Après un entraînement intensif, des souris de laboratoire distinguent à l'odeur des fientes d’oiseaux infectés par le virus de la grippe aviaire de celles d’oiseaux sains. Cette compétence pourrait être transposée aux chiens et peut-être aux machines, afin de détecter précocement les lieux où sévit la maladie.

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    Après la recherche de drogue, les chiens vont peut-être s'adonner à la détection de maladies. Crédits DR

    Après la recherche de drogue, les chiens vont peut-être s'adonner à la détection de maladies. Crédits DR

    Imaginez qu'au lieu d'une désagréable prise de sang, un gentil chienchien puisse, en vous reniflant, déterminer si vous êtes atteint d'une maladie.... Au cours du 240e congrès semi-annuel de l'American Chemical Society, des scientifiques du Monell Chemical Senses Center ont exposé leurs résultats, nouveaux et très prometteurs, qui risquent de rendre cette idée saugrenue potentiellement réalisable.

    Les chiens ont en effet un odorat 10.000 à 20.000 fois plus sensible que le nôtre. Ils peuvent suivre ainsi la piste d'animauxdétecter de la drogue cachée dans une voiturevoiture ou retrouver un cadavre enfoui sous terre. Ces performances ont conduit des chercheurs à imaginer faire reconnaître au meilleur ami de l'homme des odeurs spécifiques de maladies.

    Ils ont tout d'abord fait l'essai avec des mammifèresmammifères plus aisément manipulables mais dont le flair est excellent : des souris de laboratoire. Les rongeursrongeurs ont été placés dans un labyrinthe en forme de Y avec, dans chaque branche, des échantillons de fientesfientes d'oiseaux infectés par le virus de la grippe aviaire ou des fientes d'oiseaux sains. Dès que les souris repéraient la fiente infectée, en récompense, de l'eau leur était donnée pour étancher leur soif. Dans le cas contraire, aucune récompense ne leur était attribuée.

    A force de centaines d'essais, les souris ont appris à se diriger droit vers les fientes infectées (90% d'efficacité). Pour vérifier la validité de l'expérience, celle-ci a été répétée avec de nouveaux échantillons, et en double-aveugle, où même l'expérimentateur ne savait pas quel échantillon était infecté. Dans ces conditions, l'efficacité reste convaincante, avec 77% de réussite.

    Les souris entraînées reconnaissent des fientes d'oiseaux infectés par le virus de la grippe aviaire. © Maryanne Opiekun / <em>Monell Chemical Senses Center</em>

    Les souris entraînées reconnaissent des fientes d'oiseaux infectés par le virus de la grippe aviaire. © Maryanne Opiekun / Monell Chemical Senses Center

    Un mélange de composants odorants

    Si les rongeurs peuvent le faire, les chiens devraient également en être capables avec l'avantage, non négligeable, d'être plus faciles à tenir en laisse que les souris... A force d'entraînement, ils pourraient être utilisés comme outil pour déterminer, en reniflant les selles d'oiseaux, le sol ou l'environnement, la présence du virus de la grippe aviaire. Cela permettrait de surveiller la progression de l’épidémie à des stades précoces où les cas humains ne sont pas encore déclarés et de protéger la population en conséquence.

    Ces biosenseurs à poils sont certes efficaces mais ce ne sont pas des robotsrobots et ils ne sont pas infaillibles. Les chercheurs se penchent actuellement vers l'identification des moléculesmolécules que les souris perçoivent lors des expériences. Si elles viennent à être identifiées, elles pourraient alors être détectées cette fois par des machines qui, elles, si elles ne sont pas infaillibles, n'en sont pas loin.

    Mais pour l'instant l'identification de la molécule ou du mélange de molécules n'a pas porté ses fruits et paraît très compliquée à réaliser. Il semble toutefois que les narines du rongeur ne détectent pas le virus lui-même mais plutôt les molécules synthétisées suite à l'activation du système immunitaire. Quoi qu'il en soit, il est probable qu'un odorat avisé puisse détecter le composant présent en quantités très faibles alors que les systèmes automatisés dont le seuil de détection est habituellement assez élevé, peuvent ne pas y parvenir.

    Ces données indiquent que les maladies peuvent être diagnostiquées par d'autres moyens que par des analyses classiques. Les médecins utilisent d'ailleurs leur odorat pour détecter par exemple l'acidocétose (complication du diabète, provoquant une odeur d'acétoneacétone). Ainsi, certaines pathologiespathologies provoquent naturellement l'apparition de molécules qui peuvent être odorantes. Il n'est donc pas impossible, si l'homme et la machine n'en sont pas capables, d'utiliser à terme l'odorat des chiens pour détecter la présence de bien d'autres maladies chez des patients.