L’expérimentation des ordonnances vertes mise en place à Strasbourg pour sensibiliser les femmes enceintes aux perturbateurs endocriniens pourrait être généralisée à toutes les Françaises.


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    Étant donné le succès rencontré, le dispositif d’ordonnance verte qui n'était qu'une expérimentation va être reconduit et étendu à Strasbourg. Il a permis en effet depuis novembre 2022 à plus de 800 femmes enceintes volontaires d'être sensibilisées aux perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens pendant la duréedurée de leur grossesse. Elles ont pu ainsi bénéficier d'un panier gratuit de fruits et légumes bio chaque semaine pendant sept mois, et d'ateliers sur l'alimentation comme sur les cosmétiques, les jouets ou encore les produits ménagers.

    Une période de plus grande vulnérabilité

    L'objectif de ce dispositif est que les femmes enceintes comprennent mieux et se protègent des perturbateurs endocriniens, au moment où elles comme leur bébé sont plus vulnérables. En effet, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), certaines périodes de la vie appelées « fenêtresfenêtres d'exposition », présentent une sensibilité accrue à certaines de ces substances, notamment celle du développement fœto-embryonnaire ou de la petite enfance.

    L'initiative des ordonnances vertes a permis à plus de 800 Strasbourgeoises enceintes de recevoir une information sur les perturbateurs endocriniens. Elles ont également bénéficier d’un panier gratuit de fruits et légumes bio chaque semaine durant 7 mois. © Anatoly Tiplyashin, Adobe Stock
    L'initiative des ordonnances vertes a permis à plus de 800 Strasbourgeoises enceintes de recevoir une information sur les perturbateurs endocriniens. Elles ont également bénéficier d’un panier gratuit de fruits et légumes bio chaque semaine durant 7 mois. © Anatoly Tiplyashin, Adobe Stock

    Transformer sa façon de consommer

    « 11 000 paniers ont été distribués, plus de 80 ateliers organisés dans tous les quartiers de la ville et, au-delà des futures mamans, c'est généralement toute leur famille qui a été sensibilisée et qui change de comportement », se félicite Alexandre Feltz, adjoint en charge de la Santé à la Mairie de Strasbourg. D'autant que cette ordonnance verte est prescrite par les professionnels de santé, gynécologuesgynécologues, sages-femmessages-femmes et médecins généralistes, et n'est donc pas seulement adressée qu'aux femmes qui y sont sensibilisées.

    Les ordonnances vertes accessibles à toutes les Françaises

    À Strasbourg, cette initiative sera donc ouverte en 2024 plus largement à 1 500 futures mères, pour qui les pré-inscriptions sont déjà ouvertes. Ce dispositif fait aussi l'objet d'une proposition de loi portée à l'Assemblée nationale pour que toutes les Françaises puissent en bénéficier. « S'il existe des éléments intéressants dans la 2e stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, peu d'actions concrètes sont proposées comme celle des ordonnances vertes, alors qu'elle est facile à mettre en place, transforme la vie des gens et crée de l'emploi », souligne Sandra Regol, députée du Bas-Rhin, vice-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale et à l'origine de ce projet de loi.

    700 millions d’euros versus 160 milliards d’euros

    Comment financer ce dispositif à l'échelle nationale estimé autour de 700 millions d'euros par an, en extrapolant le budget des 500 000 euros nécessaires aux 800 Strasbourgeoises aux 723 000 naissances sur le territoire en 2022 ? « C'est vraiment un investissement de santé publique primordial qui n'est pas exorbitant au regard des coûts engendrés par l'exposition aux perturbateurs endocriniens qui atteindraient près de 160 milliards d’euros au niveau européen », précise Sandra Regol.