Dans le miroir, le patient en rééducation ne voit pas seulement comment il est mais aussi comment il progresse. Imaginé par une étudiante de l'école E-artsup et récompensé au concours Lépine, le miroir « Évidence » se révèle, à l'usage, grâce à un prototype totalement fonctionnel, un puissant outil de soutien psychologique. Une idée simple mais qui n'était pas si facile à réaliser.

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    Au concours Lépine 2017, la médaille d'argentargent en catégorie Santé est allée à un miroirmiroir. Il s'appelle Évidence (voir la page Facebook) et inaugure une réelle avancée pour la rééducation des personnes qui ont brutalement perdu une grosse partie de leur mobilité. Son inventeuse (le mot n'existe pas, tant pispis pour mon correcteur orthographique) est une étudiante à E-artsup Paris.

    Avec Adrien Albertini et Julien Treiber, de l'école Épitech, pour la partie informatique et électronique, et avec une psychologue, Laëtitia Devalois, elle a mis au point ce miroir connecté, baptisé Évidence. Il renvoie l'image de la personne à laquelle viennent s'ajouter des points et des lignes soulignant les zones du corps qui ont été rééduquées. C'est tout ? Oui, c'est tout, et c'est beaucoup ! Ce miroir un peu magique est un outil de soutien pour la rééducation, géré par le patient et par le médecin, lequel positionne les points et les lignes.

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    Le prototype d’Évidence en pleine démonstration. Un poster, à droite, schématise l’utilisation. Sur le miroir (à gauche, en arrière-plan), on distingue le boîtier Kinect. © Manon Lapert

    Le prototype d’Évidence en pleine démonstration. Un poster, à droite, schématise l’utilisation. Sur le miroir (à gauche, en arrière-plan), on distingue le boîtier Kinect. © Manon Lapert

    Je vois les progrès que j’ai réalisés

    « Il sert à la redécouverte du corps après un traumatisme, comme un AVCAVC, nous explique Manon Lapert. Avec Évidence, je vois là où j'ai travaillé. C'est important. Très souvent, il y a un effet "avant-après" : la personne se compare avec ce qu'elle était avant l'accident et non pas avec ce qu'elle était juste après. Elle a alors une mauvaise perception de ses progrès. » L'idée de cet outil original lui est venue quand elle a aidé un proche sorti hémiplégique d'un AVC. C'est le constat de sa difficulté à mesurer le chemin parcouru dans sa rééducation qui l'a amenée à imaginer, pour son projet de fin d'études, cette sorte d'enregistrement des progrès. Il faut non seulement les conscientiser mais aussi les voir, explique Laëtitia Devalois.

    C’est le soutien psychologique qui manque le plus

    Le proche en question a été le premier à bénéficier du prototype en cours d'élaboration. « Il est mon bêtabêta-testeur ! » L'engin se compose d'un film sans tain plaqué sur un écran relié à un boîtier Kinect, lequel repère la personne et le logiciellogiciel développé par l'équipe d'Épitech plaque sur son reflet sa propre silhouette complétée par les points et les lignes sur les régions rééduquées. C'est le médecin qui a indiqué ces données sur un site Web sécurisé grâce à une applicationapplication qui lui sert de carnet de bord. Le prototype étant parfaitement fonctionnel, il a pu être présenté début 2017 à la Maker Faire, à l'ÉchappéeÉchappée volée et au concours Lépine, et le sera les 16 et 17 juin prochains à l'exposition Vivatechnology, à Paris.

    Le milieu médical a commencé à réagir. « J'ai été contactée plusieurs fois. Le sentiment général est que l'idée est pertinente. » Selon elle, tout le monde s'accorde pour dire qu'en pareilles circonstances, c'est le soutien psychologique qui manque le plus. Son objectif, désormais, est de monter une équipe autour de ce projet et de donner le maximum de visibilité à son invention. Ce que Futura fait avec plaisir.