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Un aller simple pour Mars. La certitude de ne jamais revoir la Terre ni le reste de l'humanité, mais l'espoir de faire progresser les connaissances humaines et d'entrer dans les livres d'histoire. Ce sacrifice suprême a séduit des milliers de personnes qui se sont inscrites au projet Mars One du Néerlandais Bas Lansdorp. Close en août 2013, la première vaguevague de sélection a enregistré 202.586 candidats venus de 140 pays. Sur dossier, les organisateurs de Mars One en ont finalement retenu 1.058 selon le communiqué de Mars One.
Cet aller simple vers la Planète rouge est conçu en plusieurs étapes, avec un premier lancement d'essai en 2018 qui comprend la mise en orbite d'un satellite de communication, puis l'atterrissage d'un rover en 2020 et celui de plusieurs unités de vie entre 2022 et 2023. Avec ce calendrier (retardé par rapport aux idées initiales), un premier équipage de quatre personnes quittera la Terre en 2024 pour s'installer sur sa nouvelle planète en 2025. De nouveaux migrants suivront tous les deux ans.
Le financement, privé, s'appuie sur des sponsors et sur des émissions payantes de « téléréalité » qui montreront la colonie vivre et explorer. Quant au moyen de parvenir jusque sur Mars, les organisateurs disent s'appuyer sur SpaceX. L'entreprise d'Elon MuskElon Musk, déjà capable de mettre en orbite des satellites géostationnaires avec son lanceur Falcon 9, ravitaille la Station spatiale internationale avec sa capsule Dragon et a déjà exposé un projet de mission humaine vers Mars. Du côté des scientifiques, le physicienphysicien néerlandais Gerard 't Hooft est toujours un fan et fait la promotion du projet.
Atterrissage d'un module sur mars en février 2023. Selon l'agenda de Mars One, six de ces engins, automatiques, tous lancés en 2022, se poseraient les uns à côté des autres. Deux seraient des lieux de vie, deux serviraient de stockage pour l'approvisionnement en eau et nourriture et deux contiendraient des équipements pour les colons. © Mars One
Consacrer sa vie à l'exploration de Mars
Jean-François Clervoy, astronauteastronaute à l'Esa, est lui bien plus sceptique. S'il se dit prêt à participer à une mission sur Mars, ce ne serait certainement pas pour ne pas en revenir. « L'idée d'un aller simple ne me paraît pas saine, expliquait-il à Futura-Sciences. Les premiers à aller sur Mars seront des envoyés de l'humanité et il sera très important qu'ils reviennent pour témoigner de ce qu'ils auront vécu. Ce ne doit pas être des gens qui voudraient quitter définitivement notre société... » Pour lui, une telle mission doit être confiée à des professionnels. « Ce serait malhonnête de laisser partir un équipage qui ne serait pas expert de son propre vaisseau et de la gestion des pannes, car leurs chances de s'en sortir en cas d'anomalieanomalie seraient très réduites. »
Les volontaires sont d'un autre avis. Parmi le millier de candidats sélectionnés figure une journaliste et blogueuse française, Florence Porcel, également chroniqueuse à l'émission La tête au carré sur France Inter. Sur un blogblog dédié à Mars One, elle détaille les raisons qui la poussent à adhérer à ce projet sans retour et répond aux questions qui lui sont souvent posées. « Non, ce n'est pas une mission suicide, explique-t-elle. La vie elle-même est une mission suicide. » Selon elle, en substance, il ne s'agit pas d'aller mourir sur Mars, mais d'aller y vivre.
Les défis techniques et financiers sont encore légion et cet héroïque projet a des obstacles devant lui. Mais il démontre que Mars et l'exploration d'autres mondes font rêver les humains.