Selon l'Agence internationale de l'énergie, les appareils électroniques connectés gaspillent actuellement près de 60 milliards d'euros par an en électricité à l'échelle de la planète. Alors que ce gâchis s'apprête à empirer, cette agence estime, dans un rapport chiffré, que les fabricants pourraient bien mieux faire.

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    Des smartphones aux téléviseurs, en passant par les tablettes, les boîtiers décodeurs, les imprimantes et les consoles de jeux : il y a aujourd'hui environ 14 milliards d'appareils connectés sur Terre, qu'ils soient en mode veille ou en état d'utilisation. Et d'ici quelques années, quand la maison intelligente sera devenue la norme, tout comme la vie mobilemobile et connectée, ce chiffre aura monté en flèche pour atteindre 50 milliards d'appareils.

    Cette demande explosive voudrait dire que, d'ici à 2025, l'utilisation d'énergieénergie de tous ces appareils pourrait atteindre les 1.140 térawattheures par an. C'est la quantité d'énergie actuellement consommée chaque année par le Canada et l'Allemagne, soit 6 % de la consommation mondiale annuelle en électricité. C'est ce que détaille un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (IEA, International Energy Agency), qui vient d'être mis en ligne.

    Mais jusqu'à deux tiers de cette consommation massive représente de l'énergie gaspillée, puisque pour bon nombre de ces appareils, la plus grosse part de l'énergie consommée est pompée pendant qu'ils sont en mode veille, c'est-à-dire pendant qu'ils ne font qu'attendre d'être utilisés. Selon l'IEA, cette inefficacité a représenté en 2013 une dépense d'environ 80 milliards de dollars à l'échelle mondiale, soit près de 60 milliards d'euros. En 2009, déjà un rapport français commandé par le gouvernement pointait la consommation des appareils électroniques et proposait des préconisations pour la réduire.

    La fin des tubes cathodiques a fait chuter la consommation des téléviseurs mais leur mode veille et les décodeurs sans bouton marche-arrêt l'ont fait repartir à la hausse. © Futura-Sciences/Jean-Luc Goudet

    La fin des tubes cathodiques a fait chuter la consommation des téléviseurs mais leur mode veille et les décodeurs sans bouton marche-arrêt l'ont fait repartir à la hausse. © Futura-Sciences/Jean-Luc Goudet

    Les décodeurs doivent rester branchés : c'est le consommateur qui paie

    Prenons l'exemple des décodeurs pour les téléviseurs. En 2010, aux seuls États-Unis, il y avait plus de 160 millions de ces boîtiers branchés et prêts à l'utilisation. En principe, ils doivent rester connectés en permanence afin de répondre aux demandes provenant du réseau, comme lorsqu'une applicationapplication est utilisée à distance pour lancer l'enregistrement, ou quand il faut mettre à jour un logiciellogiciel interne. Le résultat, selon ce rapport : ces boîtiers ont consommé 18 TWh d'électricité pendant l'année, soit plus que la consommation annuelle en énergie de l'Islande. Ou bien, en d'autres termes, 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) en factures d'électricité pour leurs propriétaires.

    Que peuvent faire les particuliers pour réduire le gâchis ? La réponse évidente : éteindre complètement les appareils quand ils ne sont pas en état d'utilisation, tant que le besoin de rétablir une connexion de réseau ne pose pas de problème. Par exemple, arrêter complètement un ordinateurordinateur et éteindre la télévision quand ils ne sont pas utilisés. Lors de l'achat de nouveaux appareils, on peut également vérifier la présence du label européen Energy Star, qui témoigne de l'efficacité énergétique d'un produit.

    Pourtant, la cause première de tout ce gaspillage, selon l'IEA, est la mauvaise qualité de la technologie de veille utilisée dans bon nombre des appareils connectés. L'agence lance donc un appel aux fabricants, qui devront employer des composants plus efficaces et des logiciels qui permettront de mieux gérer la consommation en énergie.

    Si les fabricants adoptent de nouveaux standards et si les gouvernements nationaux mettent en place les politiques nécessaires (sanctions et primes), la consommation d'électricité de ces appareils pourrait diminuer de 65 % de l'énergie utilisée par ces appareils.