Bien qu’elles possèdent un chromosome Y, les souris femelles de l’espèce Mus minutoides se portent très bien. Elles se reproduisent même plus souvent et ont des portées plus importantes que leurs cousines XX. Quel est leur secret ?

au sommaire


    Chez les mammifères, le déterminisme sexuel se caractérise par une paire de chromosomes sexuelschromosomes sexuels XY pour les mâles, le chromosome Y étant transmis par leur père, et une paire de chromosomes XX pour les femelles. Une poignée d'espèces déroge cependant à cette règle. C'est le cas de la souris naine africaine Mus minutoides, comme l'a montré dès 2010 Frédéric Veyrunes, chercheur au CNRS. Chez ce petit rongeur africain, il existe un troisième chromosome sexuel, un X mutant appelé X*, dont la particularité est d'inhiber le chromosome Y. En conséquence, les femelles peuvent présenter trois génotypesgénotypes différents : XX, X*X et X*Y ! « La question était alors de savoir si ces différences de génotype influaient sur la performance reproductive des souris, raconte le biologiste. En effet, porter un chromosome Y et produire régulièrement des embryons YY non viables devrait constituer un handicap reproducteur pour ces femelles. »

    Pour le tester, le scientifique et son équipe ont déterminé le génotype de plusieurs centaines de souris femelles de cette espèce, dont il n'existe qu'un seul élevage dans le monde. Ils ont ensuite observé ces souris pendant deux années et ont collecté des informations sur l'âge de la première reproduction, les intervalles entre deux portées et le nombre de petits par portée. Les résultats, publiés dans la revue Evolution, ont de quoi surprendre.

    Les chercheurs ont en effet montré que les souris femelles X*Y ovulaient davantage et étaient sexuellement mâtures en moyenne 20 jours avant les autres, ce qui leur permettait d'avoir une portée supplémentaire durant leur courte vie. D'autre part, elles donnent naissance en moyenne à un petit de plus par portée. « Non seulement les femelles X*Y ne sont pas moins fécondes que les deux génotypes XX et X*X, mais elles les supplantent sur bien des plans, explique Paul Saunders, le principal auteur de l'étude. Ce sont des sortes de superfemelles ! » Les chercheurs concluent que « cela pourrait expliquer pourquoi cette curiosité génétiquegénétique a été conservée depuis son apparition chez cette espèce, il y a un million d'années. »