Retour sur les deux jours de la future astronaute française et européenne passés à Toulouse. Outre de nombreuses visites officielles, Sophie Adenot a rencontré plusieurs fois le public et partagé ses sentiments sur sa première rentrée en tant qu’astronaute de l’ESA, prévue dans un mois.


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    « On vous la confie, prenez bien soin d'elle ! », s'exclame un gradé de l'Armée de l'Air et de l'Espace auprès d'un cadre de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) vendredi 10 mars, au soir, une fois le point presse terminé à la Cité de l'espace à Toulouse. Il précise qu'elle « passe de l'hélico au stylo ». En effet, Sophie Adenot, lieutenant-colonel, va bientôt changer d'employeur en passant de pilote d'essai d'hélicoptère à astronaute de l’ESA.

    Au point presse, le vendredi 10 mars. Sophie Adenot était notamment en compagnie d'Arnaud Prost et de Didier Schmitt (à droite). © Daniel Chrétien, Futura
    Au point presse, le vendredi 10 mars. Sophie Adenot était notamment en compagnie d'Arnaud Prost et de Didier Schmitt (à droite). © Daniel Chrétien, Futura

    Retour à l’école

    Répondant aux questions de la presse, Sophie Adenot n'a pu cacher sa joie de devenir bientôt une nouvelle élève, une rookie qui devra passer des mois, voire des années, avant de partir en vol. « J'ai hâte de retourner à l'école. J'adore apprendre », confie la future astronaute. Le début de la formation est censé avoir lieu dans un mois, à la mi-avril. Abandonnera-t-elle sa carrière de pilote ? Pas forcément. En dehors d'une mission en vol ou au sol, Sophie Adenot pourrait bien reprendre le manche comme le fait occasionnellement Thomas PesquetThomas Pesquet en tant que pilote de vols zéro-G pour Novespace.

    Au cours du point presse, Sophie Adenot revient sur les soft skills (qualités) indispensables pour être astronaute. « En tant que pilote, j'ai appris à gérer la communication en groupe. » Présent à ses côtés, Didier Schmitt, coordinateur du programme d'exploration humaine et robotiquerobotique pour le conseil de l'ESA rappelle que derrière un astronaute en vol dans l'ISSISS, travaillent un millier de personnes. L’astronaute de réserve Arnaud Prost était également présent pendant toute la visite. Au point presse, il ajoute que la patience est une qualité plus que recommandée, qu'il faut toujours imaginer le pire pour mieux réagir. Les qualités demandées tendent toutefois à évoluer. Didier Schmitt rappelle que la promotion d'astronautes de Sophie Adenot aura l’occasion de faire des vols lunaires, qui nécessitent un certain esprit d'initiative. Pour exemple, Didier Schmitt rappelle que Niel Armstrong (Apollo 11Apollo 11) avait décalé le Lunar Module au dernier moment pour éviter de se poser sur un cratère.

    Claudie Haigneré, Arnaud Prost et Sophie Adenot sur le terrain martien de la Cité de l'Espace à Toulouse. © Armée de l'Air et de l'Espace
    Claudie Haigneré, Arnaud Prost et Sophie Adenot sur le terrain martien de la Cité de l'Espace à Toulouse. © Armée de l'Air et de l'Espace

    « Basic Training »

    La formation de base de l'ESA durera 12 mois, au Centre d'entraînement des astronautes (EAC) de l'ESA à Cologne, Allemagne. La promotion est placée sous la responsabilité de l'astronaute allemand Alexander Gerst. Le programme est riche : introduction à la galaxie ESA, aux rôles des agences nationales des pays membres et des nombreux partenaires, et des divers programmes de l'Agence européenne. L'introduction s'étend aussi au spatial en général. S'ensuivent les fondamentaux indispensables pour le vol spatial. Il s'agit de mettre en commun tous les savoirs et savoir-faire pour des recrues aux spécialités différentes : astrophysique, pilotage, ingénierie, médecine, etc. Le « Basic Training » contient aussi la longue introduction des futurs astronautes à leurs environnements de travail : ISS, vaisseaux. Un astronaute en mission doit connaître tous les fonctionnements et toutes les procédures sur le bout des doigts pour gérer habilement une situation de crise. Plusieurs entraînements pratiques sont également prévus.

    Sophie Adenot et Arnaud Prost sont venus rendre visite aux nombreux employés du Cnes. Plusieurs équipes travaillent en interaction directe avec l'ISS. © ESA
    Sophie Adenot et Arnaud Prost sont venus rendre visite aux nombreux employés du Cnes. Plusieurs équipes travaillent en interaction directe avec l'ISS. © ESA

    Seule Sophie Adenot et les quatre autres astronautes de carrière suivront le Basic Training. Arnaud Prost restera à son poste à la DGA comme ingénieur d'essai. Toutefois, il commencera à suivre également des cours. En plus des cinq, une autre recrue se joindra à la formation de base : Katherine Bennell-Pegg, dont la formation est prise en charge par l'Agence spatiale australienne. La classe sera ainsi 50 % féminine, une première dans l'histoire de l'astronautiqueastronautique. Répondant à une question de Futura à ce sujet, Sophie Adenot nous confie : « ce n'est pas un problème de genre pour moi, il n'y a que des critères de compétences ». Didier Schmitt ajoute toutefois que ce n'est pas la même chose qu'en 2009, où Samantha Cristoforetti était la seule femme astronaute de la promotion. Il souligne aussi que de manière générale les candidatures féminines sont de qualité : sur 24 % de candidatures féminines à la sélection, on est passé à 40 % de femmes parmi les reçus.

    Sophie Adenot et Arnaud Prost rendant visite aux étudiants de l'ISAE <em>via</em> l'association OSE ISAE, dont elle est la marraine. © OSE
    Sophie Adenot et Arnaud Prost rendant visite aux étudiants de l'ISAE via l'association OSE ISAE, dont elle est la marraine. © OSE