En 2018, le groupe EDF lançait Switch, le programme de transformation numérique de l’ingénierie nucléaire. Il entre dans la stratégie du Groupe Cap 2030. L’objectif d’EDF est, en effet, d’amorcer une réduction de CO2 à l’horizon 2030 pour aboutir à un avenir énergétique neutre en carbone en 2050. Les objectifs envisagés par le Groupe s’inscrivent dans une stratégie de performance où la préservation de la Planète se conjugue avec la mise en place de solutions innovantes.
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Le numérique est donc un des leviers importants pour accompagner le défi de la transformation de la filière nucléaire en France et ainsi gagner en performance et compétitivité. Bruno Lièvre, directeur des Systèmes d’information de l’Ingénierie nucléaire au sein d’EDF, nous explique le programme Switch, ses enjeux et défis.
Quels sont les enjeux de cette transformation numérique ?
Switch est un programme qui s'adresse à la filière nucléaire française. Une tranche nucléaire représente des millions de données, des milliers de composants et un cycle de vie long de plusieurs décennies ! C’est donc une transformation qui concerne avant tout nos pratiques, nos méthodes de travail, autour de la conception et de la construction des tranches nucléaires, et pour l’accélérer, nous nous appuyons sur les capacités du numérique.
Quelles sont les prochaines étapes et enjeux à venir ?
Nous avons d’abord déployé un PLM (ndlr : Protect Lifecycle Management), la solution numérique qui permet de gérer le cycle de vie d’un produit tel qu’une tranche nucléaire. Ce PLM constitue la « colonne vertébrale » des systèmes d’information de l’ingénierie, autour de laquelle s’articulent les autres applications et outils métiers. À ce titre, nous signons des partenariats de long terme avec des éditeurs de logiciels de référence dans le secteur de l’industrie. Il s’agit pour nous d’adopter un mode de fonctionnement collaboratif autour de la donnée (datacentric) pour que nos fournisseurs et partenaires travaillent directement avec nos outils (de n’importe quel site géographique, en Europe).
Nous finalisons la première étape de déploiement de services numériques au service de nos projets. On peut par exemple citer l’implémentation d’un PLM en support d’un projet d’EPR en construction, permettant de fédérer plus de 20 millions de données (reliées entre elles) ou encore un PLM pour le projet de nouveaux réacteurs EPR2, qui lui, sera le jumeau numérique complet de la centrale. En complément, nous avons déployé les solutions de mobilité pour la surveillance des fabrications dans les usines ou encore les premiers accès sécurisés à notre « maquette numérique 3D » à nos partenaires. Nous modernisons nos SI en faisant appel et mettant en œuvre les technologies de pointe les plus adaptées aux besoins de nos utilisateurs.
Quelles sont les prochaines étapes du programme ?
Nous poursuivons sur la même dynamique en préparant par exemple l’appui aux chantiers de construction des nouveaux EPR2 et l’utilisation massive de la mobilité pour les différents métiers, l’exploitation des technologies IOT (ndlr : Internet des objets), le développement des usages de la 4D et la mise en œuvre de solutions d’échanges de données sécurisées.
Nous déployons les jumeaux numériques pour qu’ils puissent accompagner la tranche tout au long de son cycle de vie de la conception, construction et exploitation tout en assurant la protection de notre patrimoine. Les sujets sont nombreux et cadencés par les jalons industriels de nos projets.
Quels types de talents souhaitez-vous recruter pour faire avancer et réussir la transformation numérique de l’ingénierie ?
Nous avons besoin de plus 70 personnes avec des profils variés : des architectes d’entreprise, des experts en cybersécurité, en data, des projects managers et des product owners. Nous sommes notamment intéressés par des personnes qui ont de l'expérience dans d’autres industries comme l’aéronautique, l’aérospatiale ou l’automobile.
Nous recherchons des personnes qui ont envie de participer à cette aventure exceptionnelle visant à construire les SI qui accompagneront les projets dans le domaine du nucléaire pour les prochaines décennies. Intégrer le programme Switch, c’est apporter sa pierre à l’édifice dans ce défi industriel et dans le cadre de la transition énergétique.
Le rôle de ces futurs collaborateurs ? Imaginer, concevoir l’environnement de travail de nos ingénieurs de demain et contribuer à la refonte en profondeur de nos façons de travailler.
Pour finir, pourriez-vous citer un des défis relevés depuis le lancement du programme Switch et dont l’équipe qui y travaille est particulièrement fière ?
Un des défis pour conduire cette transformation est par exemple de faire collaborer 500 à 600 personnes de métiers et univers différents. Depuis le lancement du programme, nous utilisons les standards SAFe (ndlr : le fait d’instaurer au sein d’une même entité un langage commun et fluide entre les différentes équipes œuvrant pour le développement d’un produit commun). Ces méthodes fédèrent l’ensemble des acteurs (métiers, SI, partenaires numériques) et contribuent à accélérer la mise en service des solutions numériques.
Article rédigé en partenariat avec EDF