Les vignes sont l'une des cultures les plus affectées par le changement climatique, et à de multiples niveaux. Leur phase de croissance est de plus en plus décalée, elles sont sujettes aux dégâts liés aux violents orages, la qualité du raisin varie en fonction de la chaleur et de l'ensoleillement, mais pas seulement... Une grande partie des régions qui produit actuellement du vin ne pourra plus continuer d'ici quelques dizaines d'années, selon une nouvelle étude publiée dans Nature.


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    De nos jours, les principales régions productrices de vin sont la Californie, le sud de la France, le nord de l'Espagne, l'Italie, mais également l'Australie, l'Afrique du Sud et l'Argentine. Dans ces zones, le climat est assez chaud pour la vigne, sans être excessif, assez sec pour éviter les maladies, mais avec suffisamment de précipitations pour permettre la croissance de la vigne. Mais le réchauffement climatique bouleverse le paysage viticole : la récolte de raisinraisin a été avancée de deux à trois semaines en 40 ans, et cela sur l'ensemble des régions productrices.

    Les vignes vont disparaître des régions méditerranéennes

    Une nouvelle étude de Nature explique que 70 % des régions viticoles dans le monde vont devoir arrêter leur production avant la fin du siècle en raison du changement climatique, dont la quasi-totalité des régions les plus productrices : d'une manière générale, toutes les régions méditerranéennes (dont le sud-est de la France), en particulier l'Italie, la Grèce, l'Espagne et la Californie. Les chercheurs ont étudié de multiples paramètres météométéo : l'évolution de la température, des précipitations, du taux d'humidité dans l'airair, de l'ensoleillement et des émissionsémissions de CO2.

    Dans ces 70 % de régions productrices de vin qui vont connaître des difficultés, 29 % seront complètement incapables de poursuivre leur production. Cependant, les 41 % restants pourront peut-être s'adapter, seulement si ces régions changent de variétés de vignes et réussissent à transformer leur manière de produire. Cependant les mesures nécessaires pour s'adapter seront coûteuses et probablement pas économiquement viables, précise l'étude. En France, les chercheurs précisent que la culture de vignes près de l'Atlantique est à risque, mais de manière moins importante que sur la zone méditerranéenne : les techniques d'adaptation pourront certainement fonctionner au sud-ouest du pays, mais pas au sud-est.

    L'évolution de la faisabilité de la culture de la vigne en Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe et Afrique. Les points jaunes et marron désignent les zones où la culture de la vigne sera plus difficile, et même impossible (les points rouge foncé). © <em>Nature</em>
    L'évolution de la faisabilité de la culture de la vigne en Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe et Afrique. Les points jaunes et marron désignent les zones où la culture de la vigne sera plus difficile, et même impossible (les points rouge foncé). © Nature

    Le réchauffement ne va pas faire que des perdants

    Cependant, le constat n'est pas uniquement négatif pour la filière, car derrière les régions qui vont devoir se résoudre à arrêter de cultiver des vignes, d'autres régions du monde vont s'imposer dans la production de vin : le nord-ouest du continent américain (État de Washington et Oregon aux États-Unis), la Tasmanie, le nord de l'Allemagne, le sud de l'Angleterre, le nord de la France et même la Scandinavie.

    La culture de la vigne va s'imposer au nord de l'Europe, jusqu'en Scandinavie. © jackmac34, Pixabay
    La culture de la vigne va s'imposer au nord de l'Europe, jusqu'en Scandinavie. © jackmac34, Pixabay

    Et comme le précisent les chercheurs qui ont collaboré à l'étude, le changement de la répartition des régions productrices de vins aura de grandes répercussions économiques : la culture de la vigne est l'une des plus importantes du monde au niveau économique, après celles des pommes de terre et des tomates.