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Le Falcon Heavy est le lanceur le plus puissant au monde depuis la fameuse Saturn V des missions ApolloApollo. Haut de 70 mètres, ce lanceur compte 27 moteurs au culot de son étage principal, formé de trois étages principaux du Falcon 9, et large de 12,7 mètres ! Une configuration qui lui confère une poussée de 24.681 Kilonewtons (kN) dans le vide, de plus de 22.819 kN au niveau de la mer, équivalente à 18 Boeing 747 ! Son étage supérieur est propulsé par un seul moteur Merlin qui sera réallumable et délivrera une poussée de 934 (kN).
Le Falcon Heavy est annoncé avec une performance de plus de 26 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. Il n'existe pas encore de marché pour ce type de performance et il arrive aussi trop tôt pour le lancement des infrastructures spatiales nécessaires à l'envoi d'humains sur Mars, ou autour de la Lune, comme projettent de le faire l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) et la Nasa, lesquelles disposeront du SLS de la Nasa. Cependant, en version réutilisable, ce lanceur diminuera de moitié sa performance et se trouvera alors dans le cœur de marché d'ArianespaceArianespace, celui, très lucratif, des satellites de télécommunications de plus de 5 tonnes.
Comparaison du Falcon Heavy avec d'autres lanceurs. © SpaceX
Falcon Heavy et le marché des satellites
On pourrait penser que le Falcon Falcon Heavy représente une proposition plus crédible que le Falcon 9 sur le marché des satellites de plus de 5 tonnes. Or, ce n'est plus vraiment le cas. Les premières versions du Falcon 9 pouvaient transporter 4,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire (GTO), incliné à 28,5°. Mais les améliorations apportées lui permettent désormais de réaliser des vols en GTO à plus de 6 tonnes. Si l'on tient compte de la récupération de l'étage sur la barge en pleine mer, qui coûte environ 15 % de performance, le Falcon 9 peut concurrencer efficacement Ariane 5Ariane 5 sur le marché des satellites de plus de 5 tonnes.
Sur le papier, la version réutilisable du Falcon Heavy est donc une menace plus sérieuse pour Arianespace que le Falcon 9. Cependant, depuis quelques années, l'arrivée à maturité de la propulsion électrique change la donne. Elle devrait orienter le marché de ces satellites vers une gamme unique de modèles de 3 à 4 tonnes, même si des exceptions seront toujours possibles (SES 12, par exemple), rendant ce lanceur bien moins attrayant.
À charges utiles identiques, les satellites électriques sont moins lourds que ceux à propulsion chimique. En effet, ils emportent beaucoup moins de carburant, ce qui réduit d'autant leur massemasse. En d'autres termes, un satellite de télécommunications de 5 ou 6 tonnes passe à plus ou moins 4 tonnes avec la propulsion électrique. Ce gain de masse offre deux choix aux opérateurs : soit ils l'utilisent pour baisser le coût du lancement (avec un lanceur moins puissant), soit ils en profitent pour augmenter la charge utile. Pour l'instant, tout indique qu'ils préfèrent essentiellement affecter ce gain de masse à la baisse du coût de lancement et, par conséquent, orienter le marché des satellites vers cette gamme unique de satellites de télécommunications.