La lutte pour la survie se joue aussi dans l'espace, du moins pour les bactéries. Devant affronter des conditions extrêmes et stressantes sur l'ISS, ces dernières évoluent, mais heureusement pas au point de menacer les astronautes.


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    Exilées sur la Station spatiale internationale (ISS), sous le feu du rayonnement cosmique, les bactériesbactéries s'adaptent pour survivre. Mais pas de quoi paniquer : elles évoluent sans pour autant muter en dangereux pathogènespathogènes, et encore moins en alien sanguinaire, comme dans le film de science-fiction Life : Origine Inconnue (2017) où un micro-organisme en apparence inoffensif découvert sur Mars se transforme en une monstruosité visqueuse et se livre à un massacre à bord de l'ISS.

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    Des bactéries multirésistantes découvertes à bord de l'ISS

    Il est légitime de se demander si les conditions extrêmes - radiations, micropesanteur - favorisent la sélection des bactéries les plus dures à cuire, donc pourquoi pas des superbactéries multirésistantes aux antibiotiquesantibiotiques. « Il apparaît que la réponse est "non" », déclare dans un communiqué Erica Hartmann, de l'université Northwestern, États-Unis, qui avec ses collègues a comparé le génomegénome des bactéries de l'ISS et celui de leurs homologues terrestres afin de mieux évaluer les risques sanitaires qu'elles représentent.

    Le saviez-vous ?

    On appelle couramment « superbactéries » les bactéries présentant des résistances accrues aux antibiotiques. En anglais, on parle de « superbugs ».

    Le staphylocoque doré de l'espace veut juste survivre

    Dans le cadre de cette étude parue dans le journal mSystems, les chercheurs ont conduit une méta-analyseméta-analyse sur deux bactéries, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureusStaphylococcus aureus) et Bacillus cereus. Le premier, que l'on retrouve communément sur la peau humaine, est considéré par l'OMSOMS comme un des six pathogènes les plus préoccupants. Rappelons en effet qu'une de ses souches, le SARMSARM, est devenue résistante à la méticilline. Nettement moins pathogènes, les bactéries B. cereus vivent dans le sol.

    Staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM, ou MRSA en anglais) vu au microscope électronique. © <em>National Institute of Allergy and Infectious Diseases</em> (NIAID), <em>Wikimedia Commons</em>, CC by 2.0
    Staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM, ou MRSA en anglais) vu au microscope électronique. © National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), Wikimedia Commons, CC by 2.0

    Sur les 189 génomes analysés, disponibles dans la banque de données GenBank, 106 provenaient de souches de staphylocoque doré et 83 de B. cereus. Les souches ont été prélevées dans divers environnements, à savoir le sol, l'ISS, les véhicules spatiaux ou encore sur la peau des astronautes avant leur départ pour la Station.

    Pas d'impact sur l'antibiorésistance ou la virulence.

    Les chercheurs ont constaté l'existence de nombreuses variations dans le génome des bactéries isolées de l'ISS par rapport à celui des souches vivant dans leur milieu habituel sur Terre, dans le sol ou sur la peau. Cependant, les différences observées (échanges, mutations, présence ou absence de gènesgènes) étaient liées au métabolismemétabolisme des bactéries, à leur réponse au stressstress et à d'autres fonctions vitales (croissance, alimentation), mais pas directement à leur pouvoir pathogène.

    « Nous n'avons rien vu de spécial concernant la résistancerésistance aux antibiotiques ou la virulence des bactéries de l'ISS », affirme Ryan Blaustein, premier auteur de l'étude. « Il semble qu'elles s'adaptent pour survivre, mais pas qu'elles évoluent pour déclencher des maladies. »