Sous une forme très simple, consistant à voler au milieu des astéroïdes, le centre national de recherche britannique contre le cancer propose d'aider les scientifiques à analyser les données génétiques récoltées sur 2.000 tumeurs du sein. Le travail à réaliser dépasse en effet les capacités de calcul de ce centre, alors que l'œil humain est bien plus rapide...

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    À première vue, Play To Cure: Genes in Space ressemble à un simulateur de vol spatial, et d'ailleurs, c'en est un. Mais les cartes qu'utilisent les joueurs pour diriger leur vaisseau sont en réalité des données génétiques camouflées. Ce jeu a été conjointement développé par Cancer Research UK (l'une des plus grandes associations œuvrant pour la recherche sur le cancer au Royaume-Uni) AmazonAmazon, GoogleGoogle, FacebookFacebook et l'éditeur Omnisoft. Il est gratuit et téléchargeable sous forme d'applicationapplication sur les terminaux iOS et Android.

    Le but du jeu est assez simple : tracer sa route dans des champs d'astéroïdesastéroïdes afin de récolter le Graal appelé « élément alpha ». Mais ces champs sont en réalité des données génétiques provenant de 2.000 patientes atteintes de cancer du sein. Le joueur doit viser les régions les plus denses et y plonger. C'est la trajectoire suivie qui sera analysée.

    Aux commandes du vaisseau spatial, le joueur doit suivre les zones les plus denses pour récupérer l'élément alpha. Ce faisant, il décrit une trajectoire qui relie les points les plus intéressants du génome à analyser. D'après les concepteurs, ce travail préparatoire, transmis à des serveurs par Internet, faciliterait grandement le décryptage des milliards de données recueillies chez les patientes de l'étude. © <em>Cancer Research UK</em>

    Aux commandes du vaisseau spatial, le joueur doit suivre les zones les plus denses pour récupérer l'élément alpha. Ce faisant, il décrit une trajectoire qui relie les points les plus intéressants du génome à analyser. D'après les concepteurs, ce travail préparatoire, transmis à des serveurs par Internet, faciliterait grandement le décryptage des milliards de données recueillies chez les patientes de l'étude. © Cancer Research UK

    Les données du cancer du sein analysées dans un jeu vidéo

    À l'occasion de la présentation londonienne du jeu en début de semaine, le professeur Carlos Caldas, du Cambridge Institute, a expliqué : « Nous avons réalisé des analyses moléculaires qui ont généré un nombre colossal de données. Pour chacune de ses 2.000 patientes, l'analyse moléculaire a engendré plus de deux millions de points de données. » Et c'est là que les gamers ont un rôle important à jouer. Toutes ces données pourraient être analysées par informatique, ce qui pourrait prendre très longtemps et ne jamais être aussi précis qu'une analyse humaine, car notre œil est plus efficace pour repérer des modèles et des fragments de modèles, notamment les différences les plus subtiles.

    Lors du même événement, Hannah Keartland, de l'association Cancer Research UK, a expliqué que la seule manière d'accélérer la recherche était d'accroître le nombre d'yeux qui regardaient ces données. Cancer Research UK est persuadée que la clé de tout cela réside dans la popularité grandissante du crowdsourcing (travail collaboratif, ou, en l'espèceespèce, de la science citoyenne). Et de préciser que « chacun d'entre nous peut avoir un impact pour accélérer la guérison du cancer. Nous voulons que toutes les personnes de n'importe quel âge, partout dans le monde, téléchargent et jouent à ce jeu. Si chaque détenteur de smartphone téléchargeait et jouait à ce jeu pendant deux minutes, cela pourrait donner un coup d'accélérateur époustouflant à la recherche ». Deux minutes, seulement deux minutes...