Appelées Dbait, des molécules, en cours d'essai clinique préliminaire dans un traitement contre le cancer, en l'occurrence un mélanome, exploitent une stratégie originale : elles font croire aux cellules tumorales que la radiothérapie a considérablement endommagé leur ADN et que leur seule option est de s'autodétruire. Le traitement semble bien toléré sur les premiers patients, mais il est trop tôt encore pour préjuger de son efficacité.

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    Les radiothérapies sont efficaces mais ont des limites. Elles risquent notamment d'abîmer le tissu sain alentour, ce qui oblige les médecins à contrôler précisément les doses. Les Dbait, ces molécules artificielles créées en laboratoire, proposent quant à elles d'éliminer les cellules tumorales détériorées durant le traitement aux rayons. © Olivier Le Queinec, www.shutterstock.com

    Les radiothérapies sont efficaces mais ont des limites. Elles risquent notamment d'abîmer le tissu sain alentour, ce qui oblige les médecins à contrôler précisément les doses. Les Dbait, ces molécules artificielles créées en laboratoire, proposent quant à elles d'éliminer les cellules tumorales détériorées durant le traitement aux rayons. © Olivier Le Queinec, www.shutterstock.com

    Des moléculesmolécules leurres qui trompent les cellules cancéreuses et les poussent au suicide sont testées pour doper la radiothérapie chez des patients atteints de mélanome cutanécutané avec présence de métastases à proximité sur la peau, selon l'Institut Curie.

    Il s'agit d'un essai « très très préliminaire » qui se poursuit pour déterminer la dose optimale de ces molécules à injecter sous la peau parallèlement au traitement par les rayons, souligne le responsable de l'essai.

    Après cinq mois de recul, les premiers résultats semblent prometteurs : ces molécules sont bien tolérées par les six premiers patients atteints de mélanome avec des métastases cutanées, explique Christophe Le Tourneau, le cancérologuecancérologue qui coordonne l'essai financé par DNA Therapeutics et qui englobera au final une vingtaine de patients.

    Les mélanomes sont des cancers qui affectent les mélanocytes, les cellules qui colorent notre peau et nos poils. Les cellules tumorales se divisent et prolifèrent. La radiothérapie n'est pas suffisamment efficace, des traitements complémentaires doivent être appliqués. © Paul Smith & Rachel Errington, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les mélanomes sont des cancers qui affectent les mélanocytes, les cellules qui colorent notre peau et nos poils. Les cellules tumorales se divisent et prolifèrent. La radiothérapie n'est pas suffisamment efficace, des traitements complémentaires doivent être appliqués. © Paul Smith & Rachel Errington, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les Dbait poussent les cellules cancéreuses à se suicider

    Le principe de ces molécules, appelées Dbait, est de « boosterbooster la radiothérapie pour en augmenter l'efficacité », note l'institut à l'origine de leur découverte. « Tels des faussaires, les Dbait font croire aux cellules traitées par radiothérapie que le nombre de dommages (au niveau de l'ADN) auxquels elles doivent faire face est beaucoup plus élevé que dans la réalité. Par conséquent, les cellules tumorales s'autodétruisent », selon Marie Dutreix qui a conçu ces molécules novatrices. Ces molécules Dbait trompent donc uniquement les cellules tumorales, qui meurent sans que le tissu sain soit endommagé.

    « Les mélanomes cutanés résistent généralement à la radiothérapie et si une réduction de nodules a été observée avec l'injection de Dbait et la radiothérapie, il est encore trop tôt pour se prononcer sur l'efficacité de ce nouveau traitement », souligne pour sa part le cancérologue. Cette réponse (diminution d'une tumeur) constitue cependant une preuve de la faisabilité de ce nouveau traitement.

    Lors des essais précliniques, ces molécules ont montré des avantages pour le traitement de tumeurs peu sensibles à la radiothérapie, comme les mélanomes ou les glioblastomesglioblastomes (tumeurs cérébrales agressives).