Le lanceur chargé de mettre en orbite un cargo Progress, d'un modèle différent du Soyouz qui a envoyé les trois astronautes vers l'ISS le 17 novembre, parmi lesquels le Français Thomas Pesquet, vient de rater sa mission. Le vaisseau Progress, qui devait ravitailler la Station spatiale, a été déclaré perdu moins de sept minutes après son lancement. Pour les astronautes à bord de l’ISS, rien de grave. Ils ne mourront ni de faim ni de soif. Mais le cargo transportait des expériences très intéressantes qui seront difficiles à remplacer. Le lancement du cargo japonais HTV, prévu le 9 décembre, pourrait être reporté de quelques jours pour tenir compte de cet échec.

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    Une fois n'est pas coutume, aurait-on aimé écrire... Malheureusement, après des années de succès ininterrompues, les cargos Progress ont bien du mal à rejoindre la Station spatiale internationale. Le 1er décembre, l'un d'eux a de nouveau raté sa mission. En cause, le lanceur SoyouzSoyouz. Six minutes et 22 secondes après son décollage, les contrôleurs au sol ont perdu son contact. Deux minutes plus tard, le cargo Progress aurait dû se placer en orbite. Au lieu de cela, il s'est consumé dans l'atmosphèreatmosphère et les morceaux les plus résistants à la chaleur sont retombés au sol.

    Il est évidemment trop tôt pour comprendre les causes de cet échec bien que, comme l'a confirmé Roscosmos, la défaillance du troisième étage, survenue à 190 kilomètres d'altitude, en est très vraisemblablement la raison. Cet échec suit tout de même d'assez près les deux précédents. En avril 2015, un cargo Progress devenu hors de contrôle dans l'espace était retombé sur Terre en fumée et, au début de la même année, l'arrimage à l’ISS d'un autre cargo avait nécessité trois tentatives.

    Le cargo Progress transporte environ 2.700 kilogrammes de fret à destination de l'ISS. © Nasa

    Le cargo Progress transporte environ 2.700 kilogrammes de fret à destination de l'ISS. © Nasa

    Les réserves à bord de l’ISS sont suffisantes

    Ce cargo transportait quelque 2.500 kg de fret, dont de la nourriture, de l'eau (420 kg), du carburant (700 kg) et 50 kg d'oxygène. La perte de ce cargo n'aura pas d'effet immédiat. Cependant, les réserves alimentaires et tous les autres consommables à bord du complexe feront l'objet d'un suivi quotidien. Les astronautes ne vont donc pas mourir de faim ni de soif. Typiquement, la Station spatialeStation spatiale embarque des réserves suffisantes pour au moins trois mois, voire plus si des restrictions sont imposées. La NasaNasa a annoncé que les réserves à bord sont suffisantes jusqu'à avril 2017. Souhaitons que les provisions pour les fêtes de fin d'année ne fussent pas dedans...

    Malheureusement, le cargo transportait des équipements jugés importants, dont la nouvelle combinaison russe de sortie dans l'espace, une mini-serre, un système expérimental pour recyclerrecycler l'eau et l'urine et des effets personnels pour les astronautes (y avait-il le saxophone de Thomas Pesquet ?). Il transportait également l'équipement nécessaire pour l'expérience Probiovit, qui devait tester une méthode pour produire des boissons probiotiquesprobiotiques, envisagées pour être consommées sur la Lune et lors des expéditions à destination de Mars, afin d'améliorer la flore intestinaleflore intestinale des astronautes.


    Un cargo Progress hors de contrôle dans l'espace

    Article initial de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 29/04/2015

    L'agence spatiale russe Roscosmos et la Nasa sont actuellement confrontées à une panne peu courante. Seulement quelques heures après son décollage, un cargo Progress qui devait s'amarrer à la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale a connu des ennuis techniques significatifs qui ont contraint la Nasa à retarder son amarrage au complexe. L'appareil est hors de contrôle, tourne sur lui-même et va prochainement retomber vers la Terre. Une panne qui soulève de nouvelles questions au sujet des capacités de ravitaillement de l'ISS alors que l'ATVATV a été retiré du service et que le cargo Cygnus est cloué au sol faute de lanceur.

