Une équipe de paléontologues a déterré au Japon les restes fossilisés d’un mosasaure, un reptile aquatique qui terrorisait les océans jusqu’au Crétacé. En plus d’être très bien préservés, ces restes appartiennent à une nouvelle espèce jusqu’ici inconnue, dont les caractéristiques morphologiques ne ressemblent à aucun autre animal aquatique, actuel ou passé.


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    Une équipe de paléontologuespaléontologues a découvert les ossements fossilisés d'un mosasaure datant d'il y a environ 72 millions d'années. Les mosasaures sont de grands reptiles aquatiques qui vivaient durant le Crétacé supérieur (il y a 100 à 66 millions d'années), préférant chasser dans les eaux chaudes et peu profondes. Ils se sont éteints lors de l’extinction de masse Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années, en même temps que les dinosaures. Parmi les différents fossiles de mosasaures retrouvés dans le monde, beaucoup mesurent plus de dix mètres de long (contre environ cinq mètres pour ce spécimen) ; et si leur morphologiemorphologie ressemble à celle des varans actuels, les paléontologues cherchent encore à savoir comment cet animal gigantesque se déplaçait dans l'eau et chassait ses proies.

    Un mosasaure aux ossements très bien préservés

    Découverts près de la rivière Aridagawa, au sud-ouest de l'île japonaise de Honshu, ces ossements comptent parmi les plus complets du genre : les paléontologues ont ainsi déterré de nombreux éléments squelettiques de l'animal, dont son crânecrâne, une série de plus de 40 vertèbres cervicalesvertèbres cervicales et dorsales, ses côtes, ses nageoires avant, sa nageoire arrière gauche. Les mosasaures présentent généralement des morphologies très similaires, avec un torse ressemblant à celui des dauphins actuels, quatre nageoires en forme de pagaie, un museau en forme de gueule d'alligatoralligator et une longue queue. Mais ces ossements semblent ressortir du lot, d'abord du fait de la présence d'une nageoire dorsale, à l'image des requins actuels, ce qui n'est pas observé chez d'autres mosasaures, mais surtout au vu de la taille des nageoires arrière du nouveau spécimen, encore plus longues que ses nageoires avant. C'est non seulement une première parmi les mosasaures, mais c'est aussi extrêmement rare parmi toutes les espècesespèces aquatiques vivantes et éteintes.

    Les chercheurs présentent leurs travaux dans le Journal of Systematic Palaeontology, où ils nomment la nouvelle espèce « Megapterygius wakayamaensi » - le premier terme faisant référence à ses grandes nageoires arrière, le second à la préfecture japonaise de Wakayama, où les ossements ont été découverts.

    Le nouveau spécimen de mosasaure, surnommé « dragon bleu », était un mosasaure de la taille d’un grand requin blanc, avec une nageoire dorsale et de longues nageoires arrière. © Takumi
    Le nouveau spécimen de mosasaure, surnommé « dragon bleu », était un mosasaure de la taille d’un grand requin blanc, avec une nageoire dorsale et de longues nageoires arrière. © Takumi

    Des indices sur sa manière de se déplacer ?

    À notre connaissance, presque tous les animaux qui nagent présentent à l'avant de leur corps leurs nageoires les plus grandes, ce qui les aide à se diriger dans l'eau. À titre d'exemple, avoir des nageoires plus grandes à l'arrière du corps reviendrait à conduire une voiturevoiture en dirigeant les roues arrière au lieu des roues avant, ce qui compliquerait fortement la maniabilité du véhicule. L'animal comptait pourtant parmi les meilleurs prédateurs aquatiques de son époque, et devait par conséquent se déplacer aisément et rapidement pour attraper ses proies.

    L'équipe de paléontologues soupçonne ainsi qu'au lieu d'utiliser ses nageoires arrière pour tourner, Megapterygius wakayamaensi les inclinait vers le haut ou vers le bas afin de plonger rapidement vers les profondeurs ou de remonter la colonne d'eau, faisant de lui un habile chasseur. Ils estiment de plus que la nageoire dorsale aurait pu faciliter le virage de la créature. Mais en l'absence d'analogue vivant, les scientifiques ne peuvent que se cantonner à des hypothèses.