Il y a des matins où l'on se sent grincheux, de mauvais poil dès potron-minet… La faute à la grisaille du petit jour ou à une mauvaise nuit ? Le sommeil étant associé aux facteurs de risques de développer des maladies chroniques, une étude a synthétisé cinq décennies de recherche sur le sommeil et l'état émotionnel. 


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    Vous vous êtes levé du pied gauche ? Ce n'est pas irrémédiable, et c'est peut-être même simplement dû à un manque de sommeil, comme le révèle une nouvelle étude internationale. Un sommeil de moins bonne qualité, ou en moindre quantité, pourrait nuire au fonctionnement émotionnel, impacter les humeurs positives et exposer les personnes concernées à un risque plus élevé de symptômes d'anxiété.

    « Dans notre société largement privée de sommeil, il est essentiel de quantifier les effets de la perte de sommeil sur les émotions pour promouvoir la santé psychologique », explique d'emblée le Dr Cara Palmer de la Montana State University (États-Unis), et principale auteure de l'étude, dans un communiqué. « Cette étude représente la synthèse la plus complète de la recherche expérimentale sur le sommeil et les émotions à ce jour, et fournit des preuves solidessolides que les périodes d'éveil prolongé, la réduction de la duréedurée du sommeil et les réveils nocturnesnocturnes influencent négativement le fonctionnement émotionnel de l'être humain », ajoute-t-elle.

    Ces travaux synthétisent pas moins de cinq décennies de recherches sur le manque de sommeil et l'humeur, et se basent sur l'analyse des données de 154 études regroupant 5 717 participants. Lesquels ont vu leur sommeil volontairement perturbé par les chercheurs pendant une ou plusieurs nuits, ont été maintenus éveillés sur une longue période, ont dormi moins longtemps que d'ordinaire, ou ont été réveillés régulièrement au cours de la nuit, selon les expériences. Toutes les études ont également analysé au moins un marqueur lié à l'émotion, qu'il s'agisse de l'humeur autodéclarée, de la réaction des participants à des stimuli émotionnels, ou des symptômes de dépression et d'anxiété.

    Le manque de sommeil influence le fonctionnement émotionnel. © Ametz, Adobe Stock
    Le manque de sommeil influence le fonctionnement émotionnel. © Ametz, Adobe Stock

    De la fatigue mais pas seulement : de l'anxiété et un palpitant qui s'affole

    Publiés dans la revue Psychological Bulletin, les résultats révèlent que le manque de sommeil n'induit pas uniquement de la fatigue, loin de là. Il influencerait également de façon négative le fonctionnement émotionnel, notamment les humeurs positives, et augmenterait le risque de symptômes anxieux et dépressifs. Plus concrètement, peu importe l'expérience prise en compte, les chercheurs ont observé des effets néfastes sur la joie, le bonheur, et la satisfaction chez les participants à ces travaux, ainsi qu'une hausse des symptômes d'anxiété qui se sont notamment traduits par une accélération du rythme cardiaque.

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    « Cela s'est produit même après de courtes périodes de manque de sommeil, comme le fait de se coucher une heure ou deux plus tard que d'habitude ou après avoir perdu seulement quelques heures de sommeil. Nous avons également constaté que le manque de sommeil augmentait les symptômes d'anxiété et émoussait l'éveil en réponse à des stimuli émotionnels », poursuit le Dr Cara Palmer.

    Élaborer la prévention dans les métiers exposés au manque de sommeil

    Cette étude comporte certaines limites, comme le manque de diversité en termes d'âge des participants (23 ans en moyenne) et de cultures (États-Unis et Europe uniquement), mais elle permet néanmoins d'évaluer l'impact que peut avoir le manque de sommeil sur la santé mentale des hommes et des femmes, avec les conséquences que cela peut avoir sur leur vie personnelle et professionnelle.

    « Les recherches ont montré que plus de 30 % des adultes et jusqu'à 90 % des adolescents ne dorment pas suffisamment. Les implications de cette recherche pour la santé individuelle et publique sont considérables dans une société largement privée de sommeil. Les industries et les secteurs exposés au manque de sommeil, tels que les premiers intervenants, les pilotes et les chauffeurs routiers, devraient élaborer et adopter des politiques qui donnent la priorité au sommeil afin d'atténuer les risques pour le fonctionnement et le bien-être au cours de la journée », conclut la principale auteure de ces travaux.