Le Muséum national d'histoire naturelle nous emmène en Provence, pour cette 5e étape du Tour de France de la biodiversité, pour découvrir un endroit qui nous rappelle combien la régression des milieux naturels contribue à diminuer la population des insectes de façon très importante. Pourtant, ils sont indispensables à l’Homme. L'entomologiste, Jean-Henri Fabre, y a consacré sa vie. Non loin d'Avignon, son Harmas constitue un paradis pour la nature : un « enclos soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonnée, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères », décrivait-il. 


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    Le rêve de tout naturaliste n'est-il pas d'explorer et comprendre au plus près de son sujet d'étude ? Ce rêve Jean-Henri FabreJean-Henri Fabre (1823-1915) l'a concrétisé à Sérignan-du-Comtat, à 30 km d'Avignon, dans le Vaucluse et sur ses vieux jours, il s'est consacré exclusivement à l'observation des insectes pollinisateurs et les fourmis.

    Issu d'un milieu modeste, quasi autodidacte son premier ouvrage porteporte sur les guêpes fouisseuses. Au crépusculecrépuscule de sa vie, il réussit par acheter ce domaine envahi de ronces épineuses, l'Harmas, une friche aride en occitan, « mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonnée, stérile, brûlé par le soleilsoleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères ». La petite histoire raconte qu'on le rencontrait plus volontiers à l'horizontal, couché dans l’herbe et muni d'une loupe, qu'à la verticale, en station debout. Il écrit ici les dix volumesvolumes de ses Souvenirs entomologiques entre 1879 et 1907, aujourd'hui traduits en quinze langues. Il est cité par DarwinDarwin qui décrit cet entomologiste dans l'Origine des espèces comme un « observateur inimitable ». On le consulte de toutes parts, comme Louis PasteurLouis Pasteur qui lui demande son aide pour sauver le ver à soie français. Et Jean RostandJean Rostand le qualifie de « grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète ». C'est aussi un vulgarisateur d'écrits scientifiques, reconnu, de la Russie aux États-Unis, de la Chine au Japon où ses ouvrages sont inscrits au programme de l'enseignement à l'école primaire.

    Un scientifique, poète provençal et philosophe

    Aujourd'hui, le Harmas de Jean-Henri Fabre, lauréat de l'Académie française, fait partie du Muséum d'histoire naturelle qui nous invite à faire comme son ancien propriétaire : observer, sur un hectare d'herbes folles ces petits habitants qui peuplent les aubépinesaubépines, les groseilliers sauvages, les romarins et les lavandeslavandes. Les quelque 500 espèces, forsythiasforsythias et photinias, œillets d'Indeœillets d'Inde ou lis, variétés d'arbustes et plantes méditerranéennes, ont été choisies par Fabre qui a pris soin d'aménager deux fontaines pour satisfaire la faunefaune aquatique, libelluleslibellules et autres grenouilles.

    Le Harmas abrite aussi un potager typique avec ses carrés de plantes aromatiquesaromatiques et médicinales, ainsi que des légumes anciens. Petites fleurettes mais aussi grands sujets, dans le harmas, se trouvent des massifs de bambous, un arboretum regroupant des chênes vertschênes verts et kermès, des pins d'Aleppins d'Alep, des pistachiers, figuiersfiguiers, arbresarbres à perruque et laurierslauriers sauce mais aussi un cèdre de l'Atlas et un curieux arbre à crayon.

    Il est également possible de visiter sa demeure familiale où sont conservés sa correspondance, ses herbiers qu'il commença à l'âge de 18 ans, quelque 600 aquarelles... Et une foultitude d'émouvants objets du quotidien, son cabinet de travail, son harmonium sur lequel, avec ses enfants, il composait la musique de ses poèmes provençaux...