Entre Jacqueline Goy et les méduses, tout a commencé dans un laboratoire de la station biologique de Villefranche

« Nous étions six jeunes thésards à travailler sur le planctonplancton de la rade de Villefranche que nous ratissions tous les jours. Comme il fallait se répartir le travail, j'ai choisi d'étudier plus particulièrement les médusesméduses. » Attirée par leur mystérieuse beauté, elle leur consacrera ensuite toute sa carrière.

« En 30 ans, je n'ai jamais changé de sujet »

Elle obtient un poste de chercheur au Muséum en 1968. « J'ai eu la chance d'être recrutée par Théodore MonodThéodore Monod qui a accepté que je poursuive mon travail sur ces organismes pélagiquespélagiques alors que les orientations du Muséum étaient plutôt axées sur le benthiquebenthique. Je ne voulais surtout pas lâcher les méduses ! » Jacqueline Goy se retrouve donc affectée dans un laboratoire d'ichtyologie, en tant que spécialiste du zooplanctonzooplancton, pour étudier la nourriture des poissonspoissons dans leur environnement marin.

Au départ, la plus grande partie de ses travaux est réalisée en Méditerranée où elle passe au crible 12 puis 67 espècesespèces communes. « Vous savez quand on commence et qu'on a une passion, on est boulimique ! ». Plus tard, elle a l'occasion de travailler sur une collection pêchée pendant près de dix années au large des côtes du Liban, en Méditerranée orientale. La comparaison de cette faunefaune avec celle qu'elle connaît déjà sur le bout des doigts, va ainsi lui permettre de participer à la reconstitution de l'histoire de la Méditerranée.

Les campagnes océanographiques auxquelles elle participe avec les équipes de Villefranche ou du Muséum, lui permettent d'assouvir son éternelle curiosité. Méditerranée, Açores, Atlantique central, Pacifique, AntarctiqueAntarctique et même Australie, sur les traces du naturaliste François Péron, elle parcourt le monde, à la recherche de son animal fétiche.

On dit qu'elle est capable de reconnaître plusieurs centaines d'espèces, mais modestement, elle n'avouera jamais combien ! « Tout zoologistezoologiste, dans sa spécialité, est capable de reconnaître les espèces sur lesquelles il travaille. Cela n'est pas spécifique aux méduses ! ». Et pourtant, si les CnidairesCnidaires sont des animaux relativement peu évolué, leur diversité est véritablement incroyable.

L'incontournable Pelagia

Les travaux de Jacqueline Goy vont changer d'orientation en 1983, date à laquelle l'Unesco lance un programme international de recherche financé par le plan des Nations-Unies pour l'environnement, ayant pour cible une habitante de la Méditerranée : Pelagia noctiluca. Le but : comprendre et éventuellement prévoir les fluctuations de cette méduse dont les pullulations impressionnantes interpellent les scientifiques et inquiètent les baigneurs qui la craignent pour ses piqûres urticantes. « Je n'avais jamais travaillé sur des méduses aussi grosses ! », rapporte-t-elle. Cela ne l'empêchera pas de se démener pour faire bénéficier un thésard du financement et du sujet, dont elle avait déjà perçu la problématique qui consiste à se rapprocher des études menées sur les courants marins...« Les océans représentent plus de 75 % de la planète, donc quand on travaille sur un organisme marin, on ne peut pas rester seul dans son coin ! On est forcément amené à prendre en compte les phénomènes hydrologiques, de qualité d'eau, de salinitésalinité... », s'anime Jacqueline Goy.

C'est ainsi que Pierre Morand, pris en charge par le laboratoire de Villefranche découvre que les fluctuations de Pelagia ont une périodicité de 12 ans.

Depuis, l'équipe travaille toujours sur ce phénomène de fluctuations sur le long terme et le thème s'est même élargi à tout le système marin, comme la modification de l'eau de mer, des alguesalgues du phytoplanctonphytoplancton, du zooplancton...