Après les chiens renifleurs de cancer, une équipe anglaise vient de mettre au point un dispositif capable de détecter directement par olfaction des composés dans l’urine. Cette technologie permettrait un dépistage précoce des cancers de la vessie.

au sommaire


    Avec plus de 10.000 cas en 2010, le cancer de la vessie est le 7e cancer le plus fréquent en France selon l'Institut national du cancer. Comme pour tout cancer, son dépistage précoce est primordial pour venir à bout de cette maladie. En effet, avec le temps les cellules tumorales peuvent atteindre d'autres organes et devenir extrêmement difficiles à combattre.

    Le cancer de la vessie provoque peu de symptômes et sa détection en est d'autant plus délicate. D'autre part, aucun marqueur biologique de ce type de cancer n'est connu, à l'instar du cancer du sein. Un examen appelé cystoscopie est en général réalisé pour déceler des anomaliesanomalies de la vessie. Cependant, ce type d'intervention est assez coûteux et invasifinvasif. Et en outre, l'analyse d’urine ne permet d'identifier un cancer que tardivement.

    Cette étude décrit un détecteur artificiel de cancer, appelé Odoreader, qui serait capable de prédire la présence de cancer directement par l'urine. © Wikimedia Commons, DP
     
    Cette étude décrit un détecteur artificiel de cancer, appelé Odoreader, qui serait capable de prédire la présence de cancer directement par l'urine. © Wikimedia Commons, DP

    Pour remédier à ces problèmes, des chercheurs anglais de l'université de Liverpool ont mis au point un instrument capable de repérer précocement dans l'urine la présence de signes d’un cancer de la vessie. L'efficacité de ce « neznez artificiel » est décrite dans la revue Plos One. L'idée est née en observant les chiens renifleurs de cancers qui peuvent sentir la présence de cette maladie dans des cultures cellulaires, dans des selles et dans des urines.

    Un diagnostic du cancer précis et en 30 minutes

    Ce détecteur artificiel de cancer, que les scientifiques ont appelé Odoreader, peut sentir et étudier les gazgaz et odeurs émis par l'urine. L'appareil contient un biosenseur qui analyse les composés gazeux de l'urine et en établit une liste détaillée. En l'analysant, les chercheurs peuvent diagnostiquer la présence d’un cancer de la vessie.

    Les chercheurs ont sélectionné 98 personnes dont 24 souffraient d'un cancer de la vessie. Les candidats ont dû fournir un échantillon d’urine et se prêter à une cystoscopie pour confirmer la présence ou l'absence d'un cancer. Les urines ont alors été analysées grâce à la technologie Odoreader. « Ce [dispositif] peut correctement prédire la présence d'un cancer de la vessie dans 100 % des cas ! », a annoncé Christopher Probert, un des auteurs de cette étude. La technique est également rapide puisqu'elle donne le résultat après seulement une demi-heure.

    Ces résultats sont très encourageants et offrent l'espoir de développer une méthode rapide et peu coûteuse pour dépister le cancer de la vessie. Des études sur une population plus large vont être entreprises afin de confirmer l'efficacité d'Odoreader. Il sera alors envisageable d'utiliser ce « nez artificiel » pour détecter d'autres types de cancers.