Des chercheurs danois ont identifié une nouvelle population de lymphocytes T capable de combattre les cellules immunitaires destructrices de myéline. En les activant chez une souris atteinte de sclérose en plaques, ils ont pu réduire le développement de la maladie. Cette nouvelle stratégie prometteuse verra-t-elle le jour chez l’Homme ?

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    Les différents acteurs de l'immunité patrouillent en permanence l'organisme à la recherche des envahisseurs et des cellules cancéreuses. Une fois leur proie repérée, ils agissent de concert pour l'éliminer le plus vite possible, avant qu'elle n'altère les organes. Cependant, dans certains cas, le système immunitaire peut engendrer l'effet inverse et se retourner contre les tissus qu'il est censé protéger. Ainsi, au lieu de défendre le corps contre les agents infectieux, il attaque les tissus sains, entraînant l'apparition d'une maladie auto-immune comme le lupus ou la sclérose en plaques. Ces maladies sont souvent déclenchées à la suite du dysfonctionnement des lymphocytes T régulateurs, des cellules immunitaires qui régulent l'action de certains lymphocytes T tueurs et maintiennent en place l'équilibre fragile entre protection et auto-immunité.

    Chez les personnes touchées par la sclérose en plaques, qui sont plus de deux millions dans le monde selon l'Inserm, certains lymphocytes T détruisent la myéline des neuronesneurones, une gaine lipidique qui les protège et améliore la vitessevitesse de circulation des informations nerveuses. À terme, cela entraîne un ralentissement des messages nerveux et déclenche différents symptômessymptômes tels qu'une faiblesse musculaire, de la fatigue et des pertes de mémoire. Malheureusement, il n'existe pas encore de thérapiethérapie miracle contre cette maladie qui ronge les neurones petit à petit.

    Certains médicaments permettent de réduire la durée et l’intensité de certains symptômes de la sclérose en plaques. Cependant, ils sont souvent associés à des effets secondaires importants. © ^Thais^, Flickr, cc by nc sa 2.0
     
    Certains médicaments permettent de réduire la durée et l’intensité de certains symptômes de la sclérose en plaques. Cependant, ils sont souvent associés à des effets secondaires importants. © ^Thais^, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Une nouvelle classe de lymphocytes T régulateurs

    De nombreux scientifiques travaillent avec ardeur pour mieux comprendre l'origine et le développement de la sclérose en plaques et pour vaincre cette pathologiepathologie pernicieuse. Récemment, plusieurs équipes se sont démarquées sur le sujet. L'une d'elles a identifié des moléculesmolécules capables de réparer la myéline alors que l'autre a dépisté une cible thérapeutique parfaite pour bloquer son développement chez la souris. Cependant, ces travaux n'en sont qu'au statut de tests et les recherches continuent. Une nouvelle étude prometteuse vient de voir le jour dans la revue Nature Medicine. Des chercheurs de l'université de Copenhague (Danemark) ont en effet détecté une nouvelle catégorie de lymphocytes T régulateurs capables de combattre les globules blancsglobules blancs hyperactifs destructeurs de myéline. Chez la souris, leur stimulationstimulation permet de diminuer l'inflammationinflammation cérébrale qui a lieu lors de la sclérose en plaques.

    « Nous pensions déjà que certaines cellules immunitaires pouvaient bloquer la destruction de la myéline qui apparaît lors de la sclérose en plaques, explique Yawei Liu, le principal auteur de l'étude. Mais nous ignorions lesquelles. » Pour le savoir, les chercheurs ont comparé les populations de lymphocytes présentes dans le système nerveux centralsystème nerveux central de souris atteintes d'une inflammation cérébrale associée ou non à une démyélinisation. Chez les rongeursrongeurs possédant une myéline saine, ils ont identifié une nouvelle population de lymphocytes T régulateurs. En analysant en détail ces cellules, ils ont montré qu'elles exprimaient FoxA1, un gènegène dont la fonction était jusqu'ici inconnue.

    FoxA1, le gène qui active les lymphocytes T régulateurs

    Quel est le rôle joué par FoxA1 ? Par des techniques de biologie moléculairebiologie moléculaire et de biochimiebiochimie, les chercheurs ont montré que ce gène induisait l'activation d'une cascade moléculaire transformant les lymphocytes T régulateurs en machines tueuses de lymphocytes destructeurs de myéline. En forçant l'expression de ce gène, ils ont d'ailleurs réussi à diminuer l'inflammation cérébrale chez la souris. Pour finir, les scientifiques ont examiné des échantillons sanguins de personnes touchées par la sclérose en plaques, avant et après un traitement de deux ans avec des interféronsinterférons bêtabêta, des médicaments utilisés comme immunomodulateurimmunomodulateur. Ils ont alors découvert que ce traitement augmentait le nombre de lymphocytes T régulateurs exprimant FoxA1, expliquant ainsi son action thérapeutique.

    « Nos résultats ouvrent la voie vers de nouveaux traitements contre la sclérose en plaques, raconte Shohreh Issazadeh-Navikas, la directrice de l'étude. Chez la souris, nous avons réussi à activer ces nouveaux lymphocytes T régulateurs par des méthodes génétiquesgénétiques et chimiques. Qu'en sera-t-il chez l'Homme ? » Dans le futur, l'équipe souhaiterait répondre à cette question. Elle voudrait également évaluer le rôle des globules blancs identifiés dans le développement d'autres maladies auto-immunesmaladies auto-immunes, le diabète de type 1 par exemple.