L’éruption débutée lundi soir s’est stabilisée sur quelques évents de la longue fissure initiale, comme d’ordinaire avec ce type de phénomènes volcaniques. Ces évents alimentent des coulées de lave qui remplissent une sorte de cuvette vers l’est, totalement déserte. Par conséquent, le risque pour les infrastructures du secteur a nettement diminué, du moins à court terme… Ainsi, et même s’il convient forcément de rester prudent, c’est surtout pour l’instant un spectacle fascinant, avec ces laves incandescentes au milieu des terres enneigées…


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    Les éruptions fissurales commencent toujours par une libération importante de magma, avant une nette diminution de l'activité dans les premières heures de l'éruption. Celle-ci n'a pas manqué à la règle et le rideaurideau de lave actif sur 4 kilomètres de long au départ n'a duré que quelques dizaines de minutes, car les évents se sont éteints tour à tour, si bien qu'il ne reste aujourd'hui que deux zones actives de 300 à 500 mètres de long -- tout de même ! -- dans la partie centrale de la fissure. De manière équivalente, le débitdébit éruptif est désormais de 10 à 20 m3/s, ce qui est dix fois moindre en comparaison du débit initial ! Mais cette baisse de l'activité ne témoigne pas forcément de l'arrêt prochain de l'éruption ; celle-ci pourrait d'ailleurs durer encore quelques jours, comme plusieurs mois : personne ne le sait !

    Ces différentes données témoignent par ailleurs d'une éruption un peu plus importante que les trois éruptions précédentes dans ce secteur, en 2021, 2022 et 2023. Cela reste toutefois bien en deçà des éruptions d'ampleur en Islande : l'éruption dans la plaine d'Holuhraun en 2014-2015 avait par exemple débuté avec un débit de 350 m3/s, pour une fissure quatre fois moins longue !

    Quel spectacle fascinant, de ces fontaines et coulées de lave autour des terres enneigées ! Et ce bruit… on a envie d’y être, non ?

    Un risque volcanique finalement assez modéré, pour l’instant

    Avec la ville de Grindavik et la centrale géothermique non loin, le risque volcanique aurait pu être très important. Mais la fissure éruptiveéruptive s'est ouverte presque là où il fallait... Un peu plus à l'ouest ou un peu plus au sud et ça n'aurait pas été la même histoire !

    Du fait du relief, les coulées s'épanchent plutôt vers l'est et devront remplir une cuvette assez importante avant de déborder sur des pentes qui pourraient ensuite endommager des routes ou des habitations. On n'y est pas encore, mais selon la duréedurée de l'éruption et le volumevolume de magma disponible, on ne sait jamais... L'ouverture d'autres fissures éruptives est aussi possible, comme ce fut le cas lors de l'éruption de 2021 par exemple : il convient donc de rester prudent !

               L’éruption au loin, sur le plateau qui domine la ville de Grindavik (évacuée le 10 novembre dernier).  

    Quelques photos de ce début d’éruption spectaculaire !

    Pour plus d'images, il est possible de consulter le profil Instagram de l'auteur.


    Spectaculaire éruption en Islande : les images d'une fissure éruptive de 4 km de long !

    Une éruption a débuté hier à 22 h 17, sur la péninsule de Reykjanes au sud-ouest de l'Islande, au niveau de l'intrusion magmatique qui a commencé à se former il y a quarante jours ! Cet événement avait engendré une sismicité très intense et une déformation de la surface du sol exceptionnelle, mais ces troubles s'étaient ensuite affaiblis, si bien que la probabilité d'une éruption a fini par diminuer avec le temps... Et pourtant ! Une énorme fissure éruptive de 4 km de long s'est finalement ouverte hier soir, à seulement 3 km de la ville de Grindavik.

    Article de Ludovic LeducLudovic Leduc, publié le 19 décembre 2023

    Après un bref essaim sismique à partir de 21 h, la lave a jailli à 22 h 17 précisément, dans une zone située entre les trois éruptions qui affectèrent le massif de Fagradalsfjall entre 2021 et 2023 à l'est, et la centrale géothermique de Svartsengi et le Blue Lagoon attenant à l'ouest. Cette fissure éruptive s’est progressivement propagée vers le sud et le nord, pour finalement atteindre une longueur d’environ quatre kilomètres ! C'est énorme ! En comparaison, c'est dix fois plus long que les fissures des éruptions de 2021 à 2023 et quatre fois plus que l'éruption dans la plaine d'Holuhraun, au centre de l'Islande, en 2014-2015 !

    Début de l'éruption.

    Carte présentant l’extension de la fissure éruptive, à quelques kilomètres au nord de la ville de Grindavik et à l’est de la centrale géothermique de Svatrsengi. © <em>Institute of Earth Sciences, Icelandic Met Office</em>
    Carte présentant l’extension de la fissure éruptive, à quelques kilomètres au nord de la ville de Grindavik et à l’est de la centrale géothermique de Svatrsengi. © Institute of Earth Sciences, Icelandic Met Office

    Tout du long de cette fissure, des fontaines projettent des lambeaux de lave qui, en retombant et en s'accumulant, vont édifier des cônescônes volcaniques. La lave forme également des coulées qui s'épanchent au gré de la pente. Or, le relief est en forme de cuvette à cet endroit : les laves devraient donc s'épancher vers l'est et le nord... et rester dans cette zone déserte. En outre, d'autres fissures éruptives pourraient aussi s'ouvrir et comme la ville de Grindavik se trouve non loin, il convient de rester prudent !

    Un risque important pour les Islandais !

    Même si la fissure s'est ouverte dans une zone assez désertique, les coulées de lave peuvent atteindre de grandes distances et pourraient donc impacter les infrastructures d'importance qui se trouvent à proximité. La centrale géothermique de Svartsengi, qui alimente une bonne partie de la péninsule de Reykjanes en eau chaude et en électricité, et le célèbre Blue Lagoon attenant, sont par exemple à un peu plus de deux kilomètres de la fissure éruptive. Et si le relief semble les protéger - tout comme la butte de terre qu'ils ont d'ailleurs construite autour de ces deux sites depuis le 10 novembre dernier - le risque demeure ! La ville de Grindavik pourrait aussi être menacée par les coulées, mais heureusement, les 4 000 habitants qui y résident habituellement ont été évacués le 10 novembre !