Qu’est-ce qu’un astronaute de réserve ? C’est une originalité de la sélection 2022 de l’Agence spatiale européenne. Arnaud Prost est un des onze astronautes réservistes sélectionnés. Il est français, il a 30 ans, on découvre son poste à l’occasion d’un entretien exclusif avec Futura.


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    À l'occasion de la révélation de la nouvelle promotion d'astronautes de l'ESA à Paris le 23 novembre 2022, l'astronaute réserviste français Arnaud Prost nous accorde quelques instants. Et en bonus, quelques mots de Sophie Adenot.

    Futura : Racontez-nous un peu votre parcours, extrêmement riche pour quelqu’un qui a juste 30 ans

    Arnaud Prost : Actuellement, je travaille comme ingénieur d'essai pour la direction générale de l'armement (DGA). Je travaille au centre d'essais en vol de Istres, dans le sud de la France. Je fais partie de l'équipe Rafale. Avant ça, j'ai fait une formation de pilote militaire pendant trois ans dans l'armée de l'air. Il y a quelques années, j'ai travaillé dans une entreprise qui s'appelle la Comex, comme plongeur professionnel. Sur le plan universitaire, je suis diplômé de l'École Polytechnique et de l'ISAE-Supaéro, et j'ai fait un double diplôme à l'Université de Toulouse Paul-Sabatier en astrophysique, sciences de l'espace, et planétologie. 

    C'était un peu comme dans Harry Potter, où il aurait fallu le retourneur de temps pour pouvoir tout faire

    Futura : Est-ce que tu peux nous raconter tes années toulousaines à Supaero et au Master ASEP ?  

    Arnaud Prost : C'était formidable. Franchement j'ai adoré même si c'était très chargé parce que le double diplôme n'était pas forcément aménagé, donc on avait souvent des cours en même temps. C'était un peu comme dans Harry Potter, où il aurait fallu le retourneur de temps pour pouvoir tout faire. On apprend énormément de choses. J'ai trouvé que la qualité de l'enseignement à Supaéro était vraiment extraordinaire. Je suis très reconnaissant pour cette opportunité d'avoir pu étudier là-bas et être diplômé de Supaéro et de l'université de Toulouse Paul-Sabatier. 

    Ingénieur d'essai avant d'être sélectionné, Arnaud Prost n'est le seul... C'est une des plus grandes voies pour devenir astronaute dans le monde. © Armée de l'Air et de l'Espace
    Ingénieur d'essai avant d'être sélectionné, Arnaud Prost n'est le seul... C'est une des plus grandes voies pour devenir astronaute dans le monde. © Armée de l'Air et de l'Espace

    Futura : À quand remonte le rêve de devenir astronaute ? 

    Arnaud Prost : C'est un rêve que j'ai depuis tout petit. Au début, c'est un peu irrationnel. On a envie d'aller dans les étoiles pour des raisons qui ne s'expliquent pas forcément. Au fur et à mesure, j'ai eu une approche plus analytique sur ce rêve et notamment le fait de me former dans des institutions comme Polytechnique, Supaéro, ou l'université de Toulouse Paul-Sabatier. Ça a confirmé que c'est ce que je voulais faire et que c'était quelque chose de passionnant.

    Futura : Tu es devenu astronaute de réserve. Peux-tu nous rappeler en quoi cela consiste ? 

    Arnaud Prost : Pour la première fois, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) a recruté à la fois un groupe d'astronautes de carrière, dont fait partie Sophie Adenot, et aussi un groupe de d'astronautes de réserve, dont je fais partie. L'objectif pour l'ESA, c'est d'avoir un groupe de personnes qui soient disponibles pour pouvoir contribuer, en participant à des études, en supportant les autres astronautes, mais aussi peut-être avoir des opportunités de vol de plus courte duréedurée ou quelque chose qui pourrait arriver dans les prochaines années, de rester prêt à monter à bord si jamais une opportunité se présente. 

    Arnaud Prost a récemment réalisé une plongée à 2 400 mètres profondeur à bord du sous-marin Nautile de l'Ifremer, ce qui étend son expérience en milieu confiné et extrême ! © Ifremer
    Arnaud Prost a récemment réalisé une plongée à 2 400 mètres profondeur à bord du sous-marin Nautile de l'Ifremer, ce qui étend son expérience en milieu confiné et extrême ! © Ifremer

    Futura : Quel est le programme des prochaines années pour un astronaute de réserve ? 

    Arnaud Prost : La grosse différence par rapport à Sophie Adenot, c'est que moi je vais continuer mon travail actuel. Donc, ma priorité est faire le maximum pour continuer de faire ma mission actuelle correctement, continuer de travailler au profit des armées françaises et de la direction générale de l'armement. Mais j'aurai une partie de mon temps pendant l'année que je pourrai consacrer à l'Agence spatiale européenne. Je pourrai participer à des études, me former, faire des entraînements, maintenir aussi mon attitude médicale, pour pouvoir sauter sur une occasion si elle se présente. 

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    Comment sont choisis les astronautes et quelles sont les missions qui les attendent ?

    Futura : Quel serait ton message à adresser aux jeunes qui rêvent aujourd’hui de devenir astronaute ? 

    Arnaud Prost : Le conseil que je pourrais leur donner, c'est le pari qui pour moi a été gagnant, c'est de s'engager dans la voie scientifique. Non seulement ça ouvre beaucoup de portesportes, comme ça m'a permis de devenir astronaute de l'ESA, mais en plus sur le plan personnel je pense que c'est vraiment très enrichissant de se former aux sciences. C'est ce qui permet de vraiment comprendre les choses, d'avoir une approche calme, rationnelle, sur ce qui se passe, de pouvoir être analytique. Et je pense que c'est la source de beaucoup d'accomplissements personnels. 

    Arnaud Prost. © Daniel Chrétien, Futura
    Arnaud Prost. © Daniel Chrétien, Futura

    En bonus, nous avons pu poser une question à Sophie Adenot, avant que Thomas PesquetThomas Pesquet nous l'enlève pour une autre interview.

    Futura : Est-ce que vous avez déjà vécu des moments critiques pendant lesquels il a fallu avoir vraiment la tête froide et faire preuve d'esprit d'équipe ? 

    Sophie Adenot : Quand on a 3 000 heures de vol sur tout un tas de machines différentes, forcément, on rencontre des situations avec des cheminements pas nominaux. 

    Sophie Adenot et Thomas Pesquet. © Daniel Chrétien, Futura
    Sophie Adenot et Thomas Pesquet. © Daniel Chrétien, Futura