Bien qu’elle soit engagée dans le développement du véhicule habité Orion MPCV de la Nasa, l’Agence spatiale européenne poursuit de son côté l'étude de systèmes de rentrée atmosphérique et de transport spatiaux. Le démonstrateur de rentrée atmosphérique IXV, qui sera lancé dans l'espace en 2014, vient de réussir son premier amerrissage.

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    Le développement de l'IXV (Intermediate eXperimental Vehicle), le démonstrateur de rentrée atmosphérique de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne développé par Thales Alenia Space, se poursuit. Cet engin à corps portant (lifting body) n'est pas une capsule de type ApolloApollo : durant une partie de la rentrée, il plane. Le 19 juin, pendant le Salon du Bourget, un test de largage et d'amerrissage a été effectué avec succès depuis la base militaire Salto di Quirra, en Sardaigne.

    Comme le montrent les images qui suivent, le test s'est bien déroulé. Après un largage depuis 3.000 mètres d'altitude, l'engin de l'Esa a été récupéré sans encombre après une descente sous parachuteparachute. Seul point négatif, l'un des ballons de flottaison se serait mal gonflé.

    Transporté par un hélicoptère fourni par une unité d’aviation légère de l’armée, le modèle de test à l’échelle 1,1, conçu par Thales Alenia Space et assemblé au centre de recherche italien CIFA à Capoue, a été largué depuis une altitude de 3.000 mètres. © Thales Alenia Space

    Transporté par un hélicoptère fourni par une unité d’aviation légère de l’armée, le modèle de test à l’échelle 1,1, conçu par Thales Alenia Space et assemblé au centre de recherche italien CIFA à Capoue, a été largué depuis une altitude de 3.000 mètres. © Thales Alenia Space

    L’IXV à bord du lanceur Vega dès 2014

    Cet essai effectué depuis une faible altitude a permis de vérifier les systèmes de descente et de récupération envisagés par le profil de la mission. Il qualifie donc l'engin et ouvre la voie à un lancement à l'été 2014 par Vega depuis le Centre spatial guyanais, pour une mission d'environ 1 h 30 représentative d'un retour depuis l'orbite basse.

    L'objectif de ce futur vol est une séparationséparation du lanceur à une altitude de 320 km. L'IXV continuera son ascension jusqu'à atteindre une altitude de 430 km, puis commencera sa phase de rentrée. Les données expérimentales seront alors acquises par des mesures conventionnelles et par des instruments avancés placés à bord du véhicule. La vitesse de rentrée atmosphérique sera d'environ 7,5 km/s à une altitude de 120 km, et se terminera par un amerrissage dans l'océan Pacifique.

    Quelques instants avant son amerrissage, l’IXV est sous parachute. Ce test a reproduit la phase finale de descente du démonstrateur, attendue lors de son vol en 2014. © Thales Alenia Space

    Quelques instants avant son amerrissage, l’IXV est sous parachute. Ce test a reproduit la phase finale de descente du démonstrateur, attendue lors de son vol en 2014. © Thales Alenia Space

    L'IXV peut préfigurer une série de véhicules qui serviront à l'avenir à l'exploration du Système solaire ou à des applications de transport spatial et de retour d'orbite. Et ce ne sont pas les besoins qui manquent. Depuis l'arrêt des navettes spatiales, les seules capacités de retour d'orbite sont celles de SpaceXSpaceX et sa capsule Dragon ! En effet, les capsules SoyouzSoyouz redescendent seulement des astronautesastronautes. Quant aux vaisseaux automatiques Progress (russe), ATVATV (européen) et HTVHTV (japonais), ils apportent du fret à la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale, mais se consument dans l'atmosphèreatmosphère à l'issue de leur mission.

    Avenir incertain pour l’IXV de l’Esa

    Son avenir est pourtant incertain. Ce programme a été décidé à une époque où il était possible que l'Europe se lance dans le développement d'un système de transport spatial habité. Après le démonstrateur de rentrée atmosphériquedémonstrateur de rentrée atmosphérique ARD (1988) qui valide le retour d'orbite d'une capsule de type Apollo, le but de l'IXV est de développer une autre filière, celle du véhicule à corps portant, descendant dans l'atmosphère en vol planévol plané.

    Sous son parachute, l’IXV vient de toucher l'eau de la Méditerranée, au large de la Sardaigne. Ses bouées de flottaison se gonflent pour le maintenir à flot jusqu'à sa récupération. © Thales Alenia Space

    Sous son parachute, l’IXV vient de toucher l'eau de la Méditerranée, au large de la Sardaigne. Ses bouées de flottaison se gonflent pour le maintenir à flot jusqu'à sa récupération. © Thales Alenia Space

    Les temps ont changé, et cette question ne se pose plus. En Europe, rien ne justifie le développement d'un système de transport spatial habité. Pour aller où, d'ailleurs, et avec quel argentargent ? Ce n'est clairement pas ce genre de scénario qui se dessine.

    De l’ATV au véhicule spatial d’exploration de la Nasa

    Avec la fin du programme ATV (l'avant-dernier exemplaire vient d'être lancé), s'éloigne également une rampe de lancement historique en Europe pour développer un véhicule habité. Cet engin, le plus complexe jamais construit en Europe, répond à des normes de sécurité imposées aux vols habitésvols habités, alors qu'il s'agit d'un véhicule entièrement automatique.

    Cela dit, bien que l'Europe soit tout à fait capable de le faire, l'Agence spatiale européenne, sous l'impulsion de son directeur général, Jean-Jacques Dordain, juge plus pragmatique et opportun de mutualiser les efforts et de participer avec plusieurs agences au développement d'un système de transport international. D'où sa participation au développement du véhicule spatial d'exploration de la NasaNasa, connu sous le nom d'OrionOrion MPCV. L'Esa fournira le module de service d’Orion MPCV, qui pourrait envoyer des astronautes autour de la LuneLune à l'horizon 2020, puis vers un astéroïdeastéroïde et Mars.