Une étude sur 46.000 personnes qui ont fait un test génétique de l'entreprise 23andMe a trouvé que l’empathie avait une composante génétique, même si celle-ci reste minoritaire. Cette recherche ouvre aussi des perspectives pour mieux comprendre des troubles psychiques comme l’autisme.

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    L'empathie joue un rôle essentiel dans notre vie sociale : elle facilite les interactions, la coopération et les relations entre individus ; elle est aussi une source de bien-être, apportant réconfort et bienveillance dans des situations parfois difficiles. L'empathie se construit par l'expérience, dans l'enfance et plus tard, par des facteurs sociaux.

    Mais des travaux suggèrent qu'elle est en partie héréditaire (à un tiers environ). Comme des problèmes d'empathie sont présents dans certains troubles psychiatriques, c'est un champ de recherche particulièrement important.

    Le saviez-vous ?

    Pour les psychologues, l’empathie comprend deux composantes : la capacité à reconnaître les pensées, les intentions, les désirs et les sentiments des autres (l’empathie cognitive) et la capacité à y répondre avec une émotion appropriée (l’empathie affective).

    Pour avoir une idée du degré d'empathie d'une personne, il existe un questionnaire qui permet de calculer un quotient d'empathie. De manière générale, les femmes sont plus empathiques que les hommes ; les autistes ont un quotient d'empathie plus bas à cause d'un déficit d'empathie cognitive, alors que leur empathie affective peut rester intacte.

    Dans un article paru dans Translational Psychiatry, une équipe de l'université de Cambridge, associée à des chercheurs de l'Institut Pasteur et de l'université Paris Diderot, a travaillé avec 23andMe. 46.861 clients de cette entreprise, qui commercialise des tests génétiques, ont répondu au questionnaire qui évalue le quotient d'empathie ; ils ont fourni des échantillons de salive pour une analyse génétique.

    L’étude confirme que les femmes sont plus empathiques que les hommes, mais cette différence n'est pas due aux gènes. © petzshadow, Fotolia

    L’étude confirme que les femmes sont plus empathiques que les hommes, mais cette différence n'est pas due aux gènes. © petzshadow, Fotolia

    Les gènes et l’expérience personnelle forgent l’empathie

    Le premier résultat est que l'empathie est en partie génétique : 11 sites (lociloci) ont été identifiés mais aucun ne pouvait être qualifié de « gènegène de l'empathie ». Seulement 10 % des variations d'empathie entre individus sont liées à la génétique. Ceci montre le rôle prépondérant de l'environnement et de l'expérience personnelle.

    Ensuite, l'étude confirme que les femmes ont un quotient empathique plus élevé que les hommes. La différence ne serait pas génétique, mais plutôt la conséquence de facteurs biologiques non génétiques comme l'influence des hormoneshormones prénatales, l'éducation ou la manière de se socialiser.

    Enfin, l'étude a identifié des variants génétiques associés à une plus faible empathie et à un risque plus élevé d'autisme : des variants génétiques associés à l'empathie peuvent donc jouer un rôle dans des maladies psychiatriques et certains traits de caractère.

    Seulement un dixième des différences individuelles d'empathie dans la population est dû à la génétique.

    Pour Varun Warrier, auteur de ces travaux, « c'est un pas important vers la compréhension du rôle, petit mais important, que la génétique joue dans l'empathie. Mais gardez à l'esprit que seulement un dixième des différences individuelles d'empathie dans la population est dû à la génétique. Il sera tout aussi important de comprendre les facteurs non génétiques qui expliquent les 90 % restants ».