Poursuivi depuis plusieurs années, ce projet d'étudiants de l'école d'ingénieurs SupBiotech a abouti à un prototype fonctionnel. Il démontre qu'il est possible de produire de l'électricité à partir de l'urine, dans une biopile microbienne, avec un procédé simple, fiable et peu coûteux. Une telle source de courant pourrait servir à un éclairage par LED et conviendrait pour amener la lumière là où, dans de nombreux endroits du monde, elle s'éteint quand le soleil se couche.


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    Plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à une alimentation électrique. Ce constat a motivé un projet d'étudiants de SupBiotech, lancé en 2015, et poursuivi actuellement par une équipe de la même école : concevoir une biopile microbienne qui utiliserait l'urine comme matièrematière première destinée à produire de l'électricité. Cette matière première, chaque être humain en produit 1,5 litre par jour...

    L'idée n'est ni saugrenue ni complètement nouvelle. « Le principe est le même que celui des biopiles à glucose » rapporte Marie Caulier, chef de projet, interrogée par Futura. Ces jeunes scientifiques ont repéré une bactériebactérie« vivant habituellement dans le sol » et capable de dégrader un composant de l'urine en produisant des électronsélectrons. Entre deux réservoirs d'électrolytes, une pile peut ainsi créer une différence de potentiel.

    Le prototype qui a montré la justesse du principe. © Everlux, Marie Caulier
    Le prototype qui a montré la justesse du principe. © Everlux, Marie Caulier

    De la lumière partout

    L'objectif de ce projet, baptisé Everlux, est de fournir un moyen simple, peu coûteux et utilisable partout pour produire de l'électricité avec une puissance suffisante pour un éclairage par LED. L'équipe travaille avec 2iE, une école d'ingénieurs du Burkina Faso, dont les neuf dixièmes de la population n'ont pas l'électricité. Le petit prototype, avec ses réservoirs de 12 ml en tout, fonctionne et produit bien du courant. Un avantage supplémentaire est que les produits finaux sont utilisables comme engrais.

    Le travail de recherche consiste aujourd'hui « à comprendre comment augmenter la tension et l'ampérage avec le dimensionnement du système et l'optimisation de l'activité bactérienne ». Présente au salon Vivatech 2018, l'équipe a intéressé des entreprises et des ONG. La solution Everlux pourrait en effet apporter de la lumièrelumière à des millions de personnes sans infrastructure ni pollution, et peut aussi servir à éclairer les toilettes n'importe où.