Déclarer une espèce éteinte est un exercice risqué pour les scientifiques. Des populations isolées peuvent en effet survivre à l’abri des regards pendant des dizaines d’années et il arrive relativement souvent que des animaux que l’on croyait disparus réapparaissent soudainement.


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    Dodo, bouquetin des Pyrénées, quagga, tigre de JavaJava, otarie du Japon... Ces animaux ont été officiellement reconnus comme éteints par la communauté scientifique. Selon l'UICNUICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, une espèce est considérée comme éteinte « lorsqu'il ne fait aucun doute que le dernier individu est mort », c'est-à-dire « lorsque des études exhaustives menées dans son habitat connu et/ou présumé, à des périodes appropriées (rythme diurnediurne, saisonnier, annuel), et dans l'ensemble de son aire de répartition historique n'ont pas permis de noter la présence d'un seul individu ». Elle est classée comme « éteinte à l'état sauvage » lorsque les individus ne survivent plus qu'en captivité « ou dans le cadre d'une population naturalisée, nettement en dehors de son ancienne aire de répartition ».

    Le dernier spécimen de quagga (couagga) est mort dans un zoo à Amsterdam en 1883. © Samuel Daniell, Wikipédia
    Le dernier spécimen de quagga (couagga) est mort dans un zoo à Amsterdam en 1883. © Samuel Daniell, Wikipédia

    Une liste provisoire d’animaux « possiblement éteints »

    En réalité, une disparition est très difficile à prouver. « Nous voulons à tout prix éviter de déclarer à tort une espèce éteinte car cela conduirait au retrait de nos mesures de conservation et ainsi à la véritable disparition de l'animal », explique Thomas Brooke, directeur scientifique de l'UICN. Dans un premier temps, on préfère donc la déclarer « en danger critique et possiblement éteinte ». C'est le cas par exemple de l'ara de Spix (Cyanopsitta spixii), le perroquet emblématique du film Rio, déclaré éteint à l'état sauvage en 2018 par l'ONG Birdlife International. Un seul individu avait encore été aperçu en liberté en 2016, mais l'ONG suspecte l'évasion d'un oiseau élevé en captivité.

    Un tiers des mammifères déclarés éteints ont réapparu

    Il est tout à fait possible de voir une espèce considérée comme disparue soudain refaire surface. Ces dernières années, plusieurs témoignages ont fait état de la présence du Tigre de Tasmanie, censé être éteint depuis 1936, dans le nord-est de l'Australie. En 2017, l'ONG Global Wildlife Conservation a lancé une grande campagne à la recherche d'espèces disparues, avec notamment un appel à retrouver 25 espèces perdues de vue depuis plusieurs dizaines d'années, comme la tortuetortue géante de Fernandina, vue pour la dernière fois en 1906. Des individus peuvent en effet persister incognito dans des lieux reculés, au fond d'un marécage, sous terreterre ou cachés dans la canopéecanopée. Une étude de l'université du Queensland portant sur 187 mammifèresmammifères déclarés disparus depuis 1500 a ainsi montré que 67 avaient été en réalité redécouverts.