Quelles conséquences peut avoir le réchauffement climatique sur les maladies des plantes ? Une équipe de l'INRA de Nancy et d'une unité mixte INRA-ENITAB de Bordeaux a étudié le cas de la maladie de l'encre du chêne. En observant des coupes d'arbres infectés, les chercheurs ont effectué une étude rétrospective de l'évolution de la maladie sur les trente dernières années. Ils ont montré que le froid hivernal limite le développement de la maladie. Un modèle permettant de prédire la survie du parasite en fonction des conditions climatiques a alors été mis au point, ce qui a permis l'établissement d'une carte du risque. Une nouvelle carte tenant compte du réchauffement climatique à venir est en cours d'élaboration. La zone de risque élevé y sera beaucoup plus étendue.

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    Cette actualité a été publiée à l'occasion de la semaine du développement durable.

    Cette actualité a été publiée à l'occasion de la semaine du développement durable.

    Phytophthora cinnamomi est un micro-organisme qui a été introduit en France à la fin du siècle dernier et qui attaque les racines de nombreux arbres, notamment du châtaignier. Il est aussi responsable dans le Sud-Ouest de la France de la maladie de l'encre du chêne rouge et du chêne pédonculé. Celle-ci se manifeste par la formation d'un chancre sur la partie basse du tronc, qui déprécie la bille mais n'entraîne pas le dépérissement des arbres attaqués (cf. photo).

    Chaque année, les arbres produisent un nouveau cerne de bois. En observant sur des coupes d'arbres infectés la localisation des lésions provoquées par le champignon, les chercheurs ont pu dater ces lésions pour 20 arbres étudiés dans le Sud-Ouest de la France et ont ainsi reconstitué l'évolution de la maladie sur une période de 30 ans.


    Maladie du chêne rouge : symptômes de l'encre sur tronc due à un micro-organisme (Photo Guy Roussel)

    Dans des sites éloignés les uns des autres (Pyrénées Atlantiques, Hautes Pyrénées, Gers), l'évolution des chancres présentait des profils similaires, ce qui indique une forte influence des conditions climatiques. D'importantes réductions des chancres actifs se sont produites après des hivers particulièrement froids, notamment en 1985.

    Les chercheurs ont développé un modèle décrivant l'influence du gelgel sur l'évolution des chancres. Ce modèle prédit correctement l'évolution des 20 chancres étudiés. En collaboration avec MétéoMétéo France, dans le cadre de l'AIP "Ecopath", et en confrontant le modèle théorique aux observations de la maladie effectué par le Département de la santé des Forêts (Ministère de l'agricultureagriculture), deux cartes du risque pour le chêne rouge et le chêne pédonculé ont été établies. Trois zones de risque élevé émergentémergent.

    Elles sont caractérisées par des hivers doux : le pourtour méditerranéen, le Sud-Ouest et l'ensemble Bretagne-Cotentin où la maladie n'a pas encore été observée sur les chênes. Des mesures de préventionprévention doivent être prises dans ces régions lors des opérations forestières, et notamment lors des plantations car les plants fournis par les pépinières sont souvent infectés par P. cinnamomi. Il n'existe pas à l'heure actuelle de méthode de lutte curative contre P. cinnamomi applicable en forêt.