    Un lancement réussi ne garantit pas pour autant le succès d'une mission. ArianespaceArianespace en avait fait l'amère expérience l'été dernier avec deux satellites Galileosatellites Galileo placés sur une mauvaise orbite. Aujourd'hui, l'agence spatiale russe Roscosmos est confrontée à un cargo Progress qui, à l'heure où nous publions cet article, est considéré comme perdu. Il devrait retomber dans l'atmosphère dans une ou deux semaines sans qu'il soit possible de dire où.

    Pourtant, tout avait bien débuté : le 28 avril, un lanceur Soyouz, avait décollé du cosmodrome de BaïkonourBaïkonour, au Kazakhstan, et mis sur orbite le cargo Progress qui devait rejoindre la Station spatiale en un peu moins de six heures et s'y amarrer. Puis, tout a basculé.

    Peu de temps après la mise en orbite du cargo, deux de ses antennes, utilisées lors de l'amarrage, ne se sont pas déployées correctement. Les contrôleurs au sol se sont alors rendu compte que l'appareil tournait sur lui-même. Après deux passages au-dessus des stations au sol situées sur le territoire russe, le cargo Progress ne pouvait plus ni recevoir, ni transmettre de données télémétriques.

    Si Roscosmos ne parvient pas à reprendre le contrôle de son cargo pour l'amarrer au segment russe de l'ISS, l'appareil, faute de carburant, effectuera une rentrée atmosphérique incontrôlée. Cela signifie que des morceaux non détruits lors de la traversée de l'atmosphère pourraient tomber sur des terres habitées.

    L'état et la prévision des stocks des produits consommables à bord de l'ISS sont régulièrement estimés. Le dernier calcul date du 9 avril 2015. © Nasa

    L'état et la prévision des stocks des produits consommables à bord de l'ISS sont régulièrement estimés. Le dernier calcul date du 9 avril 2015. © Nasa

    Les réserves de l'ISS restent suffisantes

    Ce cargo transporte quelque 2.700 kilogrammeskilogrammes de fret dont de la nourriture, de l'eau et du carburant. La perte de ce cargo n'aura pas d'effet immédiat, cependant les réserves alimentaires et tous les autres consommables à bord du complexe feront l'objet d'un suivi quotidien. Les astronautes ne vont pas mourir de faim ni de soif. Typiquement, la Station spatiale embarque des réserves suffisantes pour au moins trois mois, voire plus si des restrictions sont imposées.

    Sans mission de ravitaillement, la Nasa prévoit que les stocks de l'ISS atteindraient un seuil appelé « niveau de réserve » le 20 juillet. Ce seuil tomberait à zéro le 5 septembre. D'ici là, une sixième mission d'une capsule Dragon de SpaceXSpaceX est prévue (le 19 juin). Elle sera suivie d'une autre en septembre. Entre temps, en août, la Station aura par ailleurs été ravitaillée par le cargo spatial HTV du Japon.

    La situation n'a donc rien de dramatique mais cette panne arrive au plus mauvais moment, dans un contexte particulier qui voit la gestion du trafic et du ravitaillement de l'ISS perturbée. En cause, la flotte des cargos Cygnus d'Orbital Sciences, qui reste clouée au sol faute de lanceur, et le retrait en février 2015 du véhicule de ravitaillement automatique de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. À chaque vol, celui-ci livrait environ six tonnes de fret.

    À cela s'ajoute une faible utilisation du cargo HTVHTV du Japon. Une telle situation contraint les agences spatiales à optimiser au mieux les capacités de ravitaillement du cargo Progress et la capsule Dragon de SpaceX qui compte déjà deux missions depuis le début de l'année.