Des clichés surprenants de gigantesques formes rouges dans le ciel sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux. Le phénomène des sprites est si extraordinaire que certains peinent à croire qu'il est réel : ces formes monstrueuses, d'un rouge vif et lumineux, semblent sorties d'un film de science-fiction.


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    Les sprites sont bien réels, et même plutôt courants, y compris en France. Ils sont le plus souvent invisibles à l'œilœil nu et se révèlent sur les photos après-coup. Cela fait pourtant des centaines d'années que des témoignages les décrivent, en particulier les pilotes d'avion.

    Mais ces récits n'ont pas été pris au sérieux jusqu'en 1989, année où la première photo de sprites a été prise de manière involontaire au moment du lancement d'une fuséefusée. Ceux que l'on appelle aussi red sprites, farfadets ou sylphes rouges, sont des traînées rougeâtres très difficiles à apercevoir car ils sont très éphémères : leur duréedurée de vie ne dépasse pas quelques millisecondes, et parfois jusqu'à une seconde -- ce qui permet dans ce cas de les apercevoir en temps réel.

    Ils font partie des « phénomènes lumineux transitoires » qui regroupent également un autre phénomène extraordinaire, le jet bleu. Ils se produisent au-dessus des orages les plus violents et apparaissent au moment du déclenchement des plus puissants éclairs (les impacts positifs).

    C'est ce que l'on appelle « l'effet domino » : la charge électrique de l'éclair sous le nuage d'orage crée une seconde charge électrique au-dessus du nuage. Ils se forment entre 40 et 145 kilomètres d'altitude par la réaction des moléculesmolécules de l'airair à l'électricité émise par l'orage (les particules ionisantes).

    Pourquoi sont-ils rouges alors que les éclairs sont blancs ou bleus ? C'est le diazote N2 présent à cette altitude qui donne la couleurcouleur rouge. Le bas des sprites est par contre souvent bleuté. Ils peuvent s'étirer sur 50 à 100 kilomètres de longueur, voire plus, mais leur  décharge électrique est faible comparée à celle des éclairs.

    Ils peuvent prendre des formes variées : des colonnes ou « carottes », des traînées, des feux d'artifices, mais la forme la plus spectaculaire est celle de la méduse.

    Prendre des photos de sprites réclame de la chance, de la technique et de la patience

    Comment réussir à les prendre en photo sachant que le phénomène est très éphémère et qu'il n'y a aucune garantie qu'il se produise en cas d'orage ? Le photographe Christophe Suarez est l'un des rares français à avoir réussi à en prendre en photo :

    « La prise de vue des red sprites est possible grâce à une conjonctionconjonction d'éléments favorables. Le préalable est le développement d'orages en grappe dans un rayon de 700 à 800 kilomètres et un ciel bien dégagé entre l'orage et le photographe. Pour capturer le phénomène en photo, les spécialistes utilisent des boîtiers numériquesnumériques très sensibles et des objectifs extrêmement lumineux. Ils prennent des milliers de prises de vues qui sont ensuite dépouillées sur ordinateurordinateur, à la recherche d'une lueur rouge très ténue. Une deuxième méthode tend à se généraliser : l'utilisation de caméras très sensibles en mode vidéo. En effet, à 25 images/s, une pose dure 40ms. Le passionné réalise des rushs qui peuvent durer plusieurs minutes. L'extraction des images vidéo se fait ensuite avec un programme de montage vidéo. Enfin, l'image est améliorée à l'aide de logicielslogiciels de développement photo ».

    La plupart des images de sprites proviennent des États-Unis, mais pour autant, ils sont assez fréquents en Europe aussi : « Les sprites se produisent au-dessus d'orages puissants organisés, de type MCS (système convectif de méso-échelle) la plupart du temps. Ce genre de situation arrive plusieurs fois dans l'année en France. Les farfadets peuvent être photographiés plus de 800 kilomètres aux alentours, ce qui multiplie le nombre de situations possibles. Le sud est la zone la plus favorable en France. Les orages méditerranéens perdurent plus longtemps en automneautomne et le nombre de jours avec un ciel clair est plus important ».