Nous avons beaucoup à apprendre de nos ennemis, notamment des vers parasites. Ils esquivent notre système immunitaire grâce à une molécule sucrée qui révèle un pouvoir thérapeutique intéressant. Chez des souris obèses, elle atténue les symptômes associés au surpoids et pourrait même traiter de nombreuses autres maladies.

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    Vers parasites et mammifèresmammifères évoluent ensemble. Si les hôtes veulent se débarrasser de l'invité indésirable, celui-ci cherche à contourner tous les mécanismes de défense qu'on lui oppose. Ainsi, les vers ont mis au point une solution pour profiter des repas tout en restant furtifs : ils sécrètent une moléculemolécule sucrée, un glycane. Ce dernier permet d'une part de les rendre invisibles pour le système immunitaire, et d'autre part, il a des effets anti-inflammatoires, limitant les symptômes douloureux pour la victime, qui ne se rend pas compte qu'elle est parasitée.

    Aux yeuxyeux d'un groupe de chercheurs américains, français et chinois, cette relation entre vers et mammifères engendrerait malgré tout des bénéfices mutuels. Comme ils le démontrent dans la revue Nature Medicine, ce composé sucré aurait en effet un pouvoir thérapeutique intéressant à exploiter contre de nombreuses maladies, dont l'obésité.

    LNFP III, le sucre qui atténue les symptômes associés à l’obésité

    L'obésité (et les troubles qui y sont associés) se caractérise notamment par un processus inflammatoire. Les chercheurs ont alors émis l'hypothèse que ce glycane, nommé lacto-N-fucopentaose III (LNFP III), pourrait être bénéfique pour lutter contre cette pathologie.

    La pertinence de l'idée a été testée sur des souris soumises à un régime hypercalorique. Comme attendu, les rongeursrongeurs témoins, en plus de la prise de poids, manifestent une résistance à l'insuline ainsi que de hauts niveaux de triglycéridestriglycérides et de cholestérolcholestérol. En revanche, si l'obésité n'a pas épargné les souris traitées au LNFP III, les symptômes normalement associés au surpoidssurpoids étaient absents : la tolérance au glucoseglucose était augmentée, ainsi que la sensibilité à l'insuline.

    L'obésité s'accompagne d'autres troubles de la santé, comme le diabète de type 2 ou l'hypercholestérolémie. Le glycane LNFP III pourrait atténuer ces symptômes consécutifs au surpoids. © colros, Flickr, cc by 2.0

    L'obésité s'accompagne d'autres troubles de la santé, comme le diabète de type 2 ou l'hypercholestérolémie. Le glycane LNFP III pourrait atténuer ces symptômes consécutifs au surpoids. © colros, Flickr, cc by 2.0

    Comme le précise Donald Harn, l'un des coauteurs de l'étude affilié à l'université Harvard dans un communiqué« le composé ne prévient pas l’obésité, mais il pourrait atténuer quelques-uns des problèmes qu'elle cause ». Certes, ce n'est pas la solution miracle tant espérée par certains, mais c'est un nouveau point de départpoint de départ qu'il est peut-être intéressant de creuser.

    Les vers parasites, une protection contre les maladies auto-immunes ?

    Les chercheurs sont même allés plus loin dans la réflexion. « La prévalenceprévalence des maladies inflammatoires est extrêmement basse dans les pays où les gens sont fréquemment infectés par les vers, reprend Donald Harn dans le même communiqué. Mais lorsque l'on se débarrasse des vers, il ne faut pas longtemps avant que des maladies auto-immunes surgissent. » Ces parasitesparasites nous préserveraient donc contre d'autres troubles.

    Il ne faut pas voir dans ces propos une invitation à se faire infester par les vers, mais plutôt une incitation à détecter en eux le potentiel thérapeutique qu'ils peuvent nous apporter. Ainsi, dans d'autres tests préliminaires, les auteurs ont remarqué que le LNFP III semblait effectivement contrer des maladies auto-immunesmaladies auto-immunes comme le psoriasispsoriasis ou la sclérose en plaques, et pouvait s'avérer efficace pour lutter contre le rejet de greffe.

    Cette piste n'est suivie par les chercheurs que depuis peu, ce qui explique aussi pourquoi il reste tant à découvrir sur les vers parasites. Les scientifiques vont donc continuer à explorer cette voie pour déterminer si, oui ou non, il est possible d'en faire un médicament exploitable pour l'Homme. Une chose est sûre : ce ne sera pas pour demain.