C'est déjà l'heure des vendanges un peu partout en France et les viticulteurs doivent s'adapter. Comme nous l'explique Charles Nespoulous, un des fondateurs de la start-up Chouette, les drones peuvent devenir un outil précieux pour mieux gérer un vignoble.

au sommaire


    Entre évolution du climat et progression du bio, la viticulture est en mutation. Grande consommatrice de produits phytosanitaires, la culture de la vigne cherche les moyens de mieux réduire ces intrants. Une des solutions vient du ciel : après l'hélicoptèrehélicoptère et les satellites comme Spot, les drones ont fait leur apparition pour surveiller le vignoble, repérer des maladies ou estimer la vigueur des plants.

    Moins coûteux que leurs prédécesseurs, plus précis car volant plus bas, ils peuvent aujourd'hui avantageusement les remplacer. Nous n'en sommes qu'aux débuts et les techniques sont en train de se roder. Quelles mesures ? Quelle automatisation ? Quelles analyses ?

    Une jeune start-upstart-up, Chouette, a entamé sa deuxième année d'activité avec un concept original : une autonomieautonomie complète pour le pilotage et une intelligence artificielleintelligence artificielle pour l'analyse des images. « Une fois fait le paramétrage, le viticulteur lâche le drone qui survolera la parcelle à trois mètres en se pilotant tout seul, nous explique Charles Nespoulous. Au retour, l'appareil est connecté sur sa station de recharge. Les données sont alors automatiquement transférées vers un site Web où elles sont analysées par une intelligence artificielle instruite par deep learning [ou apprentissage profondapprentissage profond, NDLRNDLR]. » Le résultat est ensuite présenté sur un site Web, sous la forme d'une carte. Le viticulteur peut aussi s'en servir sur le terrain avec un smartphone. Géolocalisé, il sera guidé vers les endroits posant problème.


    Un drone capte des images dans le visible et l’infrarouge en volant au ras des vignes. Les données permettent de repérer des maladies et d’estimer la vigueur des plants. Cinq hectares sont survolés en une heure. © Chouette, YouTube

    Le drone et l'intelligence artificielle pour mieux connaître ses vignes

    Grâce aux images, il est possible de repérer des maladies, à commencer par le mildiou, qui se manifeste par des petites taches sur les feuilles. Les images donnent aussi des informations sur l'état de santé de la vigne. Le capteurcapteur du drone est une caméra multispectrale. Les réflectances dans le rouge et le proche infrarougeinfrarouge permettent de calculer la vigueur, plus précisément le NDVI (Normalized Difference Vegetation Index). Cet indice, classiquement utilisé, est une mesure de l'activité chlorophyllienne.

    La surface foliaire (des feuilles, donc) est aussi évaluée. « Grâce à l'intelligence artificielle, l'analyse distingue la vigne elle-même des herbes qui poussent entre les rangs, ce qui évite de fausser la mesure. De même, le deep learning améliore l'interprétation des images : nous descendons à 1 voire 2 mm par pixelpixel. »

    Avec ces informations, le viticulteur saura mieux doser ses produits phytosanitaires, l'idée étant d'en réduire la quantité. D'une manière générale, de tels drones permettent d'affiner la gestion du vignoble. Avec les années, les professionnels de la vigne apprivoiseront l'outil, lequel s'affinera lui aussi, en perfectionnant les analyses, par exemple pour détecter davantage de pathologiespathologies.