennent compte du retour d'expérience de cet essai. Seul un boîtier électronique, situé à l'intérieur de l'engin devra être déplacé. Les deux autres problèmes, à savoir le mauvais gonflement d'un flotteur et un défaut au niveau des parachutesparachutes, seront facilement corrigés et ne sont pas de nature à retarder le programme.

    Le démonstrateur expérimental de véhicule de rentrée atmosphérique IXV est en développement chez Thales Alenia Space dans son usine de Turin, en Italie. On voit ici le tronçon avant de l’engin (en juillet 2013). La partie arrière, en cours de construction chez Ruag (Suisse), sera livrée en octobre, date à laquelle Thales l'intégrera au reste du démonstrateur. © Rémy Decourt, Futura-Sciences

    Le démonstrateur expérimental de véhicule de rentrée atmosphérique IXV est en développement chez Thales Alenia Space dans son usine de Turin, en Italie. On voit ici le tronçon avant de l’engin (en juillet 2013). La partie arrière, en cours de construction chez Ruag (Suisse), sera livrée en octobre, date à laquelle Thales l'intégrera au reste du démonstrateur. © Rémy Decourt, Futura-Sciences

    Ce démonstrateur de l’Agence spatiale européenne (Esa) doit permettre d'acquérir, au cours d'une rentrée atmosphérique complète, des informations sur les protections thermiques (de deux types) et les structures chaudes, sur les phénomènes aérothermodynamiques et sur le contrôle par gouvernes aérodynamiques. À la différence de l'ARD, qui a validé le retour d'orbite d'une capsule de type Apollo sans contrôle en 1998, l'IXV effectuera une rentrée planée et contrôlée. Un logiciellogiciel de bord transmettra des ordres de pilotage aux gouvernes utilisées pour le contrôle et le guidage de l'engin lors de la phase de rentrée atmosphérique.

    Dans un précédent article, nous nous interrogions sur l'avenir de ce démonstrateurdémonstrateur. Retenons que compte tenu de la durée de ce programme - plus de dix ans -, il faut garder à l'esprit que les politiques spatiales se font et défont au gré des élections des États membres de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Depuis cette date, tout a été envisagé pour l'après-IXV, mais rien ne se fera à court terme. Étage de lanceur réutilisable, mini navettemini navette réutilisable pour des charges utiles, capacités de retour d’orbite pour du fret ou des expériences scientifiques, ou encore système de transport habité, sont autant de possibilités envisageables, dérivées de l'IXV et d'autres programmes de l'Esa.

    Le modèle électrique (image du bas) qui permet aux ingénieurs de s'assurer de la bonne intégration du câblage électrique dans le modèle de vol, en juillet 2013. © Rémy Decourt, Futura-Sciences

    Le modèle électrique (image du bas) qui permet aux ingénieurs de s'assurer de la bonne intégration du câblage électrique dans le modèle de vol, en juillet 2013. © Rémy Decourt, Futura-Sciences

    L'Europe doit maîtriser le retour d'orbite

    La décision de l'Esa de participer au développement du véhicule spatial d'exploration de la Nasa, connu sous le nom d'Orion-MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle, soit véhicule habité multirôle), brouille les cartes sur la suite des événements concernant le démonstrateur IXV. En fournissant le module de service MPCV-SM, l'Esa s'acquitte du loyer qu'elle doit devrait fournir à la Nasa pour l'utilisation de l'ISSISS pendant la période 2017-2020. Si cette décision donne à l'Europe l'opportunité d'utiliser au mieux les capacités développées pour l'ATV et ColumbusColumbus, elle repousse d'autant le développement d'un engin de retour d'orbite dérivé de l'IXV. En effet, au financement du module de l'OrionOrion s'ajoutent les 4 milliards nécessaires au successeur d'Ariane 5, dont la version définitive vient d'être choisie (Ariane 6), et au développement d'une version plus puissante de l'Ariane 5Ariane 5 ECA (Ariane 5 ME).

    Cela dit, il est important de retenir que l'IXV intègre des technologies clés de la rentrée atmosphérique que l'Europe doit maîtriser, car elles représentent l'avenir de l'exploration spatiale. Elles seront nécessaires à de nombreuses applications liées à l'exploration robotiquerobotique, le retour d'échantillons, le retour d'orbite et l'accès à l'espace (lanceur, vols habitésvols habités, transport de fret).

    Mais, restons optimistes. Avancer par petits pas (Hermes, ARD, ATVATV et maintenant l'IXV) est une autre façon de préparer concrètement ce futur. Pour les industriels européens, cela permet de rester dans la course à l'espace sans trop se laisser devancer par les États-Unis. Les projets ne manquent pas. D'ici quelques années, les agences spatiales devront réfléchir au grand programme international qui succédera à la Station spatiale internationale dont la fin de vie opérationnelle est prévue à l'horizon 2020. D'ici là, l'industrie spatiale européenne maîtrisera toutes les phases départ et retour, quel que soit le type de mission habitée ou robotique. Elle aura une belle carte à jouer.