Un rapport rendu public la semaine dernière explique comment la Nasa pourrait jouer un rôle prépondérant dans l’étude et l’analyse des phénomènes aériens anormaux. Il souligne également comment la multitude de capteurs en orbite autour de la Terre pourrait les observer en temps quasi réel et comment l'utilisation des archives de la Nasa pourrait aider à déterminer leur nature.


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    La Nasa vient de publier un rapport d'experts préconisant que l'agence spatiale américaine joue un « rôle majeur dans l'étude des phénomènes aériens anormaux (PAN) » et d'expliquer comment elle pourrait utiliser « son expertise, son héritage et son infrastructure spatiale d'observation de la Terreobservation de la Terre, ainsi que celles d'entreprises privées, pour obtenir des données utiles sur les PAN et évaluer et catégoriser leur nature ». L'objectif est d'aboutir à un consensus scientifique sur la nature de ces phénomènes non identifiés.

    Jusqu'à présent, les « observations faites sur les PAN ne sont pas cohérentes et ne présentent pas les mêmes caractéristiques ». Par conséquent, « imposer des contraintes physiques à ces phénomènes est difficile actuellement », tiennent à préciser ces experts qui estiment « qu'identifier la nature et l'origine plausible de la grande majorité de ces phénomènes est à portée de main ».

    Phénomènes aériens non identifiés capturés par des pilotes d'avions de chasse américains en janvier 2015. ©<em> U.S. Navy</em>
    Phénomènes aériens non identifiés capturés par des pilotes d'avions de chasse américains en janvier 2015. © U.S. Navy

    Une Terre observée en permanence

    Pour comprendre cet optimisme, il est essentiel de noter que chaque point de la Terre est « aujourd'hui observé en permanence par des satellites scientifiques, militaires et commerciaux, et que la Nasa dispose de vastes archives de données historiques ». Dit autrement, aucun phénomène aérien anormal ne devrait échapper au regard de un ou plusieurs satellites.

    Sauf que dans les faits, ce n'est pas aussi simple que cela. D'abord, il faut souligner que la « majeure partie de la surface de la Terre n'est pas toujours couverte par des satellites à haute résolutionrésolution ». Ensuite, toutes les données « d'observations ne sont pas uniformes ». Elles proviennent d'une très grande variété de capteurscapteurs qui fonctionnent avec des capacités, des niveaux de résolution et dans des longueurs d'onde différentes. À cela s'ajoute, que la plupart des capteurs civils, scientifiques ou commerciaux ne « sont pas spécifiquement conçus pour détecter de tels objets (PAN) », ce qui limite notre capacité à les observer en temps quasi réel, voire les détecter après-coup afin de vérifier si « certains phénomènes météorologiques coïncident avec l'observation de ces PAN ».

    Le saviez-vous ?

    Ce rapport recommande également que le grand public soit impliqué, avec le développement d'un système permettant de collecter et traiter les données vidéos et photos acquises avec des téléphones portables.

    Le pari de l'étalonnage des données

    Dans l'idéal, souligne le rapport, il serait nécessaire de « réaliser un étalonnage solide des données, ce qui pourrait garantir des informations précises, fiables et dépourvues d'erreurs ou de biais systématiques » et d'utiliser rétroactivement les données d’archives de la Nasa « pour déterminer les conditions environnementales (terrestres, océaniques, atmosphériques) qui coïncident avec la détection ou l'observation avérée de PAN, qu'ils soient anciens ou récents ».

    Pour aider au traitement des données, dont la quantité est phénoménale, l'intelligence artificielle et l'apprentissage machine pourraient être adaptés à l'étude des données et à la détection des PAN. Ces deux méthodes se sont révélées être des outils essentiels et puissants pour identifier des événements rares dans de vastes ensembles de données (sciences spatiales, climatologieclimatologie).

    Go Fast : images de l'UAP (ou PAN) diffusées au public par le gouvernement américain. © The Stars Academy of Arts & Science, YouTube

    Des phénomènes aériens anormaux qui interrogent

    Enfin, concernant les nombreux « objets » filmés et observés par les pilotes de l'U.S. Navy et de l'U.S. Air force, le groupe d'experts est conscient que si la « majorité des PAN peuvent être attribués à des phénomènes ou événements connus, un certain nombre d'entre eux suscitent encore des interrogations quant à leur nature ». La Nasa les identifie comme des « observations d'événements dans le ciel ne pouvant être scientifiquement identifiés comme un aéronefaéronef ou un phénomène naturel connu ». Si ces experts ne s'expriment pas sur la nature et l'origine des « objets » observés par les militaires américains, ils tiennent à préciser que si « tous les événements non identifiés se déplacent à des vitessesvitesses et à des accélérations conventionnelles, cela indique probablement une explication conventionnelle de ces événements ». A contrario, comme nous connaissons les gammes de vitesses et d'accélérations dans lesquelles peuvent évoluer plateformes, drones, ballonsballons et avions les plus modernes, des « preuves convaincantes d'accélérations et de vitesses anormales vérifiées indiqueraient des explications potentiellement nouvelles et sont scientifiquement intéressantes pour l'évaluation et l'analyse de ces PAN ».

    Ce rapport apporte des réponses aux huit questions suivantes :

    • Quels types de données scientifiques actuellement collectées et archivées par la Nasa ou d'autres entités gouvernementales civiles pourraient être synthétisés et analysés afin de faire la lumièrelumière sur la nature et les origines de ces phénomènes anormaux non identifiés ?
    • Quels types de données scientifiques actuellement collectées et détenues par des organisations à but non lucratif et des entreprises devraient être synthétisés et analysés afin de faire la lumière sur la nature et les origines de l'UAP ?
    • Quels autres types de données scientifiques la Nasa devrait-elle recueillir pour améliorer les possibilités de comprendre la nature et les origines de ces PAN ?
    • Quelles sont les techniques d'analyse scientifique en cours qui pourraient être utilisées pour évaluer la nature et l'origine des PAN et quels types de techniques d'analyse devraient être développés ?
    • Compte tenu des facteurs susmentionnés, quelles contraintes physiques fondamentales peuvent être imposées à la nature et aux origines des PAN ?
    • Quelles sont les données de l'espace aérien civil relatives aux PAN qui ont été collectées par les agences gouvernementales et qui sont disponibles pour analyse afin d'informer les efforts visant à mieux comprendre la nature et les origines des UAP, et de déterminer le risque des UAP pour l'espace aérien des États-Unis ?
    • Quels sont les protocolesprotocoles de notification et les systèmes d'acquisition de données de gestion du trafic aérien (ATM) qui peuvent être modifiés pour obtenir des données supplémentaires sur les PAN passés et futurs ?
    • Quelles sont les améliorations potentielles à apporter aux futurs efforts de développement des systèmes ATM peuvent être recommandées pour acquérir des données concernant les futurs PAN signalés afin de contribuer aux efforts visant à mieux comprendre leur nature et leur origine ?

    À vos agendas

    Si le sujet des phénomènes aérospatiaux non identifiés vous intéresse ou vous passionne, notez que se tiendra à l'université Paris Sorbonne, les 4 et 5 novembre prochain, Echo Event, premier congrès consacré à la recherche sur ces phénomènes. Nous aurons l'occasion d'y revenir.