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Un système pour gérer la planète, d'ici à 2015
Le 25 avril 2004, le deuxième Sommet sur l'observation de la Terreobservation de la Terre, réuni à Tokyo (au Japon), a franchi une nouvelle étape vers l'établissement d'un système mondial d'information pour « gérer la planète », lorsque les ministres ont adopté le Cadre de mise en œuvre d'un plan de dix ans. Sans être juridiquement contraignant, le Cadre concrétise la ferme volonté politique de 47 gouvernements et de la Commission européenne pour mettre en place, d'ici à 2015, une observation de la Terre qui sera exhaustive, coordonnée et soutenue, encadrée par un Système mondial des systèmes d'observation de la Terre (GEOSS).
Photographies © Nasa
À première vue, il n'y a rien là de nouveau, car de nombreuses organisations et programmes s'efforcent déjà de soutenir et d'améliorer la coordination des systèmes d'observation de la Terre, dans le cadre, par exemple, du partenariat pour une Stratégie d'observation mondiale intégrée. Cependant, leurs efforts ont été jusqu'ici freinés par l'attitude ambivalente des gouvernements. Même dans les pays les plus riches, les infrastructures techniques s'érodent par manque de constance dans la volonté d'observer la Terre et par manque de fonds dans les agences spatiales.
Satellite © Nasa
Mais les temps changent. Les gouvernements commencent à mieux appréhender l'enjeu de l'observation de la Terre pour planifier un développement durabledéveloppement durable. Cela s'est manifesté en 2002 pendant le Sommet mondial pour le développement durable, à Johannesburg (Afrique du Sud). La réunion du G8 de juin 2003 en France a ensuite désigné l'observation de la Terre comme la priorité scientifique absolue pour les années à venir. Ce qui a enfin ouvert la voie, le mois suivant, au premier Sommet sur l'observation de la Terre, à Washington (É.-U.)), pendant lequel 33 pays et la Commission européenne se sont engagés à préparer un plan décennal de mise en œuvre. Un Groupe technique pour les observations de la Terre (GEO) a été établi. Coprésidé par les Etats-Unis, la Commission européenne, le Japon et l'Afrique du Sud, et réunissant plus de 21 organisations internationales - dont l'UNESCO et sa Commission océanographique intergouvernementale (COI)) -, le GEO va élaborer ce plan de mise en œuvre. Dès lors que le Cadre a été approuvé, il appartiendra au GEO de le présenter sous la forme d'un plan détaillé au troisième Sommet sur l'observation de la Terre, en février 2005.
Le GEOSS s'appuiera sur les systèmes existants, y compris ceux des diverses nations, sur la Surveillance mondiale pour l'environnement et la sécurité, commune à l'Union européenne et à l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, et sur des initiatives relevant du système des Nations Unies.
Satellite Spot © Nasa
Environ la moitié des 47 gouvernements du Sommet d'avril dernier représentait des pays en développement. C'est logique, car des pays aux ressources très diverses ont investi dans les satellites d'observation de la Terre, depuis les Etats-Unis, le Japon et la France jusqu'à l'Inde, la Chine, le Vietnam, l'Argentine, le Brésil, l'Algérie, l'Afrique du Sud et, tout récemment, le Nigeria.
Depuis qu'il a lancé, en octobre de l'an dernier, le microsatellite de télédétection en orbite basse de la Terre « Nigeria Sat-1 » pour surveiller l'environnement et fournir des informations utiles à la mise en place de certaines infrastructures, le Nigeria a été accueilli au sein du Réseau de sur-veillance des catastrophes, qui regroupe l'Algérie, la Chine, le Royaume-Uni et le Vietnam.
Mount Saint Helens, Washington, USA © Nasa
Comme les catastrophes naturellescatastrophes naturelles sont des phénomènes imprévisibles, l'adhésion d'un pays au Réseau multiplie ses chances d'être survolé par l'un des cinq satellites au « bon » moment, ce qui nous aide à minimiser le temps de réaction. Il est logique, également, que des pays ne possédant pas de satellites fassent partie du GEOSS. Car ils font régulièrement l'objet de survolsurvol et de télédétection par des satellites sans avoir facilement accès aux données recueillies, situation peu satisfaisante pour eux mais aussi pour les pays développés, qui ont, eux-mêmes, intérêt à ouvrir à un plus grand nombre de partenaires l'observation de la Terre. Si nous devons élucider les processus naturels impliqués dans des phénomènes à long terme tels que la variabilité du climatclimat, la désertificationdésertification ou les catastrophes naturelles, et améliorer leur prévision, cela exigera une observation exhaustive, soutenue et mondiale par satellite et in situ (sur terre et sur mer). Les données des instruments de mesure archivées depuis 1861 nous indiquent, par exemple, que l'élévation des températures de surface dans l'hémisphère Nordhémisphère Nord a dépassé, au 20ème siècle, celle de tout autre siècle depuis au moins 1 000 ans. Mais il nous est impossible d'obtenir une évaluation mondiale, du fait de l'insuffisance des archives pour l'hémisphère Sudhémisphère Sud.
« Pour que le GEOSS atteigne ses objectifs » a déclaré au Sommet l'Ambassadeur d'Afrique du Sud Ben Ngubane, « il est indispensable qu'un plus grand nombre de pays en développement rejoignent le Réseau ... Associer des initiatives régionales telles que le NEPAD à l'élaboration du GEOSS sera décisif à cet égard. Il est absolument nécessaire que le GEO étudie et résolve les problèmes de mise à disposition des données d'observation de la Terre dans les pays en développement, à des coûts réduits et abordables ».