Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont recherché la présence d'anticorps chez 661 personnes d’un lycée à Crépy-en-Valois dans l'Oise (enseignants, personnels, élèves et leurs proches). Dans ce cluster, seulement 26 % possédaient des anticorps anti-SRAS-CoV-2, un taux bien trop faible pour une immunité collective.


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    Une étude épidémiologique portée sur 661 participants et réalisée dans un lycée à Crépy-en-Valois dans l'Oise, au sein d'un épicentreépicentre de l'épidémie de Covid-19 en France, au nord de Paris, révèle que 26 % des lycéens, enseignants, personnels et leur famille possèdent des anticorps contre le coronavirus. Un niveau totalement insuffisant pour justifier le moindre relâchement, selon les chercheurs de l'Institut Pasteur, à Paris, à l'origine de cette étude.

    Dans le détail, 41 % des lycéens, enseignants et personnels travaillant dans ce lycée ont été infectés par le nouveau coronavirus lors d'une épidémie en février-mars, selon cette étude publiée jeudi, réalisée à l'aide de tests de détection d'anticorps. Mais seulement 11 % des proches des lycéens (parents et fratrie) avaient des anticorps contre le SARS-CoV-2.

    L'étude suggère que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. © François Nascimbeni, AFP
    L'étude suggère que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. © François Nascimbeni, AFP

    L'immunité collective va prendre du temps

    C'est loin des 60 % à 70 % espérés dans la population générale pour avoir une immunité de groupe suffisante pour stopper l'épidémie, sous réserve que les anticorps soient réellement protecteurs contre le coronavirus et que cette immunité perdure au moins plusieurs mois. Les résultats de cette étude suggèrent donc que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement.

    Le Pr Arnaud Fontanet constate cependant les effets positifs du confinement sur le ralentissement de l'épidémie

    Pr Arnaud Fontanet, premier auteur de l'étude et responsable de l'unité Épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur à Paris, constate cependant « les effets positifs du confinement sur le ralentissement de l'épidémie » puisque les vacances scolaires de février mais aussi le confinement dans ce département, actif depuis le 1er mars, « ont fait diminuer fortement la circulation du virusvirus dans les semaines qui ont suivi ». L'étude, mise en ligne sur le site de MedRxiv, a été réalisée du 30 mars au 3 avril dans ce lycée lié à l'un des premiers foyers de cas d'infection (cluster) en France.

    Elle a permis de tester 661 personnes - lycéens, enseignants, personnels travaillant dans l'établissement, ainsi que des parents et des frères et sœurs de lycéens. Au total, 171 (25,9 %) personnes étaient positives aux tests sérologiques faits à partir d'une prise de sang. 5,3 % des personnes infectées ont été hospitalisées (âgés de 49 ans en moyenne contre 18 ans chez les non hospitalisés) et il n'y a eu aucun décès.

    Plus de complications pour les fumeurs

    Parmi les symptômessymptômes, l'étude confirme que l'infection est retrouvée chez 84,7 % et 88,1 % des personnes ayant perdu l'odoratodorat et le goût. Au moins 17 % des personnes infectées n'ont pas eu de symptômes.

    L'infection a touché moins de fumeurs (7,2 %) que de non-fumeurs (28 %) dans cette étude, confirmant de précédentes observations d'un très faible taux de fumeurs chez les patients hospitalisés pour Covid-19. Mais « les fumeurs, en cas de contaminationcontamination, risquent de faire plus de complications de la maladie Covid-19 », avertit le Pr Fontanet.