Une forêt se cultive et s'entretient. Par le jeu des coupes forestières, le sylviculteur dose la lumière qui arrive au sol, facteur primordial pour la structure des peuplements.

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    Il règle aussi les problèmes de concurrence entre les espèces pour favoriser par exemple le chêne au profit du hêtre mais également au sein d'une même espèce en sélectionnant les arbres les plus intéressants pour la production de bois ou ceux qui ont un intérêt patrimonial ou écologique.

    Image du site Futura Sciences

    Si, au 19e siècle, cette gestion forestière s'appuyait sur des principes naturels «imiter la nature et hâter son œuvre», le 20e siècle a vu apparaître de nouvelles techniques forestières, inspirées de l'agronomie.

    Mécanisation, apports d'engrais, de variétés nouvelles pour optimiser la production et s'affranchir des contraintes naturelles font entrer la forêt dans l'ère de la productivité. Résultat, les forêts s'uniformisent. Une seule essence, des peuplements réguliers à perte de vue, voilà le visage de ces nouvelles forêts.

    Une société malade de sa forêt :

    Mais dans ce visage, les publics ne retrouvent plus leurs images de la forêt. Pour le public citadin, en particulier, la forêt est rêvée comme le dernier bastion de
    nature «sauvage».
    Les interventions en forêt sont donc mal appréciées, d'autant plus qu'elles ont tendance à artificialiser le milieu. Dans un contexte plutôt alarmiste sur la situation des forêts dans le monde, conjugué aux apports des scientifiques sur le rôle des forêts pour la conservation de la biodiversité, la pressionpression de la société pousse les gestionnaires à modifier leur approche de la forêt. La forêt n'a plus seulement un rôle de production, mais porteporte de multiples fonctions, économiques, sociales et écologiques, que le gestionnaire doit prendre en compte.

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    Pour cela, une des réponses apportées par les scientifiques et les gestionnaires est le retour a une gestion plus centrée sur la connaissance du fonctionnement des systèmes forestiers et de leurs dynamiques naturelles.

    Le génie écologique pour gérer les forêts :

    Cette approche demande un pilotage fin des écosystèmesécosystèmes, par des interventions ciblées s'appuyant sur des dynamiques naturelles, autrement dit une approche d'ingénierie écologique. Il s'agit d'une gestion plus diversifiée, où l'on vise encore à produire mais en ménageant la forêt en tant qu'écosystème complexe et très varié ayant des buts multiples. Comme dans toute démarche de génie écologique, la connaissance de l'écosystème, c'est-à-dire l'étude de l'arbre, des groupements d'arbres et des peuplements dans leur relation avec les conditions du milieu, est le point de départ de cette gestion.

    Au Cemagref à Nogent-sur-Vernisson, plusieurs équipes s'intéressent à cette problématique. Des chercheurs étudient en particulier la croissance et la dynamique des peuplements pour proposer des outils d'aide à la sylviculturesylviculture comme des modèles de croissance et de qualité. Ces modèles permettent de simuler et d'étudier les conditions de coupe des arbres. L'objectif est de procurer au gestionnaire des plans de coupe qui ménagent l'ensemble du système. Les scientifiques aussi ont dû évoluer, c'est-à-dire passer de l'étude d'écosystèmes simples (mono spécifiques) à des systèmes hétérogènes.Les chercheurs du Cemagref travaillent en particulier sur les associations de chêne et de pin sylvestrepin sylvestre. D'autres équipes s'intéressent plus particulièrement à la biodiversité et à la capacité d'accueil en cervidés des forêts. Leurs études portent notamment sur l'influence des trouées sur la biodiversité ou encore sur l'impact de différents types de sylviculture, comme par exemple pour les forêts de chênes entre les taillistaillis sous futaie ou les futaies régulières.

    Le gestionnaire aussi trouve son intérêt dans ce mode de gestion, notamment en valorisant sa forêt pour d'autres utilisations.

    Tous les acteurs ont donc à gagner d'une gestion durable de la forêt qui prend en compte tous ses rôles et ses enjeux qu'ils soient environnementaux ou socioculturels. Moins d'artificialité, de travaux mécaniques et plus de dynamique naturelle, voilà les objectifs de gestion de la forêt de demain. Aujourd'hui, ses objectifs ne peuvent plus être fixés par les seuls forestiers et relèvent dorénavant du débat citoyen ou chacun à sa place.