Elle pèse près de 200 kilogrammes et peut mesurer plus de deux mètres. La méduse d'Echizen, du genre Cyanea, empoisonne la vie des pêcheurs de la mer du Japon. Le phénomène n'est pas nouveau : en 2002, de gigantesques bancs de méduses avaient déjà envahi la baie de Tokyo. Cependant, il se généralise un peu partout dans le monde, les méduses pullulant à présent dans la mer du Nord, la mer Rouge, la mer Baltique et même le long des côtes azuréennes. Les pêcheurs, qui voient cette prolifération de géants anéantir leur travail, tirent la sonnette d'alarme.

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    Cyanea capillata(Crédits : Moscow State University)

    Cyanea capillata(Crédits : Moscow State University)

    Les méduses géantes pullulent dans la mer du Japon <br />Elles empoisonnent les saumons et la vie des pêcheurs japonais

    Les méduses géantes pullulent dans la mer du Japon
    Elles empoisonnent les saumons et la vie des pêcheurs japonais

    Les méduses géantes, cauchemar des pêcheurs

    Elles s'empêtrent dans les filets et les brisent sous leur poids. Pendant la saisonsaison de la pêchepêche au saumonsaumon, elles piquent ces poissonspoissons, marquant leur chair et les rendant invendables. Le phénomène est si répandu cette année que, dans certains ports japonais, la pêche a dû être interrompue. Les conséquences économiques de la multiplication des médusesméduses géantes dans la mer du Japon ne sont pas encore chiffrées mais risquent d'être colossales.

    Pourtant, ces méduses ne sont pas étrangères aux japonais. Depuis toujours, elles grandissent dans la mer de Chinemer de Chine orientale et se laissent aller au gré du courant vers le nord. Mais c'est leur nombre, qui ne cesse de se multiplier depuis plusieurs années, qui soulève toutes les inquiétudes.

    Les raisons de cette étrange prolifération

    De par leur taille et leurs conditions de vie, de nombreuses méduses ne peuvent pas survivre en aquarium. De ce fait, les chercheurs ont du mal à étudier leur biologie et leurs comportements. Néanmoins, comme l'explique François Simard, directeur scientifique au Musée océanographique de Monaco, le facteur pollution ne semble pas intervenir dans leur prolifération : " la présence de méduses n'est pas liée à la pollution de la mer ou, à l'inverse, à une qualité de l'eau excellente pour l'homme. On décrivait déjà des soupes de méduses du temps de la marine à voile. AristoteAristote en parlait à son époque. En Méditerranée, les méduses sont chez elles, la mer est peuplée, ce n'est pas une piscine ! ".

    En fait, si le facteur climatique semble intervenir dans le processus de multiplication des méduses, il semble surtout lié à l'augmentation des concentrations de larveslarves et de crustacéscrustacés dans les mers. Ainsi, dans le cas de la Chine et du Japon, les scientifiques pensent que les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Chine ont pu drainer de grandes quantités d'engrais dans les fleuves, ce qui aurait catalysé le développement du phytoplanctonphytoplancton dans la mer. La concentration de zooplanctonzooplancton aurait alors crû à son tour, augmentant considérablement la nourriture à disposition des méduses géantes.

    Jacqueline GoyJacqueline Goy (voir sa carte blanche  ), spécialiste des méduses à l'Institut Océanographique de Paris, avance également l'hypothèse d'une prolifération des méduses géantes due à une pêche trop intensive dans la mer de Chine : "En éliminant les poissons en massemasse, la surpêchesurpêche a libéré des quantités d'aliments qui sont devenus disponibles pour d'autres espècesespèces de prédateurs, particulièrement les méduses, très voraces".

    Si les japonais sont friands de salades de méduses, les pêcheurs de la mer du Japon risquent de ne plus en manger pour un bout de temps. En effet, la présence de bancs de Cyanea ruine une grande partie de leur travail, et menace leurs emplois. La prolifération des méduses géantes se généralise un peu partout et risque à terme de transformer les mers du monde en véritables "soupes de méduses"...