En dérive sur la Banquise depuis le 11 avril dernier, Jean Louis Etienne a pu observer les prémices du printemps en Arctique. Mardi 7 avril, la banquise a du estimer que l'explorateur était trop tranquille : la glace s'est fracturée à 800 mètres au sud, provoquant une ligne de blocs de glace qui s'étale d'est en ouest. Ce chenal d'eau libre marque le début du printemps en Arctique où la température vacille entre –15 et –10 degrés. Par contre, la plaque sur laquelle navigue Jean Louis Etienne n'a pas bougé et son épaisseur est toujours de 2,35 mètres. En compagnie de son chien Lynet, Jean Louis Etienne est parti observer le chenal et pour la première fois, il a mesuré son « isolement. Un minuscule point sur cette immensité chaotique. »

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    Image du site Futura Sciences

    Une implication nationale

    Mais l'explorateur est loin d'être seul. Sa mission est notamment soutenue par le ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement (MATE) et l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie. La « Mission Banquise » a été mise en place également en partenariat avec GazGaz de France, Univeler, Fleury-Michon et le Conseil Régional Midi-Pyrénées.

    Mais ce sont surtout les laboratoires scientifiques* qui s'intéressent de prés aux résultats que va récolter Jean Louis Etienne. Des résultats qui permettront de recueillir des données scientifiques sur l'écosystème arctique dans le contexte actuel de changement climatiquechangement climatique.

    La mission s'inscrit également dans le projet de lutte contre les émissionsémissions de gaz à effet de serre menée par le MATE, dans le cadre du Programme National de Lutte contre le Changement Climatique mis en œuvre par le gouvernement depuis janvier 2000.

    Océan glacial Arctique : thermomètre du globe

    Depuis 1960, les scientifiques s'accordent pour constater que la banquise connaît une régression de 40% de son épaisseur, et 6% de son étendue. Au cœur de l'hiver, la banquise du pôle nord mesure prés de 15 millions de km². Mais pendant les trois mois que dure l'été, cette banquise perd la moitié de cette surface. Seule la partie restante perdure, entre 2 et 4 ans au plus, pour atteindre une épaisseur de 4 à 5 mètres. Le reste traversera l'océan Glacial Arctique. C'est ce que l'on appelle la dérive Arctique.

    En juillet 2001, la Lettre du Programme International Geosphère BiosphèreBiosphère-Programme Mondial de Recherches sur le ClimatClimat (PIGB-PMRC), précisait que l'océan Glacial Arctique était aux avants-postes du changement climatique global. Des observations récentes révélaient une variation importante et insoupçonnée de l'épaisseur des glaces de mer.
    Compilés aux différents résultats obtenus lors des missions de brises-glace ainsi qu'aux observations faites depuis les sous-marinssous-marins nucléaires de l'US Navy au cours des opérations SCICEX (1993-1999), les données de la « Mission Polaire » devraient renforcer les thèses d'un réchauffement planétaire rapide.

    Pour l'Histoire, c'est le Norvégien Fridtjof Nansen qui le premier se lanca dans l'exploration de l'Arctique, à la fin du 19ième siècle. Il découvrira l'océan Arctique, un océan profond divisé par la dorsale de Lomonosov en deux bassins principaux, le bassin Eurasien et le bassin Canadien. En Hiver, cet océan est emprisonné dans les 15 millions de km² que forme la banquise. Cette dernière est constamment en mouvementmouvement, subissant des contraintes de fortes amplitudes mais surtout résistant difficilement à la divergence ou au cisaillement au printemps. Une expérience qu'est en train de vivre en direct Jean Louis Etienne, à bord de sa minuscule capsule.

    Caroline Idoux - Futura-Sciences Paris

    • Liste des Laboratoires impliqués dans la Mission banquise :

    - Laboratoire d'Optique Atmosphérique de l'université de Lille (LOA) : Etude de l'énergieénergie solaire incidente, du rayonnement solairerayonnement solaire, des aérosolsaérosols dans l'atmosphèreatmosphère.
    - Laboratoire d'Océanographie Dynamique et de ClimatologieClimatologie (LODYC) qui dépend du CNRS, de l'IRDIRD et de l'Université Pierre et Marie CurieMarie Curie, à Paris : Etude des températures de la glace.
    - Laboratoire d'Océanographie de Villefranche sur Mer (LOV) : Etude de la température et salinitésalinité des eaux marines.
    - Département d'Océanographie spatiale de l'IFREMERIFREMER, à Brest : détection et évolution des glaces par imagerie satellite ; comparaison aux données in situ.
    - Institut des Sciences de l'Evolution, à Montpellier : Etude des pollenspollens
    - Laboratoire de Biologie de l'Université du littoral Côte d'OpaleOpale, à Wimereux : Etude du planctonplancton.
    - Centre de Localisation des Satellites (CLS) à Toulouse : Localisation du Polar Observer, transmission des données ; station météo.

    Liste disponible sur le site Educnet de la « Mission Banquise